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10/10/2022

Entretien, LES COMBINAISONS

Avec un EP sorti en 1987 et ses « quatre gros tubes » Les Combinaisons s’étaient faites discrètes depuis… Pas le genre de groupe à avoir 5 pages sur Discogs.
Mais enfin un album nouvellement enregistré est apparu ! Autour de l’Incohérent, fou chanteur dadaïste déclamant une poésie punk inclassable et de Bruno Lagabbe guitariste entre Beau Diddley et Poison Heavy. Les Combinaisons reprennent aussi les concerts (une K7 Live vient de paraitre). A l’âge ou les Rolling Stones auraient déjà dû arrêter depuis 20 ans, on peut dire que nos deux compères ont produit un des disques les plus frais et réjouissant de ces dernières années de ce rock français dont John Lennon affirmait qu’il était comme le vin anglais. Allez, faisons péter une bouteille de Muscat d’Alsace qui se mariera avec subtilité aux effluves garage surréalistes des Combinaisons pour les questionner.

1_ Alors messieurs, un disque en 1987 et ensuite plus rien ? Ou c’est moi qui n’ai pas suivi ? Que c’est-t-il passé entre temps ? D’autres expériences musicales ?

L’Incohérent : Les Combinaisons, avant une première séparation, ont vu une ribambelle de musiciens de grand talent autour du noyau formé autour de Thierry Duty, Bruno Lagabbe et moi. Après le départ de Duty, nous avons affirmé une volonté de puissance, contrariée par nos absorptions compulsives d’alcool.
Bruno Lagabbe : On s’est accoquiné avec de sacrés numéros… tu veux des noms ? … Dominique Diebold, le vrai, celui de Look de Bouk… Eric Faradoni, notre Ringo Starr de la première période. Manelle qui jouait de son Korg comme d’un instrument… Tof, clarinettiste devenu huissier de justesse. Grégoire, le Vieux Thorax… Julien, le Jeune Vomique.
L’I. : Nous avions aussi afin de susciter les rires un gag spasmophile, Cagoule Rouge .
B.L. : Ouai, une sorte de Monsieur Royal Goulou ! Nous ne pouvons dévoiler son nom, il exerce de hautes fonctions publiques.
L’I : Et pour affirmer la sidération et l’engouement, une rythmique du tonnerre de Zeus, Fu à la basse et Marc Grandin à la batterie.
De cette période nous avons de nombreuses cassettes démo ou bien démons qui témoignent d’une conception heurtée de la musique bien plus que les concerts beaucoup plus toniques et calibrés.
B.L : il ne manquait que les rires enregistrés !
L’I : Puis nous réaffirmons notre singularité avec Les Morveux, power-quartet autour de Bruno, Marc, Fedak (basse) et moi.
B.L. : Le morceau « Gore » est de cette époque, on recycle, c’est tendance.
L’I. : Et entretemps Bruno et moi affirmons le temps des guitares et de l’accordéon-jerk par le truchement de l’émission radiophonique – L’Opération Kangourou en 1997 chez radio Primitive à Reims… Et toujours vivace chez p-node.org à Mulhouse.
B.L. : Tu vois nos retrouvailles sont fréquemment modulées. On a fait aussi les DJ guinguette et quelques expos de nos dessins et collage. On s’occupe…
L’I. : Pour ce qui est des Combinaisons, nous reprenons le collier fin 2019 avec des jeunes gens dynamiques et chic : Arnaud à la batterie et Polesse à la basse. Tous deux s’affirmant prodigieux, nous n’avons plus qu’à cheviller nos chansons de bric, de broc et de roll. Franc succès sur scène, puis le covid nous froissa les ailes.
Nous enregistrâmes chez Rémi Gettliffe l’album « Testament Du Rock » afin de témoigner de notre santé musicale recouvrée, toutefois.

2_Bruno, je ressens dans ton jeu de guitare l’influence du garage punk et du blues roots, il y a un ou des guitaristes qui t’ont donné l’envie de t’y mettre dans tes jeunes années ?

B.L. : Tu l’as dit Low-fi ! Dans mes jeunes années j’ai vu John Lee Hooker en concert. Quand je dis « vu », c’est que j’étais à deux mètres de lui au pied de la scène. Il était accompagné d’un trio avec un guitariste exemplaire de ce qu’il ne faut pas faire, une horreur. Alors quand Hooker a pris sa guitare et qu’il a posé ses gros doigts sur le manche et a calmement égrené ses notes à la limite de l’équilibre avec le son qui va avec, quel frisson !
J’ai vu Fred Frith jouer à la manière de Cliff Gallup mais là c’est trop pour un seul homme.
Sur disque, Robert Quine, Tom Herman et le solo de Panik de Métal Urbain me font toujours chaud au ventre pour ne citer qu’eux.

3_ l’incohérent, tes paroles farfelues et éructations poétiques, d’où les sors-tu ? Des Improvisations ? Une page blanche et des remue-méninges ?
L’I : Il y a un premier jet sur papier réglé au cordeau avec une volonté de faire sens. Puis avec la musique, je distords les paroles afin d’obtenir une pâte sonore pour entremêler ou bien rouler à contre-sens. D’où ce chant de chien reculé et de chat avancé, Baston-Bordel, ou bien là ou bien ici, des ilots où je glottore presque juste. Il est bien possible qu’il est un amas de concrétisations et de distorsions pour parvenir à un résultat qui ne me satisfera jamais. Le chant sera mouvementé et épousera les méandres melliflux et mirifiques des camarades Combinaisons. D’où une affirmation démocrate, démente, irrésolue du chant et des paroles afférentes. Voilà mon art ou bien areuh poétique. J’espère avoir répondu à ta question bien que je sois en peine d’affirmer une cohérence dans mes épisodes délirants.
Mais il est très peu de gratuité ou d’une prolixité juste pour l’épate, les paroles renvoient à des choses vues, lues, entendues, des êtres charnus et sanguins, des paysages et des sentiments que je traduis cahin, caha, à la décrochez-moi ça.

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4_Comment s’est déroulé l’enregistrement de votre album ? Le mix donne une proximité du son naturelle, on a l’impression d’être au milieu de la même pièce que le groupe, que vous jouez juste pour nous, une crudité comme j’aime.

B.L : Tu as mis le doigt dessus, c’est une captation comme pour les orchestres de sauvages.
L’I : C’est une volonté de notre part d’enregistrer d’un seul tenant une prise de bout en bout où je chantais en même temps que les autres ferraillaient sur leurs instruments. Rémi nous a embouteillé en direct de façon extra sur une console antédiluvienne analogique et nous a sublimé sans astuces superflus de production. Nous avons choisi une piste et le tour était joué. Peu de repentir et surtout la volonté de ne pas avoir un son lissé ou châtré par une technologie peu apte à reproduire notre idée d’une musique de chiens et de chats. Une journée d’enregistrement puis une de post production et nous avions l’album.

5_ Qui sont les autres membres du groupe ? Leur implication dans la composition des morceaux ?

L’I : Ils sont une assise et les colonnes du temple sans lesquelles nos divagations manqueraient quelque peu de tonus. Nous sommes un groupe soudé et saoulant. Leur parcours respectifs -Polesse, polyinstrumentiste et champion du conservatoire… et -Arnaud, batteur qui s’est illustré auprès , entre autres, de Bashung… (B.L : à vos souhait.) Jad Wio ou Higelin nous intimida fortement, mais très vite, nous nous sommes rendu compte que l’alchimie hirsute et farfelue ainsi suscité par nous quatre était plus que ce dont nous rêvions.
B.L. : Poil au menton







6_ Vous composez de nouveaux morceaux pour la suite ?

L’I. : Oui, là nous allons narrer d’autres déboires du Gros Homme Chauve. (https://www.youtube.com/watch?v=pfiqijZlLuA&ab_channel=LesCombinaisons)
Et des morceaux anciens seront remodelés avec des succès-nouveauté. Nous voulons jouer en concert et faire un album 2 pour l’année scolaire 2022-2023.
B.L. : On fait une reprise de Taboo mais je ne devrai pas en parler…


7_ Bruno, tu as repris tes activités radiophoniques avec Opération Kangourou peux-tu nous en parler et nous rappeler comment écouter l’émission ?

B.L. : Comme nous le disions on a commencé à Reims avec l’Inco, rejoint par le Dérailleur pour ensuite sans l’Incohérent déménager à Paris sur FPP au XXIème siècle pour une grande période pleine de collaborateurs pas tous morts : Big Joe, Mr Rock, El Superfreak, Bob Christian… Aujourd’hui sous la formule : « Programme radiophonique de microsillons hors d'âge » c’est chez p-node.org et en DAB+ Paris/Mulhouse le samedi à 15h. Spécialement pour toi une diffusion parisienne le mercredi matin à 11h sur le 106.3 fm.
L’Opération a fait des petits, la « Mission Koala » du Dérailleur sur FPP à Paris et « Objectif Dingo » de DJ Deschamps sur Campus à Dijon. On retrouve les podcasts sur la page FB de L’Internationale Let’s Twist.

8_ L’incohérent, je ne connais pas aussi bien tes activités, quelles pourraient être celles qui intéresseraient nos lecteurs ?
L’I : Outre que je suis un peintre de l’école barbouillée – je peins des toiles avec une domination de la couleur Bleu calanque, j’ai rédigé une plaquette de vers hirsutistes –Ce que le poète dit aux éperdues. Et chez Radio Quetsch dans le Sundgau, j’œuvre une émission –Radar Géant où les amateurs de disco joué à l’accordéon sont à la noce. Voilà mon sacerdoce.

9_ D’autres groupes de Mulhouse que vous pourriez nous conseiller d’écouter ?

B.L. : Cet été on s’est régalé avec El Morikhône le duo Electro-cha-cha que fait Arnaud. Je ne crois pas qu’ils aient enregistré quelque chose. Il y Micro-Penis avec Ogrob aussi qui répète près de chez moi. Dans notre catégorie, les groupes de notre connaissance ont tous baissé les bras…
L’I : Ils sont tous morts de vieillesse, si ce n’est les Rolling Stones.
B.L. : …à Colmar, au Grillen on a joué avec Guisberg et Lauter lors de la carte blanche à Vincent Vanoli, le dessinateur du « panorama de la musique populaire » … très bonne soirée.

10_ Ouh, mais j’allais oublier l’essentiel : les Combinaisons, c’est celles des antivols à chiffres de nos mobylettes, des dessous pour dames ou des tenues de cosmonautes ?

B.L. : Les dessous pour dames ! C’était nos tenues de scène au début mais on ne rentre plus dedans.


Les Combinaisons
https://lescombinaisons.bandcamp.com/releases

La chaine Youtube « L’Art Monumental des Combinaisons »
https://www.youtube.com/channel/UC_3jI1oIX-hCcLc1CNeJE2A

L’Operation Kangourou « programme radiophonique de microsillons hors d'âge »
http://www.kangourou.populus.ch/

L’Internationale Let’s Twist
https://www.facebook.com/profile.php?id=100064132956548

Une sélection de titres par Les Combinaisons :

Les 7 du Colonel :
Renato Carosone : Il Piccolo Montanaro
https://www.youtube.com/watch?v=vy-WVGeZcv0&ab_channel=FrancescoPaoloFrontini%2ClaSiciliaedaltro...

Pere Ubu : Untitled
https://www.youtube.com/watch?v=ozBYq7pK5e0&ab_channel=PereUbu-Topic

Sex Pistols : Submission (demo)
https://www.youtube.com/watch?v=4cIU7uKt8HY&ab_channel=MarkBrown

Robert Charlebois : les Ailes d’un Ange
https://www.youtube.com/watch?v=wj6l4JVkUXo&ab_channel=CharlesMoquin

Captain Beefheart - Amougies Pop Festival 1969
https://www.youtube.com/watch?v=i8mrf-wS-1c&ab_channel=RapidEyeMovement

Albert Ayler : summertime
https://www.youtube.com/watch?v=ddR8r4UFHl8&ab_channel=MarcJacobs

Roger Riffard
https://www.youtube.com/watch?v=2my-UXA4zlU&ab_channel=patrickcl%C3%A9mence

Les 7 de l'Incohérent :

Captain Beefheart, Tarot Plane
https://www.youtube.com/watch?v=k_wp-4TdRAU&ab_channel=CaptainBeefheart-Topic

Mothers of Invention, flower punk
https://www.youtube.com/watch?v=HQfZmMI87P4&ab_channel=TheMothersofInvention-Topic

Sex Pistols, Holidays in the sun
https://www.youtube.com/watch?v=2Ah1JM9mf60&ab_channel=SexPistolsVEVO

Henri Salvador, Cléopatre
https://www.youtube.com/watch?v=hwmzsKAg53Q&ab_channel=chansonsfran%C3%A7aises

David Thomas, About true friends
https://www.youtube.com/watch?v=1uiDGqF8tz0&ab_channel=odradekk
Faust, The Lurchers
https://www.youtube.com/watch?v=SnSeRSgYP6I&ab_channel=Anirml

Ennio Morricone, La classe operaia va in paradiso
https://www.youtube.com/watch?v=am135444XWc&ab_channel=LaVoceDelPadrone78

Crédit photo : Marie Lbb - 36poses.eu




17:31 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

17/05/2022

ENTRETIEN CHARLOTTE LECLERC

Minimalisme électronique artisanal, voilà qui décrirait bien l’album Bingo de Charlotte Leclerc que je ne me lasse pas d’écouter très régulièrement depuis sa sortie il y a plus d’un an, autant dire qu’il est devenu un vrai classique. On y retrouve beaucoup d’éléments de ce que j’aime, la musique de claviers jouée « à la main », entre krautrock, electronica, curiosités de library music, scène K7 expérimentale des années 80, bref que du bon !

01_Delodio a pour habitude de sortir des artistes vraiment obscurs, des archives ou parfois, me semble-t-il, la musique des créateurs du label sous différents pseudos. A la parution de ton album je me suis demandé dans quelles catégorie tu étais… peux-tu nous éclairer ? Confirmer ton existence réelle

Hahaha … Tu me violentes dès la première question ! Je ne suis ni une archive, ni quelqu’un d’obscur et certainement pas un des créateurs du label. Oui, je suis bel et bien réelle !

02_Comment s’est passé la connexion avec le label ?
La connexion s’est faite assez simplement. J’ai rencontré Stéphane et François, les patrons du label, il y a dix ans déjà lors d’une soirée de concerts pendant laquelle nous partagions le plateau. Ils ont, avec leur formation Blackmail, fait un remix du groupe que j’avais avant.
https://soundcloud.com/nightridersknightsrideon/lespace-e...
Nous avons toujours gardé le contact depuis. Stéphane a un jour eu vent que je bidouillais des trucs toute seule et a longtemps insisté pour que je lui fasse écouter et à en croire ce qu’il s’est passé ensuite, je crois que ça lui a bien plu.

03_Le vieux débat sur la musique « dématérialisée » / sur support, qu’en penses-tu ?
Je dirais, si je peux me permettre, que si les gens ont encore envie de débattre là-dessus, c’est leur problème. J’aime beaucoup mes vinyles, mes cassettes, et même mes CDs mais je suis quand même bien heureuse d’avoir accès à internet, à la musique dématérialisée et donc à un champ des possibles infini !

04_Quel est ton parcours avant cet album ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire de la musique. Avant cet album, j’étais dans un groupe de synth-pop, Night Riders, puis dans duo de techno éthérée, Angle Mort. Dans ces deux projets je chantais beaucoup tout en jouant du synthé.
https://soundcloud.com/passionvinyle/sets/pv-001-night-ri...
https://soundcloud.com/anglemort75018/angle-mort-les-came...

05_Tes morceaux ont une simplicité et une évidence d’accroche qui me fait penser à Cluster ou Residents, c’est un minimalisme que tu revendiques ?
Hahaha c’est assez flatteur … Je le revendique maintenant mais je ne crois pas avoir vraiment choisi. J’ai toujours aimé le « silence » dans la musique mais ce minimalisme est plutôt une part de moi qui s’est révélée au fil du temps et ce à mon insu.




06_Que séquences-tu dans tes morceaux, que joues-tu « à la main » ?
Quand j’enregistre, je ne séquence rien. Pour dire la vérité, je compose en enregistrant alors je suis plutôt du genre à faire beaucoup de prises de chaque instrument, du début à la fin du morceau (je n’aime pas les raccords) jusqu’à ce que je sois pleinement satisfaite.

07_Je suis un grand amateur de synthétiseurs, qu’est-ce que tu utilises dans ton studio / en concert ?
Dans mon studio, il y a une vieille Vermona, des Yamaha, CP10 et CS5, un Roland VP550, un Korg Wavestation, un piano, des guitares, une basse, une clarinette, des delays de toutes tailles, des bouts de bois, des shakers. Pour adapter mon set à la scène, j’ai re-séquencé tous les rythmes dans une MPC et réécrit toutes les lignes de basse et certaines mélodies en MIDI pour que les synthétiseurs jouent ces parties en live et que je puisse jouer du CP10 ou du Wavestation, et moduler le tout dans mes effets selon les morceaux.

08_Tu viens de sortir un morceau sur la compilation Interactive Pictures du Label Stéréogramme, est-ce que tu enregistres constamment avec une certaine discipline ?
Comme je l’ai dit un peu plus haut, je suis un peu perfectionniste, parfois au grand désespoir de certains. Cette discipline consiste surtout à être entièrement à ce que je fais sur le moment. Je n’ai jamais pris un cours de musique alors j’essaye principalement d’explorer de nouvelles choses et de repousser mes limites.

09_Tu présentes une émission de radio sur Pi Node ? que peut-on y entendre ?
Dans cette émission, BASSIN DU COMMERCE, on peut vraiment entendre de tout, absolument tout : du jazz, de la jungle, de l’expérimentale, de la wave, du classique, du rock, de la techno, etc. Pour vraiment le savoir, rendez-vous presque tous les dimanches de 19 à 21h.
https://www.mixcloud.com/bassinducommerce/

10_ quels sont tes projets à venir ?
Pour commencer, je finalise mon deuxième album, qui espérons-le sortira prochainement. C’est ma priorité. J’ai parallèlement un autre projet, Notre Groupe, qui s’apparente plus à de la synth-wave. Et j’essaye de convaincre mes amis de Zusammen Clark qui ont sorti un album la semaine dernière sur Bruits Direct qu’on adapte leur album au live afin qu’on le joue devant des millions de gens … haha ! Voilà, tu sais tout !
https://soundcloud.com/notregroupe/elle-et-toi
https://zusammenclark.bandcamp.com/album/earlier

Une sélection de morceaux par Charlotte
https://www.youtube.com/watch?v=Bm2aBl4iTsA
https://www.youtube.com/watch?v=9_9iclPWmSA
https://www.youtube.com/watch?v=xr2EKMhK-ag&list=PLpvztXg...
https://www.youtube.com/watch?v=ERiwo03-kIs
https://www.youtube.com/watch?v=4bbD22M-xWc
https://www.youtube.com/watch?v=tp-F3G5NUUg
https://www.youtube.com/watch?v=FuTxh-Q9iJQ

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12:03 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

06/12/2021

FILO LOCO (à peu près ) Serious Publishing

Ce sont parfois les rendez-vous manqués qui ancrent les intérêts pour une démarche passionnée comme celle de l’éditeur Serious Publishing.

 

Ainsi en 2014 il publiait « Bis - 20 ans de programmation du cinéma bis a la Cinémathèque Française » une incroyable anthologie des tracts de ce rituel cinéphilique qui nous régala pendant des années et que nous annoncions avec plaisir du temps de la radio en nous décarcassant pour trouver les illustrations musicales adéquates. Mais ce n’est qu’une fois épuisée et devenue introuvable que je pris connaissance de cette merveille, du coup je me penchais sur un catalogue passionnant aux références jubilatoires : Pierre la Police, The Cramps, Jess Franco, des motards en liberté, des photographes inspirés…

 

Puis je rencontrais Filo Loco l’instigateur de Serious à l’occasion de la sortie de « Michel Lépinay - Premier photographe de Hara-Kiri », autour d’un verre et de bons amis à son stand de bouquiniste du quai de Seine.

 

Aujourd’hui les éditions fêtent leurs 12 ans et s’apprêtent à sortir un nouveau livre thématique, totalement unique, qui réjouira les amateurs de curiosités et d’art populaire à la croisée des savoureuses œuvres chinées sur le groupe « la revanche des croûtes » (à l’initiative du dessinateur Laurent Lolmède) et d’une certaine forme d’érudition rock. « Johnny à peu près » une galerie de portraits singuliers de l’idole des (anciens) jeunes.

 

Filo Johnny BD.jpg

 

 

1_Salut Filo, j’aimerai d’abord que tu nous présente ton parcours et ce qui t’a amené à créer ta maison d’édition Serious Publishing et surtout le lien particulier que tu fais entre les univers de la moto, du rock, du graphisme, du cinéma bis, de la littérature…

 

J’ai longtemps travaillé en agence de pub jusqu’au jour où j’ai estimé avoir assez rigolé pour passer aux choses sérieuses : l’édition !

En fait, je ce que je fais avec Serious c’est un travail de transmission et de mémoire à travers mes passions à mon humble niveau.

 

 

2_Quel est le déclic pour chacun de tes livres qui sont tous uniques, à la fois dans la forme, le fond et les sujets abordés ?

 

La seule ligne éditoriale qui me guide ce sont mes envies, mes goûts et les rencontres que je peux faire. Un des critères essentiels est aussi la complicité ou au moins une certaine forme d’empathie avec l’auteur…  Sinon il n’y a une logique que pour moi… ou les quelques uns qui sont sur la même longueur d’onde !

 

3_Pour ce « Johnny à peu près » tu as commencé par chiner une première « croûte Johnny » en vide-grenier et ensuite ça a été l’escalade de la collectionnite compulsive ?

 

Non c’est venu assez progressivement. Une ou deux premières toiles pour ricaner oui, puis assez vite une démarche inscrite plus dans la curiosité et la réflexion par rapport à ces personnes qui se mettaient à dessiner sans aucune formation ni expérience. 

Johnny à peu.jpg

 

4_Que va t- on trouver au sommaire pour compléter cette collection unique ?

 

Des textes assez fournis, dont celui de Marc Decimo, un professeur d’histoire de l’art contemporain et celui de Jean-William Thoury, un spécialiste du rock et de Johnny.

Johnny Rock et Pierre Billon ont aussi contribué avec des petits textes sympathiques !

 

5_Qu’on aime plus ou moins une partie de son répertoire (ou qu’on déteste) Johnny a marqué sociologiquement (pardon pour le gros mot) la France avec une masse de fans totalement conquis, tu as eu des retours de toutes sortes de leur part à l’annonce du projet il me semble ?

 

Oui beaucoup de réactions assez diverses. Celles des potes quand je disais que j’étais dans une démarche « sérieuse »… Genre « on te connais bien sûr »… celles des « intellos » genre « c’est quoi ces merdes ? » et celles des fans… « Encore un qui va se foutre de la gueule de notre Boss ».

La vérité est ailleurs ! j’ai dû batailler pour la faire admettre !

 

6_Je suis assez à l’affût sur le sujet « croûtes » et je vois deux personnages qui sont souvent représentés : Elvis et Marylin… tu n’envisagerais pas d’autres volumes « d’à peu près » ?

 

Non… j’ai d’autres projets sur le feu… Je serai client si d’autres les font par contre !

 

7_Donc les projets à venir pour Serious Publishing ?

 

Je suis toujours sur deux ou trois ans de projets d’avance. Donc oui, de belles choses sur lesquelles je m’éclate avec des auteurs et des collaborateurs géniaux ! Un livre sur Ricardo Freda, un sur le mouvement Oï français, un sur Stéphane Blanquet, un avec Yan Morvan, un beau livre sur Daniel Darc …

 

8_Un petit mot sur ton stand de bouquiniste « la Parisienne du Papelart » face au 27 quai de Tournelle à Paris, que peut-on y trouver ?

 

J’y suis tous les jeudis de l’année. Il y a une boîte dédiée à mes éditions. Les autres sont consacrées à des éditeurs ou auteurs indépendants, des fanzines et des publications que je chine. La quatrième boîte est celle de Sydney qui ouvre quand je ne suis pas là et qui vends ses livres en anglais… beaucoup de titres de la contre-culture US.

 

Pour les Parisiens, n’hésitez pas à y passer voir Filo, en ces temps de dématérialisation, de restrictions diverses toujours plus injustes, c’est toujours un grand plaisir de pouvoir causer avec les gens qui font exister encore ces petits espaces de libertés conviviaux si importants.

(Incluons ici la plupart des bouquinistes des quais des Seine)

 

La page Ulule pour se procurer le livre :

 

https://fr.ulule.com/johnny-a-peu-pres/

 

http://www.serious-publishing.fr/

 

Bonus, le groupe la Revanche des Croûtes :

https://www.facebook.com/groups/1130289753828655

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07:41 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

06/09/2021

ENTRETIEN QUENTIN ROLLET (reQords)

Après une très longue pause estivale pendant laquelle je n’ai pas été très actif sur leblog, voici une nouvelle rencontre avec Quentin Rollet qui lui ne chôme pas, pour parler de se son nouveau label reQords.

 

1_Quelle est la différence entre le label Bisou que tu gère avec ta compagne et reQords ? Tu es seul aux manettes et joue sur tous les albums ?

 

Le label BISOU est à l’initiative d’Isabelle, qui m’a remotivé à recommencer la production de disques une dizaine d’année après la fin de l’aventure Rectangle.

Chez BISOU on lance des projets avec des musiciens qu’on aime bien. On passe des « commandes » tout en travaillant avec les artistes. Il s’agit de projets qui peuvent mettre plusieurs années à se réaliser. C’est un travail de plus longue haleine qui nécessite du temps, de la concertation. C’est pour cela qu’on ne sort que deux trois références par an. On essaie que les disques soient parfaits, comme on les a imaginés.

 

reQords est un label que j’ai lancé quand je travaillais pour un label qui gérait un grand catalogue de morceaux de reggae, de rai et de blues. J’avais eu la possibilité à l’époque de créer un sous-label. A cette époque j’ai juste pu éditer un disque du duo Joëlle Léandre / Akosh S. avant que la boite ne ferme. J’ai ensuite co-édité avec Ronda (France) et HEyeRMEarS (Slovaquie) le disque PAW MUSIC, enregistré avec des musiciens de Budapest (Zsolt Öres et Pal Toth), puis sorti en série très limitée (à l’époque) un disque en duo avec Dan-Charles Dahan. reQords est ensuite resté inactif pendant pas mal de temps.

Maintenant reQords sert à sortir mes projets personnels. Cela peut-être des enregistrements studio, des enregistrements de concert, pas nécessairement des projets qui tourneront ou des enregistrements récents. L’idée est plus de présenter tout un panel de mon travail musical. Le choix du support CD est pratique (même si cela devient de plus en plus dur de trouver des gens qui ont de quoi lire des CDs) car peu onéreux et ne prenant pas trop de place. Je dois même dire que je crois à un retour du CD, vu la catastrophe qui se produit avec les vinyles en ce moment (délais et retards énormes, prix ultra prohibitif, etc).

 

 

2_Pour chacun des 4 albums parus en 1 an sur le label je te propose de répondre à ces mêmes questions :

 

 

Romain Perrot & Quentin Rollet - L’impatience des invisibles - REQ004

Perrot Rollet.jpg

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Je ne sais pas si il est nécessaire de présenter Romain Perrot, c’est une véritable star !

Il est très connu par son projet VOMIR. Là c’est sous son véritable nom qu’il opère.

On se connait depuis des années (plus de 20 ans!) avec Romain mais nous n’avions jamais joué ensemble. On a donc voulu réparer ça.

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

L’enregistrement s’est passé dans le local que Romain partage avec d’autres groupes. Tout son matériel est installé est calé et « prêt à jouer », c’était donc la meilleure solution pour pouvoir utiliser toute sa palette de sons et bruits. On a fait ça en septembre 2019 et c’est sorti en février 2020 si je me souviens bien. L’idée était d’improviser directement sans avoir préalablement prévu de direction ni de durée. Tout s’est fait très naturellement. Sans avoir à se parler. Entre les morceaux nous décidions juste quel instrument utiliser pour commencer afin de pouvoir refaire les réglages son si besoin. Tout à été enregistré directement en deux pistes, sans possibilité de mixage.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Nous n’avons fait qu’un petit concert lors d’un finissage d’exposition de Timothée Comte dans une  petite librairie/galerie vers Menilmontant.

Nous aimerions bien jouer plus mais nous sommes tout pris par nos boulots respectifs et la quantité de projets musicaux que nous avons chacun de notre côté.

Il est question d’entamer une collaboration en trio avec Kasper Toeplitz.

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Sur le disque, il y a l’intégralité des morceaux de la session, dans l’ordre de l’enregistrement ! Souvent tout s’organise logiquement dans l’improvisation pure.

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

C’est une oeuvre d’Olivier Bringer. Il avait posté cette photo sur Facebook. Je l’ai tout de suite contacté pour qu’il nous la réserve pour la pochette. Elle est splendide.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Un Minervois. L’Espantant 2017

 

 

Kim Giani & Quentin Rollet - … mettent une ambiance de malade ! - REQ005

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a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Kim est un musicien/chanteur prolifique. Il a déjà sorti plus de 70 albums sous différents noms, en solo ou en groupe. Je l’ai rencontré dans les années 90, lorqu’il habitait à Bordeaux. A l’époque il était plutôt chanteur guitariste, tendance pop. Il est aussi très actif sur les réseaux en ligne, c’est comme ça qu’on s’est retrouvé et qu’on a décidé de faire cet album.

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

Tout à commencé pendant le premier confinement de 2020. J’ai acheté du matériel afin de pouvoir m’enregistrer sans ordinateur (je déteste voir la musique s’afficher sur un écran) et j’ai lancé une perche sur les réseaux sociaux. Qu’on m’envoie de la musique afin que j’y ajoute ma touche. J’ai eu pas mal de réponse. J’ai enregistré sur 9 projets différents. Certains ont été édités (disque solo de mon père avec des invités, duo avec Kim, duo avec Andrew Sharpley, etc) et d’autres sont encore à sortir (Bernardino Feminielli, Cedric Benyoucef, Richard Frances, etc).

Kim m’a donc envoyé des parties de batterie qu’il avait enregistré en 2015 en studio.

J’ai donc fait comme si nous improvisions ensemble en duo. Je n’ai pas écouté ses morceaux avant de jouer dessus. J’ai juste regardé leur durée pour avoir une idée du temps qu’il faudrait jouer et écouté quelques secondes pour me rendre compte de son style de jeu sur chaque morceau. Ensuite j’ai choisi d’utiliser le saxophone ou le Monotron selon ce qui m’inspirait le plus. L’enregistrement a eu lieu chez moi, Paris étant devenu calme sans circulation et sans personne dans les rues !

Nous avons ensuite fait mixer et masteriser tout ça par Patrick Müller.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Nous avons joué quatre fois cet été pour l’Hyperfestival de la Mairie de Paris. EN extérieur, dans un  skate park vers Bourse

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Nous nous sommes vu en vrai qu’après l’enregistrement, pour faire la photo de pochette.

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

La photo est un selfie que nous avons pris dans la rue, devant le Baron Rouge. La pochette a été réalisée par Jean-Louis Chapuis, que je connais depuis longtemps mais avec qui je n’avais encore jamais travaillé. Contrairement à BISOU, pour qui Thierry Müller finalise toutes les pochettes, pour reQords j’aime bien l’idée qu’il n’y ait pas du tout de ligne artistique précise. Chaque disque est très différent des autres, à tous les points de vue.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Je dirais un Pet’Nat.

 

Alexei Borisov, Jérôme Lorichon, Olga Nosova & Quentin Rollet - Shampanskoye - REQ006

shampaskoye.jpg

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Je connaissais Alexei Borisov depuis l’époque de Rectangle. Il avait intégré quelques uns de disques Rectangle dans son projet F.R.U.I.T.S. Il venait régulièrement jouer en France et nous sommes resté en contact. Chaque fois qu’il passait à Paris, nous nous croisions.

En 2014, il a fait une tournée avec ASTMA, son duo avec la batteuse/chanteuse Olga Nosova.

J’ai appris qu’il avait un day off et j’ai donc proposé une session en studio. Je travaillais déjà avec Jérôme Lorichon depuis quelque temps et il était dispo, ainsi que Johannes Buff qui a enregsitré (et mixé) le projet.

J’ai rencontré Olga ce jour là.

Pour Jérôme, nous nous connaissons depuis le milieu des années 90. Je l’ai rencontré par des amis communs. Il m’avait parlé de son groupe Purr, que j’ai orienté vers Prohibited Records, chez qui ils signé peu après. Nous avons commencé à travailler en duo pour faire des musique pour l’image, notamment pour des publicités pour la marque Sandro, et nous jouons maintenant très régulièrement en duo et commençons une collaboration en trio avec Edward Ka-Spel des Legendary Pink Dots.

 

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

L’enregistrement a aussi eu lieu à PUSH, le local où Jérôme répète (ainsi que Romain Perrot).

C’était une matinée de 2014.

Comme pour le duo avec Romain, nous ne nous sommes pas vraiment parlé avant d’enregistrer. Tout s’est fait naturellement. Quand les musiciens sont véritablement à l’écoute les uns des autres, la compréhension est simple et la musique sort toute seule. Mais cela n’est possible que si chacun des musiciens à une pratique régulière et un esprit ouvert.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Le seul concert que l’on a fait était dans un studio de la maison de la radio (le 105 ou 106, je ne sais plus trop) pour l’émission Tapage Nocturne de Bruno Letort.

 

 

 

 

 

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Le tire de l’album est Shampanskoye, qui veut dire Champagne en russe.

Le disque est sorti quelques jours avant l’annonce par Vladimir Poutine que pour pouvoir être distribué en Russie, les producteurs de Champagne devront dorénavant retirer le nom Champagne de leur étiquette étant donné qu’il est maintenant déposé et ne peut être attribué qu’aux vins mousseux russes !!!

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

La pochette a été réalisé par Oleg Kornev, un vieil ami d’Alexei qui habite en region parisienne. C’est aussi lui qui nous a filmé à France Musique.

On voulait une pochette un peu à l’ancienne, avec nos noms en cyrillique.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Comme son nom l’indique, un (véritable) Champagne !

 

 

 

Q&A (Quentin Rollet & Andrew Sharpley) - The New Me - REQ007

Sharpley Rollet.jpg

 

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Andrew Sharpley est un des membres de Stock, Hausen & Walkman et Dummy Run en Angleterre. J’ai rencontré Andrew à l’époque de Rectangle. Il s’est installé en France à ce moment là. Il a alors intégré le Mami Chan Band et s’est mis à travailler aussi avec le street artist Invader.

Comme pour Romain Perrot, nous n’avions jamais joué ensemble et nous avons décidé de travailler enfin ensemble.

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

Le disque a été fait a distance, en s’envoyant des fichiers. Au départ, Andrew m’a envoyé un morceau presque fini sur lequel j’ai enregistré des parties de sax à deux reprises. Ensuite c’est moi qui lui ai envoyé des enregistrements solo sur lesquels il a construit de véritables morceaux. Et j’ai ensuite rajouté une couche de sax quand nécéssaire.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Nous n’avons pas du tout fait de concerts en duo et j’ai bien l’impression que cela va être très compliqué, avec la sortie de l’Europe de l’Angleterre. Il est maintenant quasi impossible pour les musiciens improvisateurs français d’aller jouer en Angleterre (visa de travail, quarantaine, etc), et je ne sais pas trop comment cela va se passer dans l’autre sens…

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Le troisième morceau est un hommage à Mami Chan, disparue en 2020.

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

Le dessin de pochette a été réalisé par Lia Sharpley, la fille d’Andrew et d’Emiko.

Elle a reproduit une photo d’un masque qu’Andrew a trouvé sur internet. Comme nous n’avons pas pu trouver qui avait fait l’image originale, on a demandé à Lia de la recréer de toute pièce.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Un Cour-Cheverny de Philippe Tessier

 

3_As-tu déjà des prochaines sorties ReQords ou Bisou à nous annoncer ?

 

Chez BISOU, on va sortir l’ultime LP de Ghédalia Tazartès qui s’appelle Gospel et le râteau.

On travaillait avec Ghédalia depuis deux ans dessus. Il s’agit d’un montage de morceaux inédits enregistrés sur plusieurs années, voire décennies. Ghédalia m’a demandé de choisir parmi une trentaine de morceaux et de les organiser pour en faire un album. Pour la pochette, il a choisis deux photos d’Isabelle qu’il avait repéré lors d’une exposition.

Il n’aura malheureusement pas pu voir l’objet fini.

On va aussi sortir deux livre/CDs, un deThe Snobs, groupe d’Ile de France formé par deux frères, et qui ont déjà sortis pas mal de disques en auto production et trois albums avec le poète New-Yorkais Steve Dalachinsky (deux chez Bam Balam et déjà un chez BISOU). Très Pop-Psyché. Et un d’eRikm appelé Echoplasme avec ses oeuvres graphiques (dessins, peintures) réalisées pendant le confinement et accompagné par un CD de son projet avec Hanatsu Miroir.

 

 

Chez reQords, il va y avoir un disque en duo avec le guitariste Xavier Mussat, en coproduction avec le label Québecois Tour de bras. Ensuite, je ne sais pas encore ce qui va se profiler. Surement deux lives du début des années 2000 de différents projets dans lesquels j’ai joué. Aussi peut-être une selection de morceaux que j’avais enregistré avec Ghédalia Tazartès, Ben McConnell, Isabelle Magnon et Jérôme Lorichon pour la musique d’un film d’Edie Laconi. Mais rien n’est sûr et de nouveaux projets peuvent voir le jour plus rapidement qu’on imagine.

 

https://quentin-rollet.bandcamp.com/

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/the-new-me

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/shampanskoye

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/mettent-une-amb...

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/limpatience-des...

 

Et une belle séléction de morceaux choisie par Quentin :

 

7 morceaux que j'aime bien

 

https://edwardka-spel.bandcamp.com/track/destinys-casino-...

https://cuthands.bandcamp.com/album/festival-of-the-dead

https://thebugmusic.bandcamp.com/track/poison-dart-origin...

https://ghedalia-tazartes.bandcamp.com/album/la-bar-mitzv...

https://nursewithwound1.bandcamp.com/album/echo-poeme-seq...

https://tracelabel.bandcamp.com/album/reconstitution-d-un...

https://imprec.bandcamp.com/track/pink-lady-lemonade-astr...


et 7 sur lesquels je joue mais parmi d'autres groupes que ceux sur BISOU et reQords

https://legendarypinkdots1.bandcamp.com/track/the-detroit...

https://alpagerecords.bandcamp.com/track/holo-piphyte-tra...

https://versatilerecords.bandcamp.com/album/emmanuelle-pa...

https://tracelabel.bandcamp.com/track/after-the-wave

https://ashape.bandcamp.com/track/lungs

https://lotusblossom.bandcamp.com/track/the-river

https://tracelabel.bandcamp.com/track/la-premi-re-nuit

 

 

 

19:15 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

17/05/2021

ENTRETIEN FARFALLA RECORDS

 

1- Thomas, tu peux en quelques mots te présenter, notamment ton parcours musical ?

Je suis né au début des années 80 et vit en région parisienne. J’ai toujours été attiré par la musique et son univers, particulièrement par des styles plus à la marge comme la scène rock alternative française des années 80-90 ou encore des musiques plus électroniques du mouvement underground des années 2000, mais aussi beaucoup de hip hop.

Mon attachement pour le vinyle vient de tous ces genres musicaux où il fallait aller chercher soi-même car ça ne passait que très peu sur les grands médias.

2- Comment as-tu découvert le style Library Music ? Qu’est-ce qui te plait dans ce genre musical ? Tu écoutes beaucoup de BO de films ?

Je l’ai découverts en m’intéressant aux samples utilisés dans le Hip Hop, notamment avec les productions de Madlib pour son groupe Lootpack et celles de Danger Mouse pour sa collaboration avec MF DOOM.
De là j’ai commencé́ à écouter pas mal de compilations pour découvrir d’autres compositeurs de la scène “library” (les Music For Dancefloors du label Strut, les compilations de Jonny Trunk et Luke Vibert, la série Easy Tempo...).

J’ai toujours aimé les musiques instrumentales et ce qui m’a attiré́ dans la library est le côté́ “secret” des disques car à la base ils ne sont destinés qu'aux professionnels. Il y a un côté chasse au trésor.
Il faut souvent chercher pour trouver qui se cache derrière les disques car la plupart des compositeurs utilisaient des pseudonymes.

Je suis très attaché à la scène italienne des seventies car ce sont les premières BO qui m’ont marqué. Particulièrement avec les films de Terence Hill et Bud Spencer que l’on regardait enfants, sans savoir que se cachait derrière les frères De Angelis, Franco Micalizzi, Ennio Morricone ou encore Alessandro Alessandroni qui n’était jamais très loin. J’aime aussi beaucoup les BO de Stelvio Cipriani (Femina Ridens, Mark Il Poliziotto...), de Piero Umiliani pour les films de Luigi Scattini, de Galt MacDermot ou encore de la scène japonaise avec Yuji Ohno, Michiaki Watanabe, Katsuhisa Hattori...

3- Quelle a été ta motivation, l’élément déclencheur qui t’a donné́ envie de créer ton label ?

Cela faisait un moment que j’en avais l’envie mais il me manquait des fonds pour produire le premier disque.
En 2017 j’ai eu le contact de Yan Tregger par le biais de Pierre et Olivier qui animaient l’émission Jazzystik sur radio RGB. Ils avaient déjà fait une compilation ensemble quelques années auparavant regroupant une sélection de 12 morceaux (The Pop World Orchestra). Je lui ai proposé́ de rééditer son album Catchy, il a tout de suite été emballé par l’idée et a même proposé d’y ajouter un titre bonus.

4- Parle nous du choix éditorial pour la publication des disques. Quel est le déclic pour choisir tel disque au lieu d’un autre dans cette « jungle » épaisse de l’illustration sonore ? Et pourquoi exclusivement la publication de compositeurs français ?

Le seul choix éditorial est en fonction de mes goûts personnels.
Je ne me limite pas aux compositeurs français, mais il est plus facile d'avoir des contacts en France. À l’étranger c’est plus compliqué, ce sont souvent des mails sans réponses.
Mais on peut toutefois retrouver quelques compositeurs anglais sur les références FR03 et FR05 (Roger Webb, John et Monica Hyde, Alan Howe, Robert Poole, Tim Broughton).

library music, Farfalla records

5- SOP : Il y a eu beaucoup de compilations de Library Music mais pas tant que ça de rééditions d’albums complets, tu voulais mettre particulièrement l’accent là-dessus ?

Il y en a eu pas mal avant, je pense aux labels Dare-Dare ou Vadim en France, Sonor Music, Cinedelic, Four Flies en Italie et plus récemment Be With en Angleterre qui ont réédité énormément d’albums complets.
Après c’est vrai que dans l’illustration, tous les disques ne sont pas forcément cohérents.

6- Tu fais les démarches nécessaires pour éditer des disques officiels, avec une restauration. Tu peux nous raconter le parcours entre l’idée du disque à rééditer et sa vente chez les disquaires ?

Le plus compliqué est l’obtention des licences. Il faut déjà retrouver le producteur du disque (ça peut arriver que certains ne soient même pas enregistrés ou encore que la société ne soit pas au courant qu’elle est propriétaire des masters).


J’essaie de retrouver la pochette originale pour la reproduire le plus fidèlement. Pour ça je sollicite très souvent l’aide d’un ami, lui aussi passionné de library, merci Arnaud ! Il avait également contribué à la sélection des morceaux de la compilation dédiée au label Musax.

J’aime également faire appel à Erwann Pacaud (auteur du livre "Easy listening: Exotica & autres musiques légères") pour écrire les notes d’accompagnement que l’on retrouve sur les shops en ligne ou même au dos de la pochette comme sur le Jungle Obsession.

La partie son est confiée à des studios professionnels et la distribution gérée par The Pusher.

7- A ce jour tu as publié́ six albums. Comment a été l’accueil, les disques se sont bien vendus ? Il y a un public en France pour ce genre de publication ?

Au début c’était plus difficile, forcément les gens ne connaissaient pas le label.
Je pense que c’est avec le 3ème disque (In Motion), où il y avait une vraie attente, que le label a commencé à avoir un peu plus de visibilité, et qui sont à ce jour avec le Jungle Obsession les disques les plus demandés.

Oui bien sûr, il y a beaucoup de passionnés en France même si ça reste un peu en marge. Mais depuis une vingtaine d'années, le sampling a beaucoup aidé à faire connaître ces musiciens de l’ombre.

 

8- Le livre Easy Listening écrit par Erwann Pacaud est une source pour tes recherches ? Quels sont tes autres sources ?

Le livre d’Erwann ne se concentre pas uniquement sur l’illustration (même s'il y présente quelques disques apparentés). Par contre je peux dire que son deuxième ouvrage est en préparation, et sera dédié aux disques de library.

Ma principale source reste internet et tous les passionnés qui essaient de décrypter cet univers obscur.
Il existe également quelques très bons livres sur le genre : “The Music Library” de Jonny Trunk, “Unusual Sounds” de David Hollander et “The Mood Modern” de Olivier Lomax (ce dernier centré sur KPM et Bruton) qui regorgent d’informations intéressantes comme les histoires des labels, des pochettes d’albums ou encore quelques photos (ce qui est très rare).

Pour l'anecdote, il a fallu attendre fin 2019 pour voir apparaître une photo de Jacky Giordano. Tous les amateurs de ses disques voulaient mettre un visage sur le mystérieux Jacky et ses nombreux pseudonymes. C’est le compositeur Anthony Miller qui a trouvé cette photo provenant d’un livret de partitions de 1974.

library music, Farfalla records

9 - SOP : Tu as fait appel à un dessinateur pour un insert en
édition limité pour la réédition de Jungle Obsession de Nino Nardini Et Roger Roger qui aurait fait une très belle pochette alternative, peux-tu nous le présenter ?

Fräneck est ami d’enfance. Il a étudié aux beaux-arts de Toulouse, où il vit maintenant et travaille à son compte.
Il œuvre aussi bien pour le monde de la musique en faisant des affiches de concerts/festivals et des pochettes d’albums, que pour celui de la presse en illustrant des articles ou des couvertures (Libération, Télérama, Topo...).

Depuis 2 ans il est chargé des visuels pour le Théâtre Nouvelle Génération de Lyon. Il a également sorti plusieurs recueils d'illustrations. Les 2 premiers (Les Maisons et Casanier) ont été édité au édition ION, mais aussi beaucoup d’autres en auto-édition. Son instagram : https://www.instagram.com/franeck/

Sa boutique en ligne : https://franeckshop.bigcartel.com/

10- Tu peux nous donner ton TOP 5 en Library Music ? Ton, tes disques les plus insolites, improbables dans le registre de l’illustration sonore ?

Impossible de donner un top 5, il y en a trop et cela varie en fonction des humeurs.
Je vais être chauvin et citer uniquement quelques disques français (et surtout parce que sinon je vais devoir citer plus de 50 albums ^^)

- Rythmes Contemporains (Nilovic)
- Pop In... Devil's Train (Giordano)
- Schifters (Giordano/Tregger)
- L'Univers De La Mer (Guiot)
- April Orchestra 16 (Caravelli)
- Jungle Obsession (Nardini/Roger)
- African Voodoo (Dibango)
- Spatial & Co (Mallia)

Enfin, il est impossible de ne pas citer Alessandro Alessandroni car le nom du label a été choisi en hommage au Maestro italien.

- Farfalla / Prisma Sonoro / A Trip Around The World / Inchiesta...

library music, Farfalla records

11- Quelques mots sur la suite, projets du label ?

En ce moment je prépare une nouvelle compilation comprenant exclusivement des compositeurs de la scène française fin 70/ début 80. Pas encore de date prévue, j'espère fin d’année.

12- S’il y un message, un appel, la recherche d’un graal à faire passer à nos lecteurs c’est ici !

Rien de spécial, juste vous remercier toi et Cyril pour l’invitation et remercier tous ceux qui m’aident et qui supportent.

Notes:

J'aimerais aussi dire quelques mots sur les pochettes qui font leurs charmes.
Bien sûr elles sont très souvent minimalistes comme peuvent être les greensleeves de KPM, mais il y a aussi une multitude de pochettes débordantes d’imagination. Parmi mes préférées il y a celles de Music de Wolfe et de Montparnasse 2000.
On y retrouve également de superbes illustrations/peintures réalisées par Mike Carson, Waltraud Greffenius, Pierre Okley, Jacques Wyrs...
Il y a même des références cachées que l’on ne voit pas au premier coup d'œil, comme par exemple à l’art (très présent chez les labels italiens), ou encore au festival de Woodstock (Creative Pop, More Creative Pop, Ovation). Et sûrement beaucoup d’autres à découvrir...

library music, Farfalla records

http://www.farfallarecords.fr/

https://farfallarecords.bandcamp.com/

https://lemotetlereste.com/musiques/easylistening/

Entretien préparé en collaboration avec Paskal Larsen (il a presque tout fait…), suivez son indispensable blog !

https://paskallarsen.blogspot.com/2021/05/farfalla-record...

 

 

 

 

 

18:52 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

22/03/2021

ENTRETIEN CHRIS LENTE


1_Je t’avais découvert avec ton duo électro à textes Casio Judiciaire, vous étiez venu jouer à la radio en 2012.
En 2020 Vous avez sorti un titre de 2015 sur la très bonne compilation « With Love » du label Jelodanti qui est aussi un très bel objet graphique où l’on trouve un de tes dessins. Vous êtes encore en activité ?

Je me souviens bien oui, c’était super, notre deuxième performance publique, on était encore timides, balbutiants, et notre set était très à l’arrache ! On existe toujours, effectivement, même si en ce moment nos activités sont plutôt ralenties… Mais dans l’idée, on essaie de travailler un petit florilège de nouveaux morceaux, histoire d’avoir du neuf à proposer quand les concerts reviendront, et aussi histoire de sortir quelques objets sonores un peu consistants à terme… Mais tout ça est encore en chantier, surtout qu’on réfléchit aussi à de nouveaux angles musicaux… Sinon oui, ça fait bien plaisir d’avoir un morceau, même très court, sur cette compile ! Je suis ce label depuis un moment, ils sortent, ou rééditent des trucs assez dingues… 

 

2_Tu as eu ou as d’autres projets musicaux ?

Beaucoup, oui ! Un peu trop peut-être, mais aucun auquel je n’ai regretté d’avoir participé. C’est probablement lié à l’envie compulsive qui m’habitait à l’époque, d’essayer toutes sortes de styles et d’instruments qui m’attiraient… Casio n’est d’ailleurs pas ma première collaboration avec Clément - l’homme derrière le Monopoly et la Boîte à Rythmes - avant cela nous avons eu José & the Buttsluggers, projet punk Beefheartien au line up plutôt étoffé ; avec Clément on y alternait basse et batterie… Avant cela, je faisais de la guitare et des hurlements dans Møch’, un projet plus doom/sludge, avec notamment un vieux pote de lycée… C’est un style où le jean-foutrisme est plutôt excusable, c’était donc parfait pour nous pour débuter ! Il y a eu par la suite d’autres projets, comme Dumm, plus orienté noise-cold wave, ou, né des cendres de Dumm, Fiasco,  plus garage/noise bizarre, dans lequel j’ai joué temporairement et où l’on retrouve Clément à la batterie… J’ai aussi fait une petite incartade dans la dernière mouture des Endimanchés, il y a de ça quelques années ! Le groupe est de nouveau en arrêt, mais je continue de faire de la musique avec Alexis Forestier (aka Jean Deschamps à l’époque), dans le cadre de sa compagnie de théâtre homonyme… Il y a aussi Jesus Cry Staline, duo guitare / violoncelle électrique accompagné de boîte à rythmes, avec mon pote Gurdulu, qu’on ressort de sa léthargie une fois de temps en temps, quand une rare occasion se présente… Sans oublier Cyclikweetos, groupe techno-punk cosmico-absurde que j’ai rejoint en 2013, et qui est toujours en activité… 

 


3_Tu viens d’illustrer pour le quatrième numéro de la revue « Le cinéma français c’est de la merde » une chronique du film « La Main du Diable ». Peux-tu nous présenter cette savoureuse revue et ce film ?

Ce n’est pas tout à fait une revue, plutôt une série de bouquins axée sur le cinéma français, mais rattachée à la revue Distorsion… Comme tu peux t’en douter, le titre n’est pas à prendre au premier degré, c’est plus une façon de réagir à un constat récurrent fait sur le cinéma en France… Le but de ces ouvrages est donc de présenter une sélection de films hexagonaux, obscurs ou mainstream, qui démontrent absolument tout le contraire ! 
Pour La Main du Diable, c’était à vrai dire, sur toute la liste des films chroniqués pour ce volume, le seul que j’avais déjà vu, donc le choix était vite fait, surtout que Rurik, le rédac chef, voulait une réponse assez rapide… Je dois avouer que jusqu’à très récemment, j’étais assez peu porté sur le cinéma d’avant les années 70, mais je commence à découvrir ça et là quelques portes d’entrée, dont ce très chouette film, assez prenant de par son ambiance de film noir, teinté de fantastique, un peu à l’instar de la nuit du diable… 

 

4_Ta cinéphilie te porte vers où ? Tu peux nous faire une petite liste de références ? Genres, réalisateurs, acteurs, actrices, BO, films cultes…

Je crois que j’ai commencé à me sentir vraiment cinéphile le jour où j’ai découvert Videodrome de Cronenberg, qui reste parmi mes films de chevet… Ce fut une énorme claque, conceptuelle comme visuelle, et cela m’a d’ailleurs aussi influencé à l’époque pour mes dessins… Du coup je crois avoir toujours ce rapport singulier à la qualité graphique dans un film… Je peux adorer le pire des navets, si le film reste visuellement fou ! D’ailleurs, même si j’essaie de gratter un peu dans tous les genres, je reste avant tout un grand fan d’horreur et de série Z pour cette raison, surtout la période 80, où les monstres étaient généralement fabriqués en vrai, et étaient parfois de véritables œuvres d’art… Tout l’univers du premier Alien en est un exemple parfait, Giger oblige ! Un film comme the Thing de Carpenter, également, qui n’est pas un chef d’œuvre que pour ce qu’il raconte mais aussi pour toute l’esthétique morbide qui y est développée… À l’inverse, des films comme Cabal de Barker, ou La Forteresse Noire de Michael Mann sont à mon sens, des films ratés dans ce qu’ils essaient de raconter, mais gardent une aura fascinante pour l’environnement fantasmagorique qu’ils y développent… Autre exemple de film pété mais visuellement barré, le from Beyond de Stuart Gordon, dont je suis assez fan… 
Je suis aussi globalement assez attaché aux films en marge, aux trucs un peu ovniesques, comme Eraserhead, et plus globalement, les films de David Lynch, ou côté japonais, le Tetsuo de Tsukamoto, ainsi que les films punk-noise de Sogo Ishii… 
Sinon depuis quelques temps je développe aussi un certain intérêt pour le cinéma d’Europe de l’est : des réal comme par exemple Béla Tarr ou Tarkovsky sont ultra créatifs, ils te font vivre le cinéma, non plus comme un divertissement, mais quasi comme de véritables expériences, comme peut l’être le 2001 de Kubrick… D’ailleurs j’ai pris ma dernière grosse claque cinéma en matant des films d’Alexeï Guerman, notamment le timbré « Il est Difficile d’être un Dieu »… On parle beaucoup du cinéma fantastique Italien, mais des gens comme Zulawski avec son possession, Teptsov et son Gospodin, Juraj Herz avec son Ferat Vampire ou encore sa version lugubre de La Belle et la Bête, sans parler de tous les post-apo et autre films de SF qui ont fleuri dans cette zone, me font dire qu’ils ont aussi un truc bien à eux dans le cinéma de genre… Bon, en même temps, j’adore aussi Argento, ou Soavi !
Côté BO que dire… je suis bien évidemment assez attaché aux musiques de Carpenter ou de Tangerine Dream, et me laisse globalement assez facilement piéger par les bandes sons synthétiques, contrairement à celles plus symphoniques, qui même si elles fonctionnent dans le contexte de leurs films, ne vont pas me toucher au-delà… Je suis plus attaché à Howard Shore quand il signe Videodrome, par exemple ! Ou à Brad Fiedel,pour la BO du premier Terminator, mais garde un point de vue plus terre-à-terre sur leurs travaux plus orchestraux… Bon, c’est probablement une faute de goût de ma part ! Voilà ce qui arrive quand on écoute trop d’EBM et de dark electro étant jeune…

 

5_Parmi les multiples manifestations annulées en 2020 il y avait des festivals de Fanzines, peux-tu nous présenter ceux que tu venais montrer ?

On a quand même réussi à faire le festival BD6Né en fin d’année, et un micro-festival à Amiens juste avant le premier confinement… On a profité de ces occasions pour présenter le collectif Coït Dadaïste, initié avec mon camarade Seb Loraine, avec notamment notre fanzine Cocaïne Death sur lequel on a essayé de faire participer un maximum de copains, d’artistes avec lesquels on a développé un réel affect…  C’est un graphzine sans réelle thématique, un recueil un peu hétéroclite de dessins, collages, et possibles incartades textuelles… On y trouve des œuvres de Seb et moi-même, mais aussi de Framax, Gabriel Delmas, Ronan Furax, Jaky La Brune, Vincent Pernollet, Madame Soleil, Peggy Ann Mourot, Arnaud S. Maniak, et plein d’autres encore ! Parmi eux il faut compter les potes qui font partie du noyau dur de Coït Dadaïste, et dont on a aussi présenté les publications solo comme les zines dépliant de Thomas D et Como Scool, Les mini-BD sur les rêves de Mimieux, les délires graphiques de Seb, ou encore Opiol, le fanzine super foutraque de Roger T. Grave ! Et puis pour ma part le fanzine Scum, florilège de dessins divers, notamment extraits de carnets, sorti chez Phantasticum…

 

6_En dehors de ta production de Fanzines, où peut-on voir tes œuvres ? Tu exposes parfois ?

Sur Instagram, sur Facebook, et dans des publications occasionnelles comme Distorsion, Le Cinéma Français c’est de la Merde, ou certains numéros de Kronik et Speedball, des zines de BD axés punk et trash… Je dois avoir aussi quelques œuvres dans un numéro du Bateau, une revue graphique et littéraire assez portée sur le cul… J’ai surtout participé à des expos collectives avec Kronik, ou plus récemment avec Coït Dadaïste, en dehors de ça, j’ai eu des expos solo à une ou deux rares occasions, rien de plus… Il faut dire que je ne me bouge pas plus que ça le cul pour montrer mon travail… probablement un mélange de fainéantise et de timidité… Je manque aussi souvent de temps ou d’énergie pour produire de nouvelles choses, cela joue un peu… 

 

7_Comme musicien et dessinateur je suppose que tu dois avoir un plaisir particulier à mélanger les deux, peux-tu nous aiguiller vers des affiches / tracs de concerts ou pochettes de disques que tu aurais réalisés ?

J’ai pu effectivement profiter d’une partie de mes groupes pour cet exercice, notamment sur la pochette d’Injection C-19 de Cyclikweetos, en collab avec Seb Loraine, toujours ! C’est lui qui s’occupe globalement des visus pour le groupe, j’aime son univers fourmillant, et ça été très enrichissant de bosser avec lui sur ce projet, ainsi que sur quelques flyers pour l’orga En Veux-Tu en V’là… Je m’étais aussi occupé des artworks pour le CD de Møch’, ainsi que pour le 7 pouces de José & the Buttsluggers… J’ai aussi bossé sur quelques pochettes pour les potes de Pendrak, un groupes parisien plutôt branché powerviolence… Plus récemment, j'ai également eu l’occase de bosser pour un rappeur, du nom de Rififi, encore un autre univers ! Mais pour le coup, il y a plutôt eu une bonne entente, il avait des idées assez précises de ce qu’il voulait, quelque chose qui mixait ambiances horrifiques et urbaines, c’était plutôt très cool à faire… Cela dit, au final, bosser sur des pochettes n’est pas toujours simple à gérer, intérieurement… à la fois tu as le soucis de pouvoir coller à la musique, mais aussi le besoin de ne pas trop t’éloigner de ce qui fait ta patte… Cela peut parfois aboutir à des compromis frustrants… Bizarrement, pour les affiches, c’est peut-être moins problématique… tu ne te mets pas la même pression que pour l’identité visuelle d’un album, c’est quelque chose de plus éphémère, tu te donnes le droit d’être plus récréatif… J’avais eu quelques occasions fut une époque, quand Têtedemort faisait encore des posters sérigraphiés pour les concerts du Grillen à Colmar… J’ai fait des visuels pour Electric Wizard, Dälek, Keelhaul, et surtout Psychic TV ! Celui-là pour le coup j’en suis assez fier… Plus récemment j’avais réitéré l’exercice pour une soirée New Noise, pour promouvoir le groupe White Heat.

 


8_Tu pratiques aussi une forme de bande dessinée ? Quels sont tes goûts en la matière ? Peux-tu nous présenter la revue GRYYYM qui vient de paraitre ?

Je fantasme de faire de la BD depuis le collège, mais curieusement je ne m’y suis mis que depuis ma sortie d’école, vers 2006, d’abord par le biais de mon premier fanzine, Le Moignon, puis par la suite via les collectifs Kronik et Speedball, tout ceci de façon très occasionnelle… Mine de rien, ce n’est pas si simple ! Faire de la bande dessinée implique une certaine discipline et des contraintes, qu’il n’est pas toujours simple de gérer ou de contourner, or c’est un peu dur de trouver sa voie personnelle quand on n’arrive déjà pas à se dépêtrer des règles… mais petit à petit, je commence un peu à sentir les possibilités, cela notamment avec ce que j’ai pu faire pour Gryyym… C’est Gabriel Delmas, avec qui j’étais déjà en contact à l’époque, qui m’avait proposé d’y participer. À l’origine, ce devait juste être un fanzine BD en petit comité, en  hommage à Eerie et Creepy, deux vieilles revues de bandes dessinées fantastiques et horrifiques… Puis Gab en a parlé à des confrères à lui, Jérôme Martineau, qui gère Carabas Éditions, mais aussi à ses potes dessinateurs, Grégory Maklès, Jean-Paul Krassinsky et Joseph Lacroix, et au fil de la discussion le projet a pris une tout autre ampleur… Au final c’est un gros volume de plus de 200 pages, des auteurs du monde entier, avec quelques grands noms comme Pat Mills, Adrian Smith, David lloyd, ou encore Paolo Masagli, qui participait déjà à Eerie et Creepy à l’époque… et même quelques nouvelles illustrées, dont une de Michael Moorcock !!!! Le fait qu’il y ait tant de pointures ne m’avait curieusement pas mis la pression, en tout cas pas dans un mode « je dois être à la hauteur… », j’avais plutôt eu un raisonnement du style « il y a déjà de quoi satisfaire les amateurs du genre, je pense que je peux partir sur un truc un peu chelou » j’avais particulièrement réussi à me lâcher, à expérimenter de nouveaux angles, ce que je n’avais que peu osé faire jusqu’alors… La thématique dominante de cette anthologie étant l’horreur, c’était l’occasion où jamais de creuser un peu plus profond, si j’ose dire… 
Concernant mes goûts en matière de bande dessinée, là encore, j’accorde une assez grande importance au visuel… Je suis pas mal attiré par tout ce qui touche de près ou de loin les comics indé américains, Robert Crumb forcément, mais aussi Charles Burns, Kaz, et plus largement toute la sphère Last Gasp et Fantagraphics des années 80 et 90, des artistes comme Robert Williams, Mike Matthews, Mats O, Steven Cerio, ultra doués dans ce qu’ils font, et capables de partir dans des débauches visuelles assez folles, genre cartoon psychédélique pour adulte ! Ce sont à la fois des virtuoses et des grands sales gosses, je pense que c’est ce qui me plaît chez eux… Côté manga, je suis plus porté sur des auteurs un peu singuliers comme Maruo Suehiro, ou encore Keizo Miyanishi dont j’ai découvert le sublime tavail il y a peu… Ce sont des artistes à part, ils mélangent érotisme et grotesque, avec un dessin d’une finesse incroyable, bien loin des canons de la BD japonaise… Cela dit, je suis aussi un grand fan d’Otomo, par exemple… Akira n’est pas seulement un classique, c’est un chef d’œuvre absolu, épique et fou ! Sinon depuis peu, je creuse aussi du côté de la BD fantastique, avec des auteurs comme Corben ou Wrightson, ou des auteurs italiens comme Battaglia, et, plus surréaliste qu’horrifique, le génial Guido Buzzelli… 

 


9_Tu utilises quelles techniques pour tes dessins ? 

N’étant pas très à l’aise avec la couleur je suis globalement plutôt sur du noir et blanc… Quand j’ai commencé à m’essayer sérieusement à la BD et au dessin après mes études, j’avais plus de références qu’avant, et étrangement, j’ai tout de suite essayé d’avoir un style un peu à la Crumb, en utilisant à fond l’abondance de traits pour mettre en évidence les volumes et ambiances lumineuses… Je suis longtemps resté sur le stylo feutre, c’est un outil confortable, idéal quand tu te cherches encore un peu dans le style mais aussi la qualité de dessin… Depuis j’ai étendu mon outillage d’un poil, avec la plume et l’encre de chine, mais aussi le stylo bille, après avoir notamment découvert le travail fou de Shohei Otomo, c’est fastidieux mais assez jouissif quand tu le maîtrises, ça permet notamment de jouer plus subtilement sur les nuances, à l’instar de la mine de plomb… 


10_Je me pose souvent la question de ce que les artistes ressentent quand ils vendent ou donne leurs originaux. Toi tu t’en sépare ? Comment aimes-tu les voir reproduits ? Sérigraphie ? Photocopie ? Gravure ? Imprimés ?

On a forcément des œuvres personnelles auxquelles on est plus attaché qu’à d’autre… Après, je n’ai eu que rarement l’occasion de me vendre des originaux, et ce n’était clairement pas ceux auxquels je tenais le plus, c’était même plutôt des dessins que je n’avais pas peur de céder à bas prix. D’ailleurs je pars du principe que plus une œuvre me plaît, plus je vais la vendre cher pour être sûr qu’elle ne parte pas trop vite, héhé ! J’ai pu également offrir certains dessins, mais dans le cadre du cercle familial, du coup, c’est une moins déchirante séparation, ça reste pas loin de toi, en un sens… Quant aux reproductions, je ne me suis jamais trop posé la question, mais c’est vrai que le choix d’impression est parfois délicat, ce n’est pas toujours simple de retrouver les même nuances que dans les œuvres originales, la faute parfois à de trop petits détails… Il y a toujours un peu de perte en sérigraphie par exemple, mais paradoxalement, le fait de participer à des objets éditoriaux imprimés à la main n’est jamais anodin, et c’est parfois super de découvrir son travail sous un nouvel angle… Le rendu en impression offset, ce sera le contraire, tu auras la sensation de faire un peu ton snob, tu as au final un objet fabriqué à la chaîne, en revanche le rendu sera conforme à tes attentes, c’est donc tout aussi jouissif, mais d’une façon différente ! Après, la photocopie, c’est un peu l’offset du pauvre, mais ça a techniquement évolué en quelques années, et tu obtiens aussi des résultats assez fidèles, mine de rien… En ce qui concerne la gravure, cela fait partie des choses que je souhaite explorer dans un avenir plus ou moins proche, mais je n’ai jusqu’ici eu ni le temps ni l’occasion d’aborder cette technique… 


11_Quels sont tes projets en cours ?

Niveau dessin, j’essaie de boucler un fanzine à base de textes et de dessins macabres, qui sera un peu dans une esthétique, on va dire, death-industriel ?… J’ai également une BD en projet, une histoire d’une petite trentaine de pages, j’espère finir cela avant 2022… Côté musique, il y a un album des Josés & the Buttsluggers en cours de mixage, et à plus long terme, on espère avoir de quoi sortir au moins un nouvel album pour Casio Judiciaire ! Ces dernières années, j’ai travaillé aussi avec Alexis Forestier et la compagnie théâtrale des Endimanchés sur la musique de Volia Panic, une pièce assez barrée sur le cosmisme russe et l’histoire de la conquête spatiale, dont la musique, également en cours de mixage, pourrait également finir sur un support vinyle, si on trouve des labels interessés… et je vais très certainement m’atteler bientôt sur la musique d’une autre pièce avec eux, affaire à suivre !

Ses dessins :
https://www.instagram.com/lentechris
https://cargocollective.com/lentechris

Ses groupes : 
Møch’ : https://wearemoch.bandcamp.com
Jose and the Buttsluggers : https://joseandthebuttsluggers.bandcamp.com/album/jazon
Dumm : https://degelite.bandcamp.com/album/demo-2013
Casio Judiciaire : https://degelite.bandcamp.com/album/demo-rose
Cyclikweetos : https://cyclikweetos.bandcamp.com
Jesus Cry Stalin : http://gurdulu.org/jesuscrystalin.htm
Fiasco : https://degelite.bandcamp.com/album/tous-les-moyens-sont-mauvais

Et un choix de morceaux :

album réédité chez Jelodanti !
https://www.youtube.com/watch?v=8KU22NGHrJQ 

https://www.youtube.com/watch?v=wBy-Ttoci5M

https://www.youtube.com/watch?v=Krspq4eWKew

https://www.youtube.com/watch?v=WunsIfsHmHE

https://www.youtube.com/watch?v=9XaD1IrLPhg

https://www.youtube.com/watch?v=wzqj218Djbo

https://www.youtube.com/watch?v=fEkFyiCXkFA

electric wizard chris lenté.gif

13:48 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

31/01/2021

Sur la planète MelmACHello

Je connaissais un groupe de Half Beat dont nous tairons le nom mais ils ont rangé leurs claviers depuis longtemps. (Cette blague sera comprise par deux personnes au monde dont moi).

JyD: Pourtant le concept de jouer en demi-temps était intéressant, dommage.

 Par contre l’unique groupe de Alf Rock vient de sortir un nouveau disque et c’est Melmac !

 JyD: Du demi-rock effectivement, l'autre moitié est constituée de références peu glorieuses, croyez-moi.

 LR : Melmac est devenu pour le coup MelmAcHello.


A.C. Hello (comme chantaient les Beatles) les a rejoints pour poser sa voix et ses textes étranges sur leur noise rock aiguisé et psychédélique.

 A.C. Hello : Je peux ajouter ici subrepticement que le "A.C. Hello (comme chantaient les Beatles)" vient de me clouer d'un fou-rire de dix minutes sur ma chaise ?

C’est donc sous la forme d’un quintet que la planète Melmac croise cette fois notre orbite terrestre : le noyau dur, les frères Luc et Nicolas Reverter, est accompagné aux percussions telluriques par Jean-Yves Davillers du groupe KG, par Quentin Rollet au saxophone (l’album sort sur son label Bisou) et par A.C. Hello dont la voix possédée entre chant et récitatif transforme cet enregistrement en un étrange recueil de nouvelles incarnées.

 Nous avions reçu Melmac en session à la radio il y a bien des années (Je crois même que nous étions encore jeunes) et ils avaient joué à l’un des festivals Songs Of Praise (?) aux Instants Chavirés. J’ai beau être archiviste, je n’ai pas retrouvé les dates… Puis ma mémoire s’effiloche sur la suite de leur parcours donc je suis bien content de les retrouver !

Bisou embrasse tous les aspects éditoriaux avec ce projet : disque, livre, illustrations… (

Q.R.: Il s’agit en fait d’une co-production avec Melmac et A.C. Hello)

 1_Melmac, avez-vous plus de mémoire que moi ? Vous vous souvenez de votre venue et session à la radio ?

 LR : Je me souviens de l’accueil, des amis sur place, Nico, Franck, Jérôme. Un bon moment, comme d’habitude. Nous sommes tous, je crois, d’une même communauté de passionnés, tous actifs : spectateurs, musiciens, journalistes, organisateurs de concerts, etc. Ça, c’est génial. Songs of Praise et les Instants Chavirés sont pour nous des acteurs importants de cette vie artistique.

 N.R : Oui, bien sûr ! Je viens de retrouver dans mes archives, le 24 Mars 2008. Excellent souvenir, je me rappelle d'un concert diffusé en direct et d'une interview. On avait enchaîné avec le festival RONDA quelques jours après aux Instants Chavirés avec Arnaud Rivière, les cultissimes SUN PLEXUS 2, AKOSH S. & ERIKM et MELMAC, et avec une mini tournée SUN PLEXUS 2 / Arnaud Rivière / MELMAC. Que des bons souvenirs !

 2_Comment s’est passé la rencontre avec A.C. Hello ? J’ai trouvé une vidéo où elle joue en concert avec Quentin Rollet, c’est par son biais ?

 A.C. Hello : Personnellement je n'ai jamais vraiment su si c'était Patrick Müller ou Quentin Rollet, qui avait glissé mon nom à l'oreillette de Melmac ; cette interview est enfin l'occasion de démêler cette sombre histoire.

 Q.R.: J'ai rencontré A.C. pendant l’enregistrement-son

d’Animal Fièvre, double-album produit par Trace Label.

Patrick Müller m’avait demandé de venir jouer, ainsi qu’à Laurent Saiët, Thierry Müller et Jean-Noël Cognard pour les prises de base. Après il y a eu des prises de Guillaume Loizillon et Jac Berrocal. C’est donc une sorte de « super- groupe » qui est quasiment impossible à rassembler sur scène ou à faire tourner. J’ai donc pensé qu’une collaboration avec Melmac pourrait fonctionner et serait beaucoup plus simple à gérer.

LR : ...et le reste s’est fait simplement en échangeant sur nos univers artistiques, en cherchant à la fois des intersections et des pistes de créations communes. Tout cela est venu assez naturellement ensuite, une fois la rencontre faite.

 N.R : Après quelques mails échangés, on a fait une première session d'improvisation où il a été assez évident qu'il fallait qu'on pousse notre collaboration plus loin.

 3_Comment avez-vous organisé l’enregistrement ? La part de préparé et la part d’improvisation, musique et textes ?

 JyD: La démarche travaillée de longue date maintenant est semi improvisée, donc toujours préparée mais imprévisible suivant le moment, histoire de ne pas faire de merde totale.

 LR : L’organisation de l’enregistrement a été assez chaotique. Nous avions convenu d’une résidence avec le Landy Sauvage, un lieu autogéré de Saint-Denis. On voulait initialement y mettre en place une résidence et un concert. Ça c’était le plan. Le préfet en a décidé autrement en voulant faire déblayer le lieu le week-end où nous étions là. Plus question de concert. Que faire du coup ? Nous voilà littéralement enfermés dans une pièce d’où nous devions sortir l’un après l’autre comme des cosmonautes sortent de leur capsule. Autour de cette pièce : des activistes, des sans-papiers, des enfants, en train de préparer soit leurs barricades soit leur départ, et autour... un No Man’s Land d’où potentiellement, à tout instant, des cars de policiers pouvaient surgir toutes sirènes hurlantes. Que faire quand un monde s’écroule ? Accepter l’inconnu, la peur, l’urgence.

Préparer quelques micros, sentir l’énergie et la poser sur bande, juste pour voir... cela a été notre choix.

 N.R : Je crois que nous étions tous les cinq résolus à faire quelque chose de ce temps passé ensemble au Landy Sauvage. Notre temps partagé à cinq reste finalement assez rare, on ne se voit pas énormément. Nous n'avons pas peur de nous adapter aux imprévus… à la limite, j'irais même jusqu'à dire qu'on assume pleinement ce côté chaotique et qu'en acceptant pleinement cet aspect, nous en avons fait un moteur créatif au fil des ans. En arrivant au Landy Sauvage, nous avions 4 morceaux, à peu près structurés, fruits d'un travail d'improvisations passées, des structures s'étaient alors dégagées. Nous avons alors enregistré plusieurs versions, dans une certaine urgence. Le dernier morceau du disque est une improvisation sur les bases d'un texte proposé sur place par A.C. Nous l'avons joué tel quel. Il y a eu ensuite quelques éléments de post production pour les autres morceaux et un travail de mixage assez conséquent, tout en gardant l'esprit et l'ambiance du moment.

 4_ A.C., quand tu écris, tu destines à l’avance certains textes à être accompagnés de musique ?

 A.C. Hello : Mes textes sont issus de livres hybrides, qui mélangent narration, dialogues et ce qu'on nomme "poésie" (le mot "poésie" est un fourre-tout pratique pour qualifier bien souvent des textes de littérature contemporaine, qui désormais élargissent radicalement le "genre" de la poésie). Dans ces livres, il y a des parties, dont je sais qu'elles seront projetées à l'oral, à la voix seule ou accompagnées de musiciens. Mais je n'écris pas pour être accompagnée en musique. C'est une fois le texte écrit, que j'opère des choix.

 5_A.C., comment qualifierais-tu le registre littéraire des textes ? Cauchemar sociétal ? Aliénation horrifique ? (C’est mes termes à moi…)

 A.C. Hello : Effectivement les textes prélevés pour cet album sont plutôt sombres. Mais enfin... finalement pas plus sombres que bien d'autres textes qu'on peut entendre dans la noise ou le rock. Si on replace ces textes dans leur contexte : ils sont issus des livres Paradis remis à neuf, Naissance de la gueule & Koma Kapital et sont d'infimes parties d'un vaste tout mêlant dérision, gravité, ironie... Après, s'il faut vraiment trouver des qualificatifs, il y a peut-être celui-là, qu'Amandine André avait écrit à l'époque : "langue monstrueuse & irréconciliée".

 6_Jean-Yves, tu es l’auteur des illustrations (collages montages fantastiques rétro) elles sont arrivées à quel moment de l’album ?

JyD: Pour le visuel de l'album très tôt après l'enregistrement, pour le reste à la réécoute du mixage qui a été trop long, d'où le foisonnement de visuels, désolé.

Q.R.: Jean-Yves s’occupait déjà du visuel de Melmac depuis quelques années : pochette d’album, visuels Bandcamp, peau de grosse-caisse et surtout le jeu de cartes qui sert à orienter nos improvisations !

 7_Quentin, 2020 c’est l’année de tous les records pour toi tu as participé à un nombre impressionnant d’albums ! Où

trouves-tu toute cette inspiration ?

 Q.R.: Comme tu dis, 9 sorties physiques plus deux en numérique seulement en 2020, c’est plutôt pas mal.

 Depuis 2019 j’enregistre beaucoup, avec pas mal de projets différents. Les projets en cours (en mars 2020 on va dire) comprenant des dates avec Nurse With Wound, des concerts en trio avec Ghédalia Tazartès et Jérôme Lorichon, l’enregistrement d’une musique de film pour Narimane Mari avec Cosmic Neman de Zombie Zombie et encore Jérôme et Ghédalia (on devait présenter le projet au Centre Pompidou et au MoMA), il y a aussi eu des rencontres avec les musiciens de l’ARFI et COAX que j’ai mis en relation, et toujours la partie production avec le label/éditeur BISOU que je co- dirige avec Isabelle Magnon. Malgré toutes les dates et projets annulés, j’ai quand même réussi à faire quelques concerts fin 2020, une résidence pour un enregistrement avec Xavier Mussat et il y a un projet qui se dessine avec Martin Palisse, jongleur qui travaille beaucoup avec la musique.

Et je dois aussi dire que le premier confinement m’a amené à acheter de quoi enregistrer en multipiste chez moi. Et j’ai donc proposé à des amis de m’envoyer des pistes pour que je joue dessus. Kim a répondu très vite et notre album en duo est sorti avant la fin de l’année. En 2021 devraient donc sortir les autres disques sur lesquels j’ai enregistré avec Richard Frances, Ben (Yeti Lane), Andrew Sharpley, Philippe Thiphaine, et plein d’autres.

Quant à l’inspiration, ma manière de travailler reste l’improvisation. Donc prioritairement l’écoute des autres afin de pouvoir apporter le meilleur de moi-même à l’instant où la musique se fait. C’est en général intense, concentré, et donc en même temps pas du tout fastidieux. Ce qui me permet de pouvoir « enchainer » les projets.
N.R : J'en profite juste pour dire à quel point je suis fier et heureux d'avoir croisé sur mon chemin des personnes aussi impressionnantes que Quentin, Jean-Yves et A.C.... Sans bien sûr oublier mon frère Luc, sans qui mon rapport à la musique serait tout autre.

8_Jean-Yves, Des nouvelles de KG ?

JyD: Le groupe a splitté dans l'ombre mais un album posthume doit voir le jour, peut être.

 9_ A.C., des projets de parution de livres ou d’autres projets musicaux ?
A.C. Hello : J'ai deux autres projets musicaux en tête, oui, mais c'est encore trop flou pour en parler. Concernant les parutions : le livre Koma Kapital   sort en mars 2021 dans la collection Al Dante (éditions Les presses du réel). Les textes des morceaux "En suspens" et "Cette seconde" en sont issus. Ce sera le dernier volet d'une série de textes amorcés en 2015, après Naissance de la gueule et les textes de Chambre froide (collectif, Les presses du réel, coll. Al Dante, 2020). L'écriture dans Koma Kapital est centrée sur le choc, sa persistance, et la cruauté qui peut avoir cours, parfois, dans le monde du travail.

10_Melmac, Bilan et projet, vous avez de la bouteille vous regardez comment votre déjà long parcours ? Vous préparez de nouveaux enregistrements ?
JyD: Chaque rencontre étant un album, nous avons de quoi rivaliser avec Zappa normalement, pas de souci.

LR : Le monde change et c’est génial. Plus le chaos se généralise, plus il devient essentiel de s’inscrire dans l’instant, de vivre l’instant présent. C’était le sens de notre démarche et elle m’aide vraiment dans ces heures pas toujours faciles. Plus largement, je trouve que ces musiques innovantes, improvisées libres, sont tellement d’actualité.

Pour bilan, que te dire... j’en fais pas vraiment. J’ai vécu des choses géniales dans ce monde de la musique, rencontré des gens géniaux et cela m’a permis de me construire.

Le futur ? J’en sais rien, vraiment. Des enregistrements certainement, des rencontres nouvelles aussi, du rire, de la passion, de l’envie... Je te dirais que ma vision du futur est juste de vivre toujours plus intensément que possible le présent.


N.R : Que du bonheur ce parcours, des rencontres, des choses à raconter. Et j'ai toujours l'impression qu'on en est qu'au début. Alors oui, plein d'envies. Bon, le contexte n'est pas super favorable... C'est pas grave, il nous faut nous adapter, c'est bien pour la création, un peu de contrainte. Réussir à s'inscrire dans le moment présent, en faire une photo, un instantané.

11 Dès que possible on pourra vous voir en concert avec ce projet ?

JyD: Inch'Covid en 2021

LR : Oui bien sûr. Nous travaillons à ça. Tout vient à point... dans l’attente, c’est aussi l’occasion de travailler sur de nouveaux formats, des nouveaux possibles. Les temps sont propices pour tenter des choses nouvelles. Essayons !

A.C. Hello : Si les circonstances le permettent, on donnera un concert au Générateur (Gentilly) le 27 mars 2021 lors du festival L'Échappée, et en septembre 2021 lors du festival Ourdir. Il est question aussi d'un concert filmé en Mars par l'équipe de Froggy's Delight, retransmis sur leur chaîne Youtube avec interview en direct.

12_ Question bonus : un informateur secret m’indique qu’au moins un de vous pratique la boxe française (moi aussi), il n’y aurait pas moyen de faire un album concept « poings pieds » ?
JyD: oui, mais joué pieds et poings liés

A.C. Hello : Perso, je pratique la pinte française et un album-concept "lever de coude" me conviendrait plus.

LR : Tout est possible. Mike Tyson disait fort justement que « tout le monde a un plan jusqu’à ce que le premier coup de poing arrive dans la figure ». Donc pourquoi pas, l’important c’est ça, non : un risque, de la passion, de l’excitation, se laisser aller et y aller de tout son cœur. Il y a cela dans les sports d’opposition, dans la musique aussi. Donc oui ! À fond !

N.R : Je ne sais pas te répondre. J'essaye actuellement d'arrêter le sport.

https://www.bisou-records.com/produit/melmachello-bookcd/

https://bisourecords.bandcamp.com/album/le-cas-tr-s-inqui-tant-de-ton-cri

https://www.youtube.com/watch?v=5Mx-hYhangw

melmac,a.c hello,bisou records,quentin rollet

20:54 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

17/01/2021

Un entretien alphabétique avec NLF 3

Avec un pareil titre ABCDEFG HI !  je ne pouvais proposer qu’un entretien sous forme d’abécédaire à NLF3 pour la sortie de leur nouvel album.

A_ AUDIOPHILIE, je trouve que ce nouvel album a un son vraiment très travaillé que ce soit dans le timbre des instruments, le placement stéréo, la clarté du mix, la profondeur immersive qui en ressort notamment à l’écoute au casque, racontez-nous comment vous l’avez enregistré et produit.

Nous aimons varier nos façons de travailler pour chaque album. Depuis le début on considère que NLF3 est un projet où on doit essayer des choses, un laboratoire pour construire ensemble et à chaque fois d’une manière différente. L’album d’avant avait été enregistré en 3 jours à la campagne tous ensemble dans une pièce en bois avec peu d’idées préparées en amont. Ce nouvel album ‘ABCDEFG HI !’ a lui été fait à distance en s’envoyant des fichiers, en Septembre 2019, avant le confinement donc. On pourrait se dire que c’était presque divinatoire par rapport à ce qu’on vit en 2020-2021 et cette crise sanitaire actuelle... On voulait voir ce que ce principe de composition en réaction aux idées des autres donnerait. Et on y retrouve aussi notre complicité. Peut-être que cette façon de faire a amené une distance immédiate à chacun au moment de poser les idées qui lui venaient sur chaque morceau. Chacun a enregistré ses pistes chez lui, très spontanément, au rythme d’un morceau par jour puis on a mixé ensemble quelques semaines après. Les bases étaient en général une guitare et une boite à rythme de Nicolas, puis venaient une ou deux basses de Fabrice, puis Mitch rajoutait batterie ou percussions. Nicolas finissait en ajoutant parfois un petit Casio, une autre guitare ou une voix. On s’est concentré sur le fait de proposer des lignes claires et distinctes qui auraient leur ‘voix’ à elles, bien lisibles, solides et détachées. Nicolas a en général, au départ, déjà travaillé sur une certaine épure et spacialisation. Sur l’ensemble, on a gardé la longueur des parties ambiantes/drones et certainement voulu un équilibre entre puissance, calme, complexité, simplicité et espace.

B_BANDCAMP, l’album et les autres productions de Prohibited Records y sont disponibles, cette plateforme est bien pratique c’est vrai pour les acheteurs et de votre côté de label, qu’en pensez-vous ? Pas trop hégémonique ? Les pours et les contres.

Bandcamp est bien pratique. C’est une interface rapide et fiable. Qui permet d’écouter, voir les objets et acheter tous les formats en quelques clics. Facile à gérer pour les labels ou les artistes. On a vécu, depuis les débuts de Prohibited Records, en 1995, une certaine évolution des possibilités de vente de nos disques en direct au public. Depuis le bulletin de VPC découpable dans les fanzines joint à un chèque le tout reçu par la poste, en passant par le plus classique site internet. Bandcamp est un système qui est efficace et bien pensé; il n’offre effectivement pas trop de place à une alternative ou un autre opérateur… C’est en soi un outil complet qui donne un accès à ce qu’il faut à chacun.

Une chose n’a cependant pas changé : c’est le facteur humain. Le fait de recevoir des commandes, faire des paquets puis envoyer les disques par la poste ou même passer un disque à un rendez-vous au coin de la rue. Outre la production, la fabrication c’est le job d’un label aussi. Par contre, le tarif des timbres a plus que doublé...

C_CASSETTE, vous êtes un peu archivistes ? Vous gardez des traces de vos anciens concerts, de vos répétions, de vos anciennes maquettes ? Vous avez des vieux documents de la périodes Prohibition avant les enregistrements d’albums par exemple ?

(J’ai fouillé dans mes vieux cartons récemment j’ai retrouvé quelques démos de groupes d’époques reçues à la radio vers 93/94 mais rien de vous…)

Oui on archive bien sûr. Répets, demos, concerts. D’ailleurs, en 2015 nous avons fouillé les cartons pour les 20 ans de Prohibited Records et remis la main sur beaucoup de choses. Il y avait tout un tas de supports différents : cassettes, VHS, DV, bandes 2 pouces ou ½ et ¼ de pouces, Minidiscs, CDr, multipistes Roland, disques durs SCSI puis firewire. En général, on a conservé les appareils qui lisent ces sources et c’est assez beau de voir que tout ces supports témoignent directement de 30 ans de musique et de pratique d’enregistrement et de conservation (Prohibition ayant commencé en 1989/90).

Nos dernières ‘démos’ cassettes de Prohibition datent de 92 je crois. Nous avons ensuite sorti des albums de 93 à 98 (en CD et LP). C’est peut-être la raison pour laquelle tu n’as rien trouvé de nous car pourtant nous habitions à 200 mètres de Radio Aligre, à deux pas de la rue de Chaligny et on passait y déposer nos nouveautés à chaque fois. On y avait d’ailleurs fait une session live improvisée enregistrée/diffusée en direct.

En parlant de cassettes, justement l’idée pour les 20 ans du label a été de faire et sortir deux mixtapes : ‘Rarities’ et ‘Curiosities’ (si tu ne les connais pas ?). Elles sont issues de ce travail d’archivage et de tri récent. Le format cassette permet cet exercice de ‘mixtape’ (sans pause entre les morceaux) et d’accéder à une certaine durée (environ 50/60 minutes), tout en restant très abordable. On y retrouve tous les artistes qui ont sorti des disques sur le label. Dont NLF3, Prohibition et nos projets solos bien sûr.

D_DISQUAIRES / DISTRIBUTION Suite de la question Bandcamp… en tant que label, quelle est la situation de la distribution et des disquaires en France (et ailleurs) ?

(On entend sans cesse parler « du retour du vinyle » mais bon ça me semble tellement marginal…)

Nous avons toujours eu aussi une distribution en magasin assurée par un distributeur (depuis 2014 c’est L’Autre Distribution) pour que nos disques soient chez les disquaires et autres. Nous n’avons jamais vraiment arrêté de fabriquer du vinyle, mais le fait que tout le monde s’y remette depuis quelques années allonge les délais de fabrication surtout pour les petits labels qui ne pressent que de petites quantités. Le vinyle est bien sûr important mais en fait on aime tous les supports. Le CD garde son charme et sa compacité, sa rapidité de fabrication est encore un atout. La cassette aussi est un bel objet.

E_EXPERIMENTAL c’est un mot un peu galvaudé mais ce que j’aime chez vous c’est que vous êtes inclassables, pas facile de décrire vos morceaux, vous n’utilisez pas une grammaire de clichés musicaux, vous avez une sorte de ligne de conduite pour rester toujours surprenants ?

C’est touchant et plaisant que tu nous dises cela. On ne s’interdit rien. On écoute nos envies. Le principe de base en 2000 était de faire un groupe à l’esthétique non figée et qui serait libre et totalement spontané, sans que ce soit de l’impro pure. Aucune expérience, envie, ou instrumentation ne sont bannies. Nous traçons notre route et entretenons une complicité autour du son, des esthétiques qui peuvent se mélanger et que nous aimons tous les 3 pour créer notre propre musique instrumentale.

Nous ne nous lassons pas. Travailler sur nos ciné-concerts ou d’autres créations/commandes a toujours été l’occasion d’essayer des choses et c’est rafraichissant car ça faisait aussi sortir du milieu purement musical.

F_FRANCE Depuis tant d’années que vous tournez je pense que vous avez forcement des lieux / assos amis à travers les régions qui font partis de ces piliers qui font vivre la scène des musiques qu’on aime, vous voulez en citer quelques-uns?

Oui il y a toujours eu en France, en Angleterre et ailleurs, des organisateurs et assos fidèles qui nous ont suivi, soutenu et fait jouer. Teriaki au Mans, Sabotage à Dijon, Ah bon à Lille, Melting Pop à Limoges sont encore là. Les Instants Chavirés ont organisé encore il y a peu une soirée ‘Ouvré’ (l’autre petit label de Fabrice tout fait main). Musiques Volantes était un super collectif de programmateurs, Soy aussi, mais ils ont arrêté l’an passé. D’autres projets se construisent en général car c’est une génération pour laquelle la musique est importante. Les amis de Sonic Protest sont aussi un bel exemple d’aventure au long terme (et pourtant nous n’y avons jamais joué). Depuis quelques années beaucoup de salles labellisées SMAC ont ouvert, et tiennent ce rôle de proposition/diffusion des musiques maintenant. Nicolas l’année dernière a pourtant fait une tournée solo dans des petits lieux plus intimistes. NLF3 aussi aime ce genre d’expérience et de format, plus proche de la performance, où on joue au milieu d’un salle sans sono, au milieu du public, dans un esprit plus brut et direct.

G_GROUPE Comment ça fonctionne un groupe en 2020 ? Vous vous voyez souvent pour composer ?  En Impros ? Seulement avant les albums ? à Distance ? Chacun dans son coin ?

Le groupe fonctionne toujours pareil : on varie les plaisirs. Concerts, enregistrements, créations. On répète assez peu. Mais on aime se retrouver pour discuter de nos envies autour d’un bon repas, ou d’un week-end au vert. On se met d’accord sur des projets, sur ce qu’on veut faire ensemble. Les années font qu’il n’y a pas trop de prise de tête. Pas d’égo. Et puis chacun a un projet solo qui lui permet d’exprimer d’autres choses. Cela crée surement un équilibre bénéfique. Par ailleurs, étant autonomes en ayant notre propre label cela simplifie beaucoup de choses. Cela garantit notre longévité et notre liberté en quelque sorte. Le fait qu’on sache et puisse s’enregistrer nous-mêmes depuis le début de NLF3 aussi.

H_ Bon, je ne trouve rien à la lettre H alors question libre, si vous voulez aborder quelque chose de particulier sur l’album, le label, vos projets en groupe ou en solo…

H est une jolie lettre, un petit morceau d’ecHelle. H comme Humanité ou comme Hopi, peuple Amérindien du Sud Ouest des Etats-Unis que nous avons rencontré lors de voyages dans cette région quand nous étions plus jeunes et dont la culture est devenue importante pour nous dans ce qu’elle raconte de l’Humanité justement : de ses croyances, de ses cultures, de ses différences.

Sinon, là, en claquant des doigts, pourquoi pas aller faire une balade à Hokkaido au Nord du Japon voir le pays des Aïnus.

I_INSTRUMENTS Parlez-moi de votre rapport aux instruments, Fabrice à la basse, Nicolas à la guitare, Mitch à la batterie, comment vous partagez-vous le reste, claviers, électronique, production…

C’est assez différent à chaque disque. En général, chacun a un panel d’instruments, en joue et les choses sont très spontanées, rapides. En gros, Fabrice peut jouer de la basse, kalimba, claviers, électronique et percussions. Nicolas, des guitares, claviers et électronique. Mitch batterie et percussions. Mais rien n’est systématique. On fait avec les envies communes. Nicolas aime produire et travailler certains effets. En général on mixe ensemble, Fabrice étant aussi ingénieur son. Pour certains disques on s’était amusés à re-triturer des sons en direct dans des pédales ou repasser des pistes dans des amplis.

Pour finir on repasse au nom du groupe :

N_ NICOLAS > 3 albums qui t’ont marqué et influencé dans ta vie de musicien ?

Miles Davis - Bitches Brew

Sonic Youth - Sister

Fred Frith - Step across the border

L_ MITCH (on triche avec l’alphabet) > 3 albums qui t’ont marqué et influencé dans ta vie de musicien ?

The Velvet Underground - White light/white heat

Public Image Limited - Metal box

Talk Talk - Laughing stock 

F_ FABRICE > 3 albums qui t’ont marqué et influencé dans ta vie de musicien ?

Alice Coltrane - Journey in Satchidananda

Fazil Say - Stravinsky Le Sacre du Printemps

Dälek - From Filthy Tongue of Gods and Griots

 … il y en a tant d’autres…

3_ 1 album qui vous met tous les 3 d’accord quand vous l’écoutez sur la route en tournée ?

Haha UN album … ce n’est pas possible… Sur la route , ça peut être un disque de Coltrane, Fela Kuti, la collection Ethiopiques, des musiques traditionnelles, Steve Reich, Terry Riley, Gil Scott Heron, Scott Walker, Eliane Radigue, Pierre Henry ou Parmegiani, Boards of Canada, Skip James, Moondog, The Cure, Prince, Mark Hollis, Aphex Twin ou bien d’autres … ça ne manque pas … ça change suivant les trajets, les envies, probablement en fonction de là où on a joué la veille ou de la lumière ou des paysages qui défilent à travers le pare-brise. L’unique album qu’on écouterait sans arrêt n’existe sûrement pas. Souvent on profite de ces trajets aussi pour parler de nos points de vue et échanger sur les choses.

 

https://nlf3.bandcamp.com/album/abcdefg-hi

NLF 3.jpg

 

 

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04/01/2021

Dark Star de John Carpenter par Ropoporose

C’est en voyant passer je ne sais plus où cet album « Dark Star » de Ropoporose que j’ai découvert ce duo frère et sœur de Vendôme, Pauline et Romain Benard. J’aurais pu passer à côté si ma passion pour John Carpenter ne m’avait pas aiguillonné et ça aurait été fort dommage !

Déjà auteurs de deux albums excellents, « Elephant Love » en 2015 et « Kernel, Foreign Moons » en 2017 ils ont fait paraitre en 2020 « Dark Star » album d’un ciné-concert pour le film éponyme (c’est le mot compliqué que placent toujours les rock-critics alors pourquoi pas moi ?) de John Carpenter, j’espère avoir la chance de le voir « en vrai » en 2021 mais l’album donne déjà toutes les sensations cinématiques attendues de l’amateur de bonne BO !

Ropoporose pratique un post-rock pop et noisy très fluide et accrocheur, on sent une maitrise instrumentale particulière chez eux avec des parties de guitares très recherchées et subtiles, des rythmiques et des arrangements toujours originaux. En envoyant un lien vers leur album « Kernel, Foreign Moons » à des amis j’avais cette phrase lapidaire mais je pense assez juste : « écoutez ça, on dirait Blonde Redhead mais en mieux ! ». Effectivement on peut rapprocher leurs compositions de cette scène US des années 90, la période « Goo » de Sonic Youth, les premiers Pavement, ou les trop méconnus Thinking Fellers Union Local 282. (Ils sont jeunes et ont sûrement d’autres références inconnues de moi…)

1_Comment avez-vous choisi Dark Star ? Vous vouliez particulièrement travailler sur un film de John Carpenter ou c’est l’imagerie Science-Fiction désuète qui vous plaisait ? Autre chose ?

Nous avions le souhait de travailler sur un ciné-concert depuis pas mal de temps, de notre initiative propre. On avait pensé il y a quelques années à un film expérimental, « The Savage Eye », mais nous n'avions jamais pris le temps de le faire. Il y a deux ans, Fabrice Bassemon, directeur du festival de cinéma Travelling à Rennes et ancien vendômois, nous a demandé si nous souhaitions en réaliser un dans le cadre de l'édition 2020 du festival, et on a dit oui direct. Initialement il souhaitait nous proposer Robocop, mais par contraintes de droits avec le distributeur cela ne s'est pas finalisé. Sur ses conseils, nous avons fouiné sur le site d'un autre distributeur, Carlotta, et Pauline a découvert ce premier long-métrage de Carpenter. Sans être des fans de la première heure de Carpenter, le pitch du film avait l'air vraiment burlesque et inspirant, et après un premier visionnage on s'est dit banco pour plusieurs raisons : le rapport au son dans le film, qui laisse beaucoup d'espace d'expression diégétique, le côté comique de l'absurde, et bien sûr l'esthétique SF, qui nous permettait de bien nous amuser musicalement en acculturant notre musique avec des nouvelles sonorités plus électroniques.

2_Techniquement comment se passe le ciné-concert ? Vous jouez sur une version remontée du film ou son intégrale ? Vous laissez la bande son originale ? Les dialogues ? Comment vous placez-vous par rapport au public ?

On joue sur la version officielle du film, le long-métrage de 83 minutes. Sur scène, physiquement, le film prend beaucoup plus de place que nous, tout ramassés dans un coin du plateau. Comme on joue sur le film en Vostfr, on s'est permis à quelques reprises de remplacer le son de scènes parlées, puisque les sous-titres en Français nous le permettent sans perturber la compréhension de la scène. On joue parfois sur le son du film quand il n'y a que des dialogues, évidemment quand il y a de la musique dans le film notre ingé-son le coupe et on prend le relais. En composant on a essayé de ne pas prendre une place trop grande sur la bande son originale, on est vraiment là pour accompagner le film. Au final, on joue sur à peu près 50% de l'ensemble, soit des passages type « morceaux » comme les génériques, soit des passages d'ambiance.

3_Vous avez été marqués par d’autres musiciens qui pratiquent le ciné-concert avant de vous lancer ?

Oui, énormément, car nous avons eu la chance d'en voir beaucoup pendant notre scolarité grâce à un festival du film à Vendôme. Chaque année, une création ciné-concert était portée conjointement avec le festival des Rockomotives. On a ainsi pu voir des artistes comme Montgomery, Lætitia Sheriff ou Electric Electric expérimenter la chose. Ça nous a toujours donné envie d'en faire un nous aussi !

4_On l’oublie parfois mais le ciné-concert est un retour aux origines du cinéma comme spectacle forain. Vous aviez une grosse tournée qui a été forcement annulée et j’espère reportée. Ces ciné-concerts c’est l’occasion de jouer dans des endroits différents, de toucher un autre public ?

Oui effectivement, je pense qu'après une paire d'année à tourner, nous avions envie de changer un peu la modalité, et proposer un ciné-concert c'est sortir un peu petit peu du circuit des salles de concert pour d'autres salles noires. Même si nous le jouons beaucoup en salles de concerts, nous l'avons aussi joué sur des minuscules scènes de cinéma, avec des écrans gigantesques derrière nous, et c'est assez excitant. Il y a d'autres contraintes, d'autres publics qui découvrent notre musique par le biais du film de Carpenter, et on espère le présenter bientôt à d'avantage de festivals du film, de rencontres cinéma !

5_Vers quels styles vous porte votre cinéphilie ? Quelques films ou réalisateurs cultes ?

Pour ma part (Romain), je cultive lentement mais sûrement ma cinéphilie. J'aime beaucoup le cinéma de Louis Malle, Truffaut, Pialat, les films noirs américains, et Mary à tout prix est ma comédie préférée.

 

6_Des compositeurs de musiques de films de référence ?

Même si on ne s'est pas directement inspiré d'autres bandes-son pour composer Dark Star, l'une de nos préférées est celle d'Only Lovers Left Alive de Joseph Van Wissem. Pour ma part (Romain) j'aime énormément le travail de Warren Ellis et Nick Cave pour le cinéma. Côté français Il y a aussi de magnifiques choses de Florent Marchet pour le cinéma ces dernières années !

7_Vous seriez tentés de composer une bande originale de film ?

Je crois qu'on serait très flattés. Nous avons déjà eu commande d'une création de bande originale pour un documentaire en 2017, et c'était intéressant de découvrir ce travail interactif. Ce serait un projet super stimulant !

8_Une question « synthé » (on n’y coupe pas avec moi…), vous utilisez un Polivoks il me semble, la légende dit que ce grand ancien construit avec des composants électroniques militaires russes vit sa propre vie et est parfois incontrôlable, vous confirmez ? 

Hooooo oui. Je pense que ce synthé nous veut du mal. Il a envie de trémoler, il trémole. Il a envie de portamenter, il portamente. Mais quand il fait ce qu'on lui dit, (et au bon volume), il sonne vraiment bien. Il faut vendre son âme au diable mais ça vaut le coup !

9_Romain vient de sortir un album dans un registre un peu plus pop que Ropoporose sous le nom de Primevère (une des premières fleurs à sortir en hiver) c’est un bon présage je trouve !

Pauline, tu as aussi un projet solo ?

Hélas non je n'ai pas de projet solo ! Mais je suis une grande supportrice des courageux qui s'y lancent !

10_Vous préparez aussi un nouvel album de Ropoporose ?

Ce n'est pas à l'ordre du jour, même si on a quelques trucs de côté. Après huit ans bien denses passés à deux entre Ropoporose, Namdose ou Braziliers, on prend le temps de développer nos petites choses de notre côté. Mais on va continuer à présenter le ciné-concert sur toute l'année 2021, et après on verra !

11_ Je me rends régulièrement dans le Loir et Cher (dans le Blésois) vous auriez des lieux sympas à conseiller dans le Vendômois ?

Bien sûr ! Il faut faire la tournée des viticulteurs ! Le QG est à Thoré-la-Rochette, avec les domaines Braziliers (le Margot est une tuerie 100% pineau d'Aunis) et Colin notamment (note de SOP : oui, je confirme, les vins de Patrice Colin sont fabuleux !) Puis aller acheter des saucisses et du pâté à la ferme du petit Pont, à Azé. Et puis se promener à Vendôme avec les bras chargés de tout ça bien sûr, qui est une magnifique petite ville.

 

https://ropoporose.bandcamp.com/album/dark-star

https://ropoporose.bandcamp.com/

La bande annonce du film de John Carpenter :

https://www.youtube.com/watch?v=lwISbJfRNz0

L'album de Romain :
https://primevere.bandcamp.com/releases

ropoporose dark star.jpg

 

 

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14/12/2020

Anton Mobin & Harold Schellinx viennent de faire paraître l’album EC SPLIT 20


Anton Mobin & Harold Schellinx viennent de faire paraître l’album EC SPLIT 20 sur le label Electronic Cottage.

https://halmcgee.bandcamp.com/album/ec-split-20

 J’ai joué de nombreuses années avec Harold dans différents groupes d’improvisations bruitistes à géométrie variable où il excelle avec son armada de walkmans K7 et son fidèle synthétiseur Korg MS 20. Avec Anton nous avions formé en compagnie de mon ami E. Rebus un trio éphémère de chambres préparées « Solfège de l’Objet Ressort » dont les enregistrements doivent être encore disponibles sur un coin du net. Tous les deux sont très prolifiques et je vous invite fortement à vous rendre sur leurs sites pour ne rien manquer de leurs productions.

 C’est toujours agréable d’avoir des nouvelles des copains talentueux et encore davantage quand ils joignent leur créativité sur un projet commun : 

 Cut-up sampling, électro-acoustique brute, plunderphonics, bruit-collage, appelons comme on veut ce kaléidoscope musical de centaines d’extraits sonores très découpés et restructurés sur la partie de l’album composée par Anton, mis en scène et superposés dans des ambiances surréalistes dans la partie d’Harold.

 1_Pouvez-vous nous présenter Hal Mc Gee et son label Electronic Cottage qui vient de sortir votre album partagé EC SPLIT 20 ?

ANTON : Je dirais tout simplement que Hal McGee est une légende ! Une légende vivante et toujours bien (super) active de la scène Culture Cassette. Basé en Floride et présent dès le début des années 80, avec notamment son célèbre label cassette « Cause & Effect » (https://www.discogs.com/label/12395-Cause-and-Effect) qu’il pilotait avec Debbie Jaffe et avec qui il jouait en duo dans « Dog As Master ». Je me suis intéressé en premier a son label car des groupes que j’écoutais avaient sorti des disques chez lui, et notamment un artiste français important pour moi « Le Syndicat » (avec qui je joue maintenant en duo dans « Le Désordre » / en studio : https://middleeightrecordings.bandcamp.com/album/le-d-sordre-aaba-14 / en live : https://middleeightrecordings.bandcamp.com/album/le-d-sordre-en-live-aaba-22)

Hal est dans le contact, l’humain, la communauté, le mail art, l’échange et propose toujours des projets collectifs auquel chacun peut participer à condition de tomber sur l’info. D’une façon ou d’une autre, c’est dans une compilation Dictaphonia, parue en micro-cassette, que j’ai commencé à connecter avec Hal McGee en 2008/9. Et depuis, cette connexion tient dans le temps. Nous avons réalisé ensemble avec Hal un bon nombre de projet : « Damnation For Rent » en duo, « Microcassette Split »… en split MoMA et de nombreuses autres compilations.

 Electronic Collage était un magazine papier qui a publié six numéros entre 1989 et 1991 (https://en.wikipedia.org/wiki/Electronic_Cottage). Depuis… 5 ans (je dirais), Hal a relancé l’idée d’un Electronic Cottage version 2.0 et c’est devenu un site, https://www.electroniccottage.org et une communauté en ligne, plus qu’un label a proprement dit, qui se réunie sur un groupe fb… privé et limité à 125 membres pour faciliter les connexions et les interactions. Hal McGee a orchestré et publié 7 compilations et deux projets thématiques et les 29 « EC Splits » sur Bandcamp.
https://electroniccottage.bandcamp.com/indexpage

HAROLD : Je pense qu'Anton a fait une excellente introduction à Hal MCGee, en effet une figure clé dans la scène mondiale du bricolage et de l'expérimentation sonore "non académique", active depuis le début des années 1980. Je ne pense pas l'avoir déjà connu à cette époque, haha, mais c’est il y a si longtemps, il est possible que j'ai simplement oublié. Il a (à nouveau ?) commencé à m'envoyer des choses (par e-mail et par courrier physique —K7, collage, cartes, catalogues ...— il y a environ 10 ? 9 ? 8 ... ans, et (comme Anton et, d’autres de notre "bande", Emmanuel Rébus, Rinus van Alebeek, ...) j'ai participé à l'un de ses projets d'enregistrement sur microcassette, c’était en 2013, le "MOMA", haha, le " Museum of Microcassette Art". C'est en travaillant sur ce projet que j'ai eu l'idée pour mon " String Quartet with Windows, Open" qui dure 24 heures, et que j'ai réalisé juste après, un autre exemple de la façon dont Hal et son avalanche de projets "communautaires" peuvent inspirer et déclencher toutes sortes de choses. ( lien pour lire plus : http://www.harsmedia.com/SoundBlog/Archief/00813.php#moma )

Hal est hyperactif ( ;-)), très orienté vers la communauté et très insistant sur ce point. Je suis en principe beaucoup moins intéressé par des communautés d'artistes et la collaboration "aléatoire", mais Hal est si gentil et si insistant que moi aussi, comme Anton, je suis "glissé" dans cette version "en ligne et nouveau millénaire" de son Electronic Cottage. Et là alors, pour la série EC-Split, Hal mettait Anton et moi ensemble. Ça, c’était un coup de génie J

2_Expliquez-nous ce principe d’intersection qui relie vos morceaux d’une « face » à l’autre de l’album ?

“They were made in pairs, using what they call the 'intersection principle', a working method that resulted in these 2 x 12 highly personal compositions, all in the respective authors very own style, that, however, pairwise have a 'melodic' overlap -their intersection- and the exact same duration.”

 ANTON : Pour commencer, Hal avait lancé cette idée de projet en ligne, 58 artistes se sont inscrits et ensuite Hal a combiné les noms pour former 29 Splits. Pour ma part, je ne savais absolument pas que Harold était dans la liste, et lui ne devait pas savoir non plus que je m’étais inscrit. Donc, dans un premier temps, très belle surprise de découvrir mon binôme !

Pour le projet EC Split, il y avait un cahier des charges assez simple : un split = deux artistes = une partie de 30 minutes par artiste.

La première idée était surtout pour nous de trouver une astuce pour contourner cette première règle, que je trouvais trop restrictive de l’idée simple et classique du « split ». Je voulais qu’on trouve une façon de travailler ensemble et pas chacun dans son coin, « rendez-vous à la deadline! ».

Nous avons imaginé cette contrainte de création, un principe d’intersection et d’interaction sur le morceau de l’autre, que nous avons nommé « piste mélodique » et qui permet de définir précisément la durée de chaque morceau et de lui modeler une première structure mélodique, que le binôme doit prendre en compte dans sa composition, sans la laisser à entendre.

J’ai composé une piste mélodique pour le morceau numéro 1, composée de différents échantillons de « cuivres » (on dira). Cette piste est inhérente à ma composition et je compose avec. J’envoie cette piste à Harold ce qui lui a défini la durée du premier morceau, la tonalité de la mélodie, la couleur de l’instrument utilisé, les espaces entre le jeu, etc. Un témoin qui n’est au final pas utilisé dans sa composition. A partir de cette « influence » et de tous ces éléments musicaux, les deux morceaux sont liés et propose une double lecture qui nous a semblé parfait d’exploiter dans une idée de renouveler la forme du ‘split’.

La communication autour du projet a été quasi quotidienne avec Harold, avec un transfert de fichiers régulier.

Si on pousse plus loin l’expérience, il est donc possible d’écouter ma partie de 30 minutes, puis on peut écouter la partie d’Harold et puis on peut aussi écouter les deux parties en simultané ; soit sur deux lecteurs avec haut-parleurs dissociés, soit en effectuant le montage de superposition dans un éditeur sur l’ordinateur !

 3_Anton > Je connaissais plutôt ton travail avec tes chambres préparées (bois, métal, capteurs piézo), quelles techniques as-tu utilisées pour ces enregistrements ?

 ANTON : C’est vrai c’est totalement différent, beaucoup plus proche de ce que je faisais au début des années 2000 et dont la quasi-totalité est sorti (ou en ligne) sur H.A.K. Lo-Fi Record (http://h.a.k.free.fr ). En fait avec ce premier confinement, en mars 2020, j’ai ressenti un fort besoin de création, encore plus qu’auparavant, j’ai (malheureusement) trouvé le moment très inspirant, comme une urgence de faire des choses laissées en suspens, des idées de projets trop chronophage que l’on remet à plus tard.

Je ressentais aussi le besoin de revenir aux instruments à cordes (basse et guitare) et pendant 5 premiers mois de la pandémie je n’ai pas beaucoup joué de la « chambre préparée »; excepté pour le projet en duo avec Andrew Sharpley

 En mars 2020, j’ai senti que j’allais avoir le temps pour ce projet de composition « plunderphonics » sans avoir de méthode, mais juste avec l’envie d’un gros son et de sources aléatoires, non choisies. C’est alors que nait « Codex Cool X » avec une méthode d’enregistrement du son en « doomscrolling » sur les réseaux sociaux. Le premier volume du Codex Cool X est en ligne à cette adresse https://codexcoolx.bandcamp.com/releases et le long texte qui accompagne l’audio précise le process et l’intention.

 Pour « Principe d’Intersection », j’ai repris l’idée du doomscrolling pour les parties « sampling » de batterie et tout le reste est finalement joué en multipostes en studio. J’ai joué un peu de piano, du Moog, des vinyles, des cassettes, un peu d’electronics, de la basse et beaucoup de guitares. J’ai aussi utilisé des field recordings de ma collection et des bruitages.

Nous en avions parlé avec Harold et lui-même souhaitait utiliser ses field recordings réalisés depuis le confinement ; une occasion supplémentaire de créer du lien entre nos deux parties. Et bien entendu, période de confinement oblige, mon travail est plus que jamais ancré dans le quotidien, imprégné de notre vie en famille dû à l’accroissement de temps que nous avons eu ensemble à la maison.

 4_Harold >Toujours fidèle au travail direct sur les K7 ou tu as utilisé d’autres techniques ?

 HAROLD : Il n'y a que très, très peu de K7-play sur ces enregistrements. Je pense que la seule partie substantielle de « l'art du K7 » est celle où je manipule, sur un Sony TCM-200DV qui ne veut plus vraiment marcher, une K7 (trouvé dans mes archives très volumineuses, mais aussi très peu organisées,) sur laquelle je joue pendant une heure le vieux piano non accordé dans la maison de ma mère à Maastricht, enregistrée il y a presque 40(!) ans, le 6 août 1981.

En fait, tous mes "vieux et fidèles" dictaphones, ceux que j'ai utilisé pendant de nombreuses années sur scène, - tu les as souvent vu, et auxquels t’as aussi souvent participé - sont morts, ou sont irréparables et dans un tel état qu'ils ne produisent plus de son utile, quelle que soit la force avec laquelle je les frappe, haha.

Mais j'aime l'idée de cet effacement graduel par le temps, aussi de mon utilisation de certains outils et instruments. Tout s’efface peu à peu, et éventuellement disparaîtra, comme les sons sur les K7 poubelles, que je continue à ramasser dans les rues.

Ainsi, sur la plupart des morceaux de cet album (composés et édités comme Anton dans un logiciel audio multipistes sur mon ordinateur portable), à part un tout petit peu le Korg MS20, vous pouvez —peut-être une surprise— m'entendre jouer toute une gamme d'instruments traditionnels, comme des guitares acoustiques et électriques (j'ai en effet commencé ma carrière musicale à la fin des années 1970 comme guitariste et chanteur rock :), le piano acoustique, le toy-piano, un vieil orgue électronique, des percussions ...

Ensuite, en dehors des parts instrumentaux, j'ai utilisé quelques échantillons et une série de field recordings, faits en numérique, sur un vieux ZOOM. (Vieux, en effet, aussi celui-ci, dix ans au moins, probablement même plus...) Et beaucoup d'entre eux ont été enregistrés pendant les jours corona confinement.

Enfin, et c'est peut-être une autre surprise, aussi l'ordinateur est mon instrument (enfin, la deuxième phase de ma carrière musicale, au début des années 1980, était la composition (formelle) assistée par ordinateur à l'Institut néerlandais de Sonologie, haha ;-). Dans certaines parties de l'album, on peut alors entendre les résultats d'un codage (presque) en direct, et du collage audio ‘codé à la main’. Aussi, il y a quelques parties (bien importantes à mes yeux) que je n'aurais pas pu réaliser sans l'aide d’une intelligence artificielle (réseaux neurones), haha.
Laissez-moi m'en tenir là, et que les détails restent mon petit secret J

 

5_ Vous avez déjà eu l’occasion de jouer ensemble en concert ?

 

ANTON : Notre rencontre avec Harold eu lieu au Café de Paris le 14 décembre 2009 pour la première édition de Tales For Tapes. Harold jouait avec Diktat (avec Rinus van Alebeek, Emmanuel Rébus et Jean Bordé) et je jouais en duo avec Ayato dans Crash Duo : c'était le tout premier concert que j’ai organisé à paris.

Depuis cette date, nous avons joué ensemble de nombreuses fois lorsque je vivais à Paris.
Mais jamais en duo !

J’ai eu la chance de participer à de nombreux évènement « unPublic » (https://unpublic.bandcamp.com ) organisé par Harold à Paris ou à Bruxelles.

En 2012, nous avons eu l’idée de monter un quartet cassettes avec Emmanuel Rébus et Blenno Die Wurstbrücke qui se nommait X0=1. Nous avons d’ailleurs de superbes enregistrements studio de ce projet dans mon disque dur et nous avons joué en public à diverses reprises et notamment une très belle performance au Palais de Tokyo en 2014, pendant l’exposition de Thomas Hirschhorn.

En 2013, nous avons célébrer comme il se doit les 50 ans de la cassette audio avec différents événements online et en public, que nous avions nommé « 2013=C50 ».

Aussi, en 2015, Harold nous a fait l’immense honneur de nous inviter Jean-Jacques Duerinckx et moi-même à jouer en trio aux Ateliers Claus à Bruxelles pour la sortie de son livre « Ultra ».

Enfin, en 2015, nous avons joué en trio avec Emmanuel Rébus à Tapage Nocturne, sur les ondes de France Musique.

Et puis, en 2016 j’ai déménagé à Orléans…

6_ Actuellement quel vous semble être le meilleur (ou moins mauvais) moyen de distribuer au public nos musiques « underground » ? Quel retour par exemple de la mise en ligne via Bandcamp ?

ANTON : Au lancement de Bandcamp, je trouvais ça bien moche et peu original. J’ai même mis très longtemps à me lancer à créer un premier compte, puis un second… Pour maintenant en avoir un paquet ; pour chaque projet avec différents collaborateurs, un compte solo et un compte label.

Maintenant, j’écoute et achète beaucoup de musique (digitale et physique) sur cette plateforme.

De nos jours, et surement encore plus avec la période que nous traversons, cela me semble plus que judicieux de continuer à mettre en ligne sa musique et Bandcamp me semble être la meilleure option grand et vaste public. Soundcloud ne remplit plus ce rôle et je pense est en perdition totale.

Pour EC Split, la mise en ligne sur Bandcamp était un élément du cahier des charges du projet et encore une fois Hal McGee fait un travail remarquable, de justesse et de sens, puisqu’il rétribue tous les participants aux projects Electronic Cottage par des « royalties ».

Ce n’est pas tant la somme qui est intéressante, mais plutôt le sentiment de se savoir entre de bonnes mains lorsque l’on travaille avec Hal McGee, de faire partie d’une même famille.

Je trouve que la question de la « distribution » est complexe et reste un poids pour les artistes qui devrait plutôt être à la charge du label.

Je fais très peu de pub, com, promo sur mes sorties ; je les annonce une fois, deux fois avec des images différentes, les photos des objets physiques et puis c’est tout. Je ne sais pas comment faire donc je ne fais pas.

Pour ma part, je donne, j’offre énormément de disques ou cassettes, je distribue dans ce sens ; il faut que ça tourne d’une façon ou d’une autre. J’en envoie beaucoup par la poste à des potes musiciens  à l’étranger, des échanges, du mail art, les voix anciennes de la distribution.

Et puis, je distribue majoritairement pendant les concerts, bon…là, ça va être calme de ce côté-là, mais j’essaie toujours d’installer un stand de disques, cassettes à vendre lorsque je joue…

HAROLD : Je suis tout à fait d'accord avec les propos d'Anton. Bandcamp aujourd'hui, je trouve, est le seul moyen raisonnable de présenter et de distribuer de la musique en ligne. Je l'utilise beaucoup, pour la série unPublic (http://unpublic.bandcamp.com)  comme pour mes projets personnels, récents et passés (http://soundblog.bandcamp.com), dont certains sont encore disponibles en vinyle ou en K7, ou sont sortis à l'origine sous cette forme.

Mais parfois, je continue d'hésiter à juste mettre quelque chose en ligne. Comme (Topographic [Table] Topographique) (lire plus : http://www.harsmedia.com/SoundBlog/Archief/00763.php ), un album merveilleusement curieux que j'ai fait avec Jean-Jacques Duerinckx, que nous avons passé beaucoup de temps à enregistrer et à monter dans le studio de la Pianofabriek à Bruxelles, il y a presque dix ans maintenant, et qui n'a jamais vu le jour...

Je préfère toujours les formats physiques non numériques - livres, magazines, vinyles, K7, peut-être même CD - mais c'est cher et difficile à faire (et surtout à distribuer) soi-même, et je suis et ai toujours été un très mauvais promoteur et vendeur de mes propres produits, malheureusement.

7- Question de râleur : vous avez encore des platines K7 qui tournent ? Les miennes rendent l’âme (ou plutôt la courroie…) il me reste mon fidèle 4 pistes Tascam 424 heureusement…

ANTON : Pour ma part je suis encore bien équipé et c’est une nécessité absolue pour moi d’avoir encore tout ce matériel opérationnel, car je continue à sortir bon nombre de cassettes et aussi j’en achète beaucoup. Mais par contre il est vrai que le matériel que j’ai ne me permet plus de jouer des cassettes en live comme je le faisais il y a quelques années.

J’ai eu la chance il y a 3 ans de recevoir en cadeau par ma chérie une superbe double platine cassette Pioneer CT-W550R il y a 3 ans. Un plan Leboncoin, quand nous sommes arrivés chez la vendeuse, la machine était encore dans son carton d’origine, dans un état ultra neuf. Je suis le premier utilisateur de la platine, donc autant dire qu’elle tourne parfaitement, la section enregistrement est absolument nickel et j’ai donc pu dupliquer les cassettes du EC SPLIT 20 moi-même à la maison ! Une par une avec amour !

J’ai encore un dictaphone cassette opérationnel et que je j’utilise beaucoup en sampler. Le fameux Sony TCM 400 DV avec le speed control et le rec time. Il a tellement été trituré qu’on le sent en bout de course mais il fait encore des bons effets scratchy !

Et il me reste aussi deux dictaphones micro-cassette, toujours parfait en voyage ou pour dégainer rapidement.

J’ai encore un magnifique lecteur enregistreur portable Sony TC-D5M, type reportage old school, qui fonctionne très bien. J’ai d’ailleurs une anecdote avec Harold avec ce magnéto : puisque en 2015 nous étions programmé au NBT-Recyclart à Bruxelles pour un quintet avec Emmanuel Rébus, Jean-Jacques Duerinckx et Blenno Die Wurstbrücke et une personne a branché une lampe halogène sur ma barquette de prise (qui alimentaient mes magnétos) et bam ça a claqué les transfos juste avant de jouer. J’ai fait le concert avec les Walkmans qui étaient sur batterie. Et d’ailleurs une archive de cette performance a été compilé sur « Cassette Art #1 », première édition du label TAPism.

 HAROLD : Ha, ha, comme je l'ai déjà dit, presque tous mes dictaphones sont morts, à l'exception d'un merveilleux "Realistic CTR76" que j'ai reçu d'une amie qui l'a trouvé parmi les affaires que son père lui avait laissées à sa mort. J'essaie de pas autant maltraiter celui-là en concert que les autres. J'ai aussi encore une platine stéréo qui est en bon état et que j'utilise pour écouter les cassettes que je reçois, comme la belle K7 en édition limitée qu'Anton a faite de notre album Split.

Et puis, dans mon atelier, il y a un vieux lecteur de cassettes Philips "modifié" noir que j'utilise pour numériser les morceaux de cassette trouvés dans la rue. Enfin, j'ai récemment obtenu un baladeur de jogger auto-reverse Aïwa, acheté d'occasion en ligne à Taïwan, que j'utilise pour mon projet de Sudoku-K7. (lire plus : http://www.harsmedia.com/SoundBlog/Archief/00854.php )

Donc parfois je les reçois, parfois je les trouve. Mais (à part l'auto-reverse dont j'ai eu besoin pour les Sudoku) je ne les cherche pas activement. Ce que j'obtiens, c'est ce que j'obtiens... J

 8_ Quels sont vos autres projets en cours à chacun ?

 ANTON :

  • « Principe d’Intersection 2 » avec Harold a été évoqué…

 - Le projet avec Andrew Sharpley ((Stock, Hausen & Walkman), « Vol.2 » est en cogitation…

«Vol.1» sorti sur le label anglais Steep Gloss https://steepgloss.bandcamp.com/album/vol-1

 - Un projet avec le vocaliste mexicain Rodrigo Ambriz est en cours…

https://rodrigoambriz.bandcamp.com/releases

 - Un projet avec Ed End du Colibri Nécrophile est en cours…

https://www.discogs.com/label/80537-Le-Colibri-Nécrophile

 - Récemment Andy Bolus (Evil Moisture) m’a proposé de fournir du son pour son prochain film, codirigé par Eve Bitoun, alors je vais m’atteler à cette cool proposition !

https://evilmoisture.bandcamp.com/music

 - Et le gros projet en ce moment c’est relancé un programme radio en ligne, c’est l’activité qui me manque le plus. J’ai fait un break d’internet à la maison pendant quasi 5 années, nous venons juste d’installer la fibre alors je relance cette activité radio. Ce sera sur le site des Krashboyz de Rennes (https://krashboyz.org/blog/ ) sur invitation de IsAAAc, qui vient juste de me fournir mes codes d’accès, c’est assez excitant. ça me rappelle évidemment 4 superbes années de homeradio avec les « A Maïzing Session With… » (https://amswkkwne.blogspot.com ) avec 100 concerts en appartement. Je planche donc sur une forme, peut-être avec une grille et je commence juste à fabriquer du contenu.

 HAROLD : Moi aussi je pense effectivement que cette période bizarre —avec ce curieux virus, le confinement et notre monde dans un état qui tente de plus en plus vers un dys- au lieu de l’u-topia qu’on parfois s’imaginait— au moins donne un boost à la créativité …

Prévu de mon côté à courte terme :

On continue bien sûr les enregistrements et les albums Bandcamp dans la série ‘unPublic’, actuellement à sa 70- ième édition.

‘l’Histoire d’Art’ (Art History), une série de morceaux sonores assez conceptuel, totalement basée sur les enregistrements des cours en licence histoire d’art à la Sorbonne, fait par WeiWei sur son iPhone.
Sortie en ligne sur Bandcamp, mais très probablement il y aura aussi une édition physique, soit K7, soit CD (presque tout est fini, actuellement je discute ce projet avec un label ; on négocie encore, alors je ne dis pas lequel 
J )

K7-Sudoku, série de morceaux sérielles pour dictaphone avec bouton auto-reverse, utilisant des K7 de mon archive, souvent enregistrées il y a longtemps (les plus vieux datent du début des années 1970). Sortie sur Bandcamp, je pense le mien, mais pas forcément ; début janvier 2021.

ookoi, un livre encyclopédique avec exactement 1024 paragraphes, (sur papier !) qui racontera l’histoire et décrira tous les œuvres d’ookoi, ma collaboration artistique avec mon ami de longue date Peter Mertens. ookoi trouve ses racines à Amsterdam fin des années 1970, dans ‘The Young Lions’, groupe mythique de la scène post-punk expérimentale néerlandaise. C’est une collaboration en duo qui continue jusqu’à aujourd’hui. En musique, mais également en vidéo, performance, programmation, applications iPhone, et bien plus encore …

 Hal McGee m’a invité, et j’ai accepté, d’enregistrer tout le long de ce mois de Décembre 2020 deux heures de matériel sonore, à utiliser dans une édition combinée de ses assemblages aléatoires dictaphoniques…

Au fait, aussi Hal s’appelle Harold, alors ça sera une sorte de ‘Harold Square,’ un longue cut-up sonore de nos deux vies quotidiennes, l’un à Gainesville en Floride, l’autre à Montreuil au bord de Paris. Sortie sur le label Bandcamp de Hal, janvier 2021.

 Et finalement, oui! Avec Anton on risque de se mettre à la création d’un « Principe d’Intersection 2 » … à suivre alors …

 

EC SPLIT 20.jpg

 

 

 

 

 

13:45 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)