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14/12/2020

Anton Mobin & Harold Schellinx viennent de faire paraître l’album EC SPLIT 20


Anton Mobin & Harold Schellinx viennent de faire paraître l’album EC SPLIT 20 sur le label Electronic Cottage.

https://halmcgee.bandcamp.com/album/ec-split-20

 J’ai joué de nombreuses années avec Harold dans différents groupes d’improvisations bruitistes à géométrie variable où il excelle avec son armada de walkmans K7 et son fidèle synthétiseur Korg MS 20. Avec Anton nous avions formé en compagnie de mon ami E. Rebus un trio éphémère de chambres préparées « Solfège de l’Objet Ressort » dont les enregistrements doivent être encore disponibles sur un coin du net. Tous les deux sont très prolifiques et je vous invite fortement à vous rendre sur leurs sites pour ne rien manquer de leurs productions.

 C’est toujours agréable d’avoir des nouvelles des copains talentueux et encore davantage quand ils joignent leur créativité sur un projet commun : 

 Cut-up sampling, électro-acoustique brute, plunderphonics, bruit-collage, appelons comme on veut ce kaléidoscope musical de centaines d’extraits sonores très découpés et restructurés sur la partie de l’album composée par Anton, mis en scène et superposés dans des ambiances surréalistes dans la partie d’Harold.

 1_Pouvez-vous nous présenter Hal Mc Gee et son label Electronic Cottage qui vient de sortir votre album partagé EC SPLIT 20 ?

ANTON : Je dirais tout simplement que Hal McGee est une légende ! Une légende vivante et toujours bien (super) active de la scène Culture Cassette. Basé en Floride et présent dès le début des années 80, avec notamment son célèbre label cassette « Cause & Effect » (https://www.discogs.com/label/12395-Cause-and-Effect) qu’il pilotait avec Debbie Jaffe et avec qui il jouait en duo dans « Dog As Master ». Je me suis intéressé en premier a son label car des groupes que j’écoutais avaient sorti des disques chez lui, et notamment un artiste français important pour moi « Le Syndicat » (avec qui je joue maintenant en duo dans « Le Désordre » / en studio : https://middleeightrecordings.bandcamp.com/album/le-d-sordre-aaba-14 / en live : https://middleeightrecordings.bandcamp.com/album/le-d-sordre-en-live-aaba-22)

Hal est dans le contact, l’humain, la communauté, le mail art, l’échange et propose toujours des projets collectifs auquel chacun peut participer à condition de tomber sur l’info. D’une façon ou d’une autre, c’est dans une compilation Dictaphonia, parue en micro-cassette, que j’ai commencé à connecter avec Hal McGee en 2008/9. Et depuis, cette connexion tient dans le temps. Nous avons réalisé ensemble avec Hal un bon nombre de projet : « Damnation For Rent » en duo, « Microcassette Split »… en split MoMA et de nombreuses autres compilations.

 Electronic Collage était un magazine papier qui a publié six numéros entre 1989 et 1991 (https://en.wikipedia.org/wiki/Electronic_Cottage). Depuis… 5 ans (je dirais), Hal a relancé l’idée d’un Electronic Cottage version 2.0 et c’est devenu un site, https://www.electroniccottage.org et une communauté en ligne, plus qu’un label a proprement dit, qui se réunie sur un groupe fb… privé et limité à 125 membres pour faciliter les connexions et les interactions. Hal McGee a orchestré et publié 7 compilations et deux projets thématiques et les 29 « EC Splits » sur Bandcamp.
https://electroniccottage.bandcamp.com/indexpage

HAROLD : Je pense qu'Anton a fait une excellente introduction à Hal MCGee, en effet une figure clé dans la scène mondiale du bricolage et de l'expérimentation sonore "non académique", active depuis le début des années 1980. Je ne pense pas l'avoir déjà connu à cette époque, haha, mais c’est il y a si longtemps, il est possible que j'ai simplement oublié. Il a (à nouveau ?) commencé à m'envoyer des choses (par e-mail et par courrier physique —K7, collage, cartes, catalogues ...— il y a environ 10 ? 9 ? 8 ... ans, et (comme Anton et, d’autres de notre "bande", Emmanuel Rébus, Rinus van Alebeek, ...) j'ai participé à l'un de ses projets d'enregistrement sur microcassette, c’était en 2013, le "MOMA", haha, le " Museum of Microcassette Art". C'est en travaillant sur ce projet que j'ai eu l'idée pour mon " String Quartet with Windows, Open" qui dure 24 heures, et que j'ai réalisé juste après, un autre exemple de la façon dont Hal et son avalanche de projets "communautaires" peuvent inspirer et déclencher toutes sortes de choses. ( lien pour lire plus : http://www.harsmedia.com/SoundBlog/Archief/00813.php#moma )

Hal est hyperactif ( ;-)), très orienté vers la communauté et très insistant sur ce point. Je suis en principe beaucoup moins intéressé par des communautés d'artistes et la collaboration "aléatoire", mais Hal est si gentil et si insistant que moi aussi, comme Anton, je suis "glissé" dans cette version "en ligne et nouveau millénaire" de son Electronic Cottage. Et là alors, pour la série EC-Split, Hal mettait Anton et moi ensemble. Ça, c’était un coup de génie J

2_Expliquez-nous ce principe d’intersection qui relie vos morceaux d’une « face » à l’autre de l’album ?

“They were made in pairs, using what they call the 'intersection principle', a working method that resulted in these 2 x 12 highly personal compositions, all in the respective authors very own style, that, however, pairwise have a 'melodic' overlap -their intersection- and the exact same duration.”

 ANTON : Pour commencer, Hal avait lancé cette idée de projet en ligne, 58 artistes se sont inscrits et ensuite Hal a combiné les noms pour former 29 Splits. Pour ma part, je ne savais absolument pas que Harold était dans la liste, et lui ne devait pas savoir non plus que je m’étais inscrit. Donc, dans un premier temps, très belle surprise de découvrir mon binôme !

Pour le projet EC Split, il y avait un cahier des charges assez simple : un split = deux artistes = une partie de 30 minutes par artiste.

La première idée était surtout pour nous de trouver une astuce pour contourner cette première règle, que je trouvais trop restrictive de l’idée simple et classique du « split ». Je voulais qu’on trouve une façon de travailler ensemble et pas chacun dans son coin, « rendez-vous à la deadline! ».

Nous avons imaginé cette contrainte de création, un principe d’intersection et d’interaction sur le morceau de l’autre, que nous avons nommé « piste mélodique » et qui permet de définir précisément la durée de chaque morceau et de lui modeler une première structure mélodique, que le binôme doit prendre en compte dans sa composition, sans la laisser à entendre.

J’ai composé une piste mélodique pour le morceau numéro 1, composée de différents échantillons de « cuivres » (on dira). Cette piste est inhérente à ma composition et je compose avec. J’envoie cette piste à Harold ce qui lui a défini la durée du premier morceau, la tonalité de la mélodie, la couleur de l’instrument utilisé, les espaces entre le jeu, etc. Un témoin qui n’est au final pas utilisé dans sa composition. A partir de cette « influence » et de tous ces éléments musicaux, les deux morceaux sont liés et propose une double lecture qui nous a semblé parfait d’exploiter dans une idée de renouveler la forme du ‘split’.

La communication autour du projet a été quasi quotidienne avec Harold, avec un transfert de fichiers régulier.

Si on pousse plus loin l’expérience, il est donc possible d’écouter ma partie de 30 minutes, puis on peut écouter la partie d’Harold et puis on peut aussi écouter les deux parties en simultané ; soit sur deux lecteurs avec haut-parleurs dissociés, soit en effectuant le montage de superposition dans un éditeur sur l’ordinateur !

 3_Anton > Je connaissais plutôt ton travail avec tes chambres préparées (bois, métal, capteurs piézo), quelles techniques as-tu utilisées pour ces enregistrements ?

 ANTON : C’est vrai c’est totalement différent, beaucoup plus proche de ce que je faisais au début des années 2000 et dont la quasi-totalité est sorti (ou en ligne) sur H.A.K. Lo-Fi Record (http://h.a.k.free.fr ). En fait avec ce premier confinement, en mars 2020, j’ai ressenti un fort besoin de création, encore plus qu’auparavant, j’ai (malheureusement) trouvé le moment très inspirant, comme une urgence de faire des choses laissées en suspens, des idées de projets trop chronophage que l’on remet à plus tard.

Je ressentais aussi le besoin de revenir aux instruments à cordes (basse et guitare) et pendant 5 premiers mois de la pandémie je n’ai pas beaucoup joué de la « chambre préparée »; excepté pour le projet en duo avec Andrew Sharpley

 En mars 2020, j’ai senti que j’allais avoir le temps pour ce projet de composition « plunderphonics » sans avoir de méthode, mais juste avec l’envie d’un gros son et de sources aléatoires, non choisies. C’est alors que nait « Codex Cool X » avec une méthode d’enregistrement du son en « doomscrolling » sur les réseaux sociaux. Le premier volume du Codex Cool X est en ligne à cette adresse https://codexcoolx.bandcamp.com/releases et le long texte qui accompagne l’audio précise le process et l’intention.

 Pour « Principe d’Intersection », j’ai repris l’idée du doomscrolling pour les parties « sampling » de batterie et tout le reste est finalement joué en multipostes en studio. J’ai joué un peu de piano, du Moog, des vinyles, des cassettes, un peu d’electronics, de la basse et beaucoup de guitares. J’ai aussi utilisé des field recordings de ma collection et des bruitages.

Nous en avions parlé avec Harold et lui-même souhaitait utiliser ses field recordings réalisés depuis le confinement ; une occasion supplémentaire de créer du lien entre nos deux parties. Et bien entendu, période de confinement oblige, mon travail est plus que jamais ancré dans le quotidien, imprégné de notre vie en famille dû à l’accroissement de temps que nous avons eu ensemble à la maison.

 4_Harold >Toujours fidèle au travail direct sur les K7 ou tu as utilisé d’autres techniques ?

 HAROLD : Il n'y a que très, très peu de K7-play sur ces enregistrements. Je pense que la seule partie substantielle de « l'art du K7 » est celle où je manipule, sur un Sony TCM-200DV qui ne veut plus vraiment marcher, une K7 (trouvé dans mes archives très volumineuses, mais aussi très peu organisées,) sur laquelle je joue pendant une heure le vieux piano non accordé dans la maison de ma mère à Maastricht, enregistrée il y a presque 40(!) ans, le 6 août 1981.

En fait, tous mes "vieux et fidèles" dictaphones, ceux que j'ai utilisé pendant de nombreuses années sur scène, - tu les as souvent vu, et auxquels t’as aussi souvent participé - sont morts, ou sont irréparables et dans un tel état qu'ils ne produisent plus de son utile, quelle que soit la force avec laquelle je les frappe, haha.

Mais j'aime l'idée de cet effacement graduel par le temps, aussi de mon utilisation de certains outils et instruments. Tout s’efface peu à peu, et éventuellement disparaîtra, comme les sons sur les K7 poubelles, que je continue à ramasser dans les rues.

Ainsi, sur la plupart des morceaux de cet album (composés et édités comme Anton dans un logiciel audio multipistes sur mon ordinateur portable), à part un tout petit peu le Korg MS20, vous pouvez —peut-être une surprise— m'entendre jouer toute une gamme d'instruments traditionnels, comme des guitares acoustiques et électriques (j'ai en effet commencé ma carrière musicale à la fin des années 1970 comme guitariste et chanteur rock :), le piano acoustique, le toy-piano, un vieil orgue électronique, des percussions ...

Ensuite, en dehors des parts instrumentaux, j'ai utilisé quelques échantillons et une série de field recordings, faits en numérique, sur un vieux ZOOM. (Vieux, en effet, aussi celui-ci, dix ans au moins, probablement même plus...) Et beaucoup d'entre eux ont été enregistrés pendant les jours corona confinement.

Enfin, et c'est peut-être une autre surprise, aussi l'ordinateur est mon instrument (enfin, la deuxième phase de ma carrière musicale, au début des années 1980, était la composition (formelle) assistée par ordinateur à l'Institut néerlandais de Sonologie, haha ;-). Dans certaines parties de l'album, on peut alors entendre les résultats d'un codage (presque) en direct, et du collage audio ‘codé à la main’. Aussi, il y a quelques parties (bien importantes à mes yeux) que je n'aurais pas pu réaliser sans l'aide d’une intelligence artificielle (réseaux neurones), haha.
Laissez-moi m'en tenir là, et que les détails restent mon petit secret J

 

5_ Vous avez déjà eu l’occasion de jouer ensemble en concert ?

 

ANTON : Notre rencontre avec Harold eu lieu au Café de Paris le 14 décembre 2009 pour la première édition de Tales For Tapes. Harold jouait avec Diktat (avec Rinus van Alebeek, Emmanuel Rébus et Jean Bordé) et je jouais en duo avec Ayato dans Crash Duo : c'était le tout premier concert que j’ai organisé à paris.

Depuis cette date, nous avons joué ensemble de nombreuses fois lorsque je vivais à Paris.
Mais jamais en duo !

J’ai eu la chance de participer à de nombreux évènement « unPublic » (https://unpublic.bandcamp.com ) organisé par Harold à Paris ou à Bruxelles.

En 2012, nous avons eu l’idée de monter un quartet cassettes avec Emmanuel Rébus et Blenno Die Wurstbrücke qui se nommait X0=1. Nous avons d’ailleurs de superbes enregistrements studio de ce projet dans mon disque dur et nous avons joué en public à diverses reprises et notamment une très belle performance au Palais de Tokyo en 2014, pendant l’exposition de Thomas Hirschhorn.

En 2013, nous avons célébrer comme il se doit les 50 ans de la cassette audio avec différents événements online et en public, que nous avions nommé « 2013=C50 ».

Aussi, en 2015, Harold nous a fait l’immense honneur de nous inviter Jean-Jacques Duerinckx et moi-même à jouer en trio aux Ateliers Claus à Bruxelles pour la sortie de son livre « Ultra ».

Enfin, en 2015, nous avons joué en trio avec Emmanuel Rébus à Tapage Nocturne, sur les ondes de France Musique.

Et puis, en 2016 j’ai déménagé à Orléans…

6_ Actuellement quel vous semble être le meilleur (ou moins mauvais) moyen de distribuer au public nos musiques « underground » ? Quel retour par exemple de la mise en ligne via Bandcamp ?

ANTON : Au lancement de Bandcamp, je trouvais ça bien moche et peu original. J’ai même mis très longtemps à me lancer à créer un premier compte, puis un second… Pour maintenant en avoir un paquet ; pour chaque projet avec différents collaborateurs, un compte solo et un compte label.

Maintenant, j’écoute et achète beaucoup de musique (digitale et physique) sur cette plateforme.

De nos jours, et surement encore plus avec la période que nous traversons, cela me semble plus que judicieux de continuer à mettre en ligne sa musique et Bandcamp me semble être la meilleure option grand et vaste public. Soundcloud ne remplit plus ce rôle et je pense est en perdition totale.

Pour EC Split, la mise en ligne sur Bandcamp était un élément du cahier des charges du projet et encore une fois Hal McGee fait un travail remarquable, de justesse et de sens, puisqu’il rétribue tous les participants aux projects Electronic Cottage par des « royalties ».

Ce n’est pas tant la somme qui est intéressante, mais plutôt le sentiment de se savoir entre de bonnes mains lorsque l’on travaille avec Hal McGee, de faire partie d’une même famille.

Je trouve que la question de la « distribution » est complexe et reste un poids pour les artistes qui devrait plutôt être à la charge du label.

Je fais très peu de pub, com, promo sur mes sorties ; je les annonce une fois, deux fois avec des images différentes, les photos des objets physiques et puis c’est tout. Je ne sais pas comment faire donc je ne fais pas.

Pour ma part, je donne, j’offre énormément de disques ou cassettes, je distribue dans ce sens ; il faut que ça tourne d’une façon ou d’une autre. J’en envoie beaucoup par la poste à des potes musiciens  à l’étranger, des échanges, du mail art, les voix anciennes de la distribution.

Et puis, je distribue majoritairement pendant les concerts, bon…là, ça va être calme de ce côté-là, mais j’essaie toujours d’installer un stand de disques, cassettes à vendre lorsque je joue…

HAROLD : Je suis tout à fait d'accord avec les propos d'Anton. Bandcamp aujourd'hui, je trouve, est le seul moyen raisonnable de présenter et de distribuer de la musique en ligne. Je l'utilise beaucoup, pour la série unPublic (http://unpublic.bandcamp.com)  comme pour mes projets personnels, récents et passés (http://soundblog.bandcamp.com), dont certains sont encore disponibles en vinyle ou en K7, ou sont sortis à l'origine sous cette forme.

Mais parfois, je continue d'hésiter à juste mettre quelque chose en ligne. Comme (Topographic [Table] Topographique) (lire plus : http://www.harsmedia.com/SoundBlog/Archief/00763.php ), un album merveilleusement curieux que j'ai fait avec Jean-Jacques Duerinckx, que nous avons passé beaucoup de temps à enregistrer et à monter dans le studio de la Pianofabriek à Bruxelles, il y a presque dix ans maintenant, et qui n'a jamais vu le jour...

Je préfère toujours les formats physiques non numériques - livres, magazines, vinyles, K7, peut-être même CD - mais c'est cher et difficile à faire (et surtout à distribuer) soi-même, et je suis et ai toujours été un très mauvais promoteur et vendeur de mes propres produits, malheureusement.

7- Question de râleur : vous avez encore des platines K7 qui tournent ? Les miennes rendent l’âme (ou plutôt la courroie…) il me reste mon fidèle 4 pistes Tascam 424 heureusement…

ANTON : Pour ma part je suis encore bien équipé et c’est une nécessité absolue pour moi d’avoir encore tout ce matériel opérationnel, car je continue à sortir bon nombre de cassettes et aussi j’en achète beaucoup. Mais par contre il est vrai que le matériel que j’ai ne me permet plus de jouer des cassettes en live comme je le faisais il y a quelques années.

J’ai eu la chance il y a 3 ans de recevoir en cadeau par ma chérie une superbe double platine cassette Pioneer CT-W550R il y a 3 ans. Un plan Leboncoin, quand nous sommes arrivés chez la vendeuse, la machine était encore dans son carton d’origine, dans un état ultra neuf. Je suis le premier utilisateur de la platine, donc autant dire qu’elle tourne parfaitement, la section enregistrement est absolument nickel et j’ai donc pu dupliquer les cassettes du EC SPLIT 20 moi-même à la maison ! Une par une avec amour !

J’ai encore un dictaphone cassette opérationnel et que je j’utilise beaucoup en sampler. Le fameux Sony TCM 400 DV avec le speed control et le rec time. Il a tellement été trituré qu’on le sent en bout de course mais il fait encore des bons effets scratchy !

Et il me reste aussi deux dictaphones micro-cassette, toujours parfait en voyage ou pour dégainer rapidement.

J’ai encore un magnifique lecteur enregistreur portable Sony TC-D5M, type reportage old school, qui fonctionne très bien. J’ai d’ailleurs une anecdote avec Harold avec ce magnéto : puisque en 2015 nous étions programmé au NBT-Recyclart à Bruxelles pour un quintet avec Emmanuel Rébus, Jean-Jacques Duerinckx et Blenno Die Wurstbrücke et une personne a branché une lampe halogène sur ma barquette de prise (qui alimentaient mes magnétos) et bam ça a claqué les transfos juste avant de jouer. J’ai fait le concert avec les Walkmans qui étaient sur batterie. Et d’ailleurs une archive de cette performance a été compilé sur « Cassette Art #1 », première édition du label TAPism.

 HAROLD : Ha, ha, comme je l'ai déjà dit, presque tous mes dictaphones sont morts, à l'exception d'un merveilleux "Realistic CTR76" que j'ai reçu d'une amie qui l'a trouvé parmi les affaires que son père lui avait laissées à sa mort. J'essaie de pas autant maltraiter celui-là en concert que les autres. J'ai aussi encore une platine stéréo qui est en bon état et que j'utilise pour écouter les cassettes que je reçois, comme la belle K7 en édition limitée qu'Anton a faite de notre album Split.

Et puis, dans mon atelier, il y a un vieux lecteur de cassettes Philips "modifié" noir que j'utilise pour numériser les morceaux de cassette trouvés dans la rue. Enfin, j'ai récemment obtenu un baladeur de jogger auto-reverse Aïwa, acheté d'occasion en ligne à Taïwan, que j'utilise pour mon projet de Sudoku-K7. (lire plus : http://www.harsmedia.com/SoundBlog/Archief/00854.php )

Donc parfois je les reçois, parfois je les trouve. Mais (à part l'auto-reverse dont j'ai eu besoin pour les Sudoku) je ne les cherche pas activement. Ce que j'obtiens, c'est ce que j'obtiens... J

 8_ Quels sont vos autres projets en cours à chacun ?

 ANTON :

  • « Principe d’Intersection 2 » avec Harold a été évoqué…

 - Le projet avec Andrew Sharpley ((Stock, Hausen & Walkman), « Vol.2 » est en cogitation…

«Vol.1» sorti sur le label anglais Steep Gloss https://steepgloss.bandcamp.com/album/vol-1

 - Un projet avec le vocaliste mexicain Rodrigo Ambriz est en cours…

https://rodrigoambriz.bandcamp.com/releases

 - Un projet avec Ed End du Colibri Nécrophile est en cours…

https://www.discogs.com/label/80537-Le-Colibri-Nécrophile

 - Récemment Andy Bolus (Evil Moisture) m’a proposé de fournir du son pour son prochain film, codirigé par Eve Bitoun, alors je vais m’atteler à cette cool proposition !

https://evilmoisture.bandcamp.com/music

 - Et le gros projet en ce moment c’est relancé un programme radio en ligne, c’est l’activité qui me manque le plus. J’ai fait un break d’internet à la maison pendant quasi 5 années, nous venons juste d’installer la fibre alors je relance cette activité radio. Ce sera sur le site des Krashboyz de Rennes (https://krashboyz.org/blog/ ) sur invitation de IsAAAc, qui vient juste de me fournir mes codes d’accès, c’est assez excitant. ça me rappelle évidemment 4 superbes années de homeradio avec les « A Maïzing Session With… » (https://amswkkwne.blogspot.com ) avec 100 concerts en appartement. Je planche donc sur une forme, peut-être avec une grille et je commence juste à fabriquer du contenu.

 HAROLD : Moi aussi je pense effectivement que cette période bizarre —avec ce curieux virus, le confinement et notre monde dans un état qui tente de plus en plus vers un dys- au lieu de l’u-topia qu’on parfois s’imaginait— au moins donne un boost à la créativité …

Prévu de mon côté à courte terme :

On continue bien sûr les enregistrements et les albums Bandcamp dans la série ‘unPublic’, actuellement à sa 70- ième édition.

‘l’Histoire d’Art’ (Art History), une série de morceaux sonores assez conceptuel, totalement basée sur les enregistrements des cours en licence histoire d’art à la Sorbonne, fait par WeiWei sur son iPhone.
Sortie en ligne sur Bandcamp, mais très probablement il y aura aussi une édition physique, soit K7, soit CD (presque tout est fini, actuellement je discute ce projet avec un label ; on négocie encore, alors je ne dis pas lequel 
J )

K7-Sudoku, série de morceaux sérielles pour dictaphone avec bouton auto-reverse, utilisant des K7 de mon archive, souvent enregistrées il y a longtemps (les plus vieux datent du début des années 1970). Sortie sur Bandcamp, je pense le mien, mais pas forcément ; début janvier 2021.

ookoi, un livre encyclopédique avec exactement 1024 paragraphes, (sur papier !) qui racontera l’histoire et décrira tous les œuvres d’ookoi, ma collaboration artistique avec mon ami de longue date Peter Mertens. ookoi trouve ses racines à Amsterdam fin des années 1970, dans ‘The Young Lions’, groupe mythique de la scène post-punk expérimentale néerlandaise. C’est une collaboration en duo qui continue jusqu’à aujourd’hui. En musique, mais également en vidéo, performance, programmation, applications iPhone, et bien plus encore …

 Hal McGee m’a invité, et j’ai accepté, d’enregistrer tout le long de ce mois de Décembre 2020 deux heures de matériel sonore, à utiliser dans une édition combinée de ses assemblages aléatoires dictaphoniques…

Au fait, aussi Hal s’appelle Harold, alors ça sera une sorte de ‘Harold Square,’ un longue cut-up sonore de nos deux vies quotidiennes, l’un à Gainesville en Floride, l’autre à Montreuil au bord de Paris. Sortie sur le label Bandcamp de Hal, janvier 2021.

 Et finalement, oui! Avec Anton on risque de se mettre à la création d’un « Principe d’Intersection 2 » … à suivre alors …

 

EC SPLIT 20.jpg

 

 

 

 

 

13:45 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

06/12/2020

Rencontre du type d'Histoire de la Science-Fiction

Cette semaine je vous propose de vous téléporter vers la page Histoire de la Science-Fiction.

 

https://www.facebook.com/chronologiesciencefiction

 

1_Peux-tu te présenter ? Quand as-tu débuté ta page et ton blog ?

Quelle approche proposes-tu de l’histoire de la science-fiction ?

Tout d'abord Bonjour et merci pour ton invitation ! Je suis Yann j'ai 50 ans et sur la planète Terre je suis chargé de communication, webmaster et infographiste.

 J'ai démarré la page Facebook et le Blog je pense fin 2018. En fait je m'étais rendu compte que dans mes lectures, au cinéma, dans les séries, la SF avait toujours été présente et c’était le genre que j'affectionnais tout particulièrement. En faisant quelques recherches sur le web, je ne trouvais pas de sites/ blogs etc. qui pouvaient regrouper tous les supports médias qui parlent de la SF... Il fallait surfer entre un site sur les films, un site sur les livres etc.

Ce fut en quelque sorte le déclic.

 Et puis j'aime les chronologies... Je gère également une page Facebook sur l'histoire de la musique électro (1) et du rock prog. (2) Ce qui m'intéresse au travers d'une timeline c'est de voir et découvrir les évolutions d'un style tout au long des époques.

 J'ai donc tout naturellement eu envie de regrouper et dans l'ordre chronologique tout ce qui peut toucher à la SF : romans, films, série, BD mais aussi les jeux de sociétés, les jeux vidéo et très récemment la musique.  Voilà comment est née "La Grande aventure de la science-fiction" !

 En fait j'avais envie de répondre à mes propres questions : " Mais au fait le genre SF il démarre quand ? " Quel est le 1er livre de SF, le 1er film, etc .. Quelles sont les grandes époques SF et de quoi les auteurs parlent ... La SF des années 30 n'est pas la même que celle des années 50 ...

 Je me considère plus comme un bibliothécaire ou collectionneur que comme critique ou journaliste ... "L'histoire de la Science-fiction" c'est un peu une grande bibliothèque ouverte à tous et participative. A chacun, au travers des œuvres disponibles, commentées et parfois abondées avec des documentaires, des vidéos, des images de se faire son idée de "Sa SF".

2_Tu participes à d’autres sites / revues / fanzines ?

Non pas pour le moment, mais la porte est ouverte...

Après c'est aussi un problème de temps...

J'en profite pour préciser que sur la page facebook et le blog 90% des "chroniques" ne sont pas de moi.  A chaque fois je cite la / les sources. Tellement de fans, journalistes, bloggeurs ont déjà écrit sur ces œuvres et avec une belle écriture que je ne me voyais pas... comment dire... refaire en moins bien. Et puis comme je disais précédemment c'est d'abord une bibliothèque ... Cela permet aussi de mettre en avant ces auteurs de chroniques, leur blog, leur site … 

3_Je suppose que tu es tombé dans la marmite à l’adolescence quelles œuvres t’ont marqué au début ? Tu y es venu par le livre ? La BD ? Le ciné ? Les séries télé ?

En fait je suis surtout tombé amoureux du cinéma. J'ai eu la chance étant gosse de passer des week-ends avec ma grand-mère et elle m’emmenait au cinéma le samedi soir … on était en 1977 / 1981 à peu près … J'ai donc vu le Superman de Richard Donner, Le trou noir, évidement Star Wars et le Gendarme et les extra-terrestres …

 Mad Max II et Blade Runner m'ont fortement marqué …

 Je lisais également beaucoup de BD et de Comics … Valerian en BD reste une évidence et une obligation de lecture.  Et puis le magazine / Comics « Strange » où j'ai découvert l'univers Marvel …

 A la TV je ne pouvais pas rater un épisode de « la 4ème dimension » ou encore « Galactica » et « Cosmos 99 ». La TV a aussi apporté les séries animées Japonaise et grâce à elles plus tard les mangas … Mais Albator reste pour moi une grande influence, cet animé évoque tellement de thématiques différentes …

 Donc pour te répondre je suis venu à la SF plutôt par le cinéma et la BD …

4_ Sur ta page tu proposes pas mal d’entrées musicales et la pop aventureuse des années 70, le rock progressif y sont bien représentés quels sont les groupes qui ont été selon toi les plus imprégnés de cet univers de la science-fiction ?

On ne s'en rend pas forcément compte mais le genre SF a beaucoup inspiré les artistes et groupes. On peut citer les plus connus comme Bowie, Hendrix ... Bowie démarre véritablement sa carrière avec Space Oddity qui va sortir et surfer sur "l'homme a marché sur la lune" pour ensuite créer son personnage de scène le plus connu, j'ai nommé

Ziggy Stradust qui est un extraterrestre qui vient sauver notre jeunesse ... Hendrix lui est fan de la littérature SF des années 50 et 60 ... et ne s'est jamais caché de l'influence de ses lectures dans sa façon de jouer.

 Le rock Prog était plus orienté vers la Fantasy ou l'héroic fantasy mais quelques-uns se sont inspirés de certains livres ou d'auteurs SF. Le genre rock progressif comprend beaucoup de sous genre et 2 sont particulièrement associés à la SF. Le Space Rock qui va naître à

la fin des années 60 avec le groupe HAWKWIND qui va donner ces lettres de noblesse à ce sous genre, mais également dans la nouvelle  scène musicale allemande du début des 70's qui va révolutionner et la façon d'écrire le rock mais également la musique électronique. Le Krautrock. On peut citer Tangerine Dream et Klaus Schultze par ex.

 Mais aujourd'hui encore la SF inspire beaucoup de nouveaux groupes ... Daft Punk par exemple... Ils font appel à Leiji Matsumoto, le père d'Albator pour réaliser le film d'animation interstellar 555 qui complète le 2eme album des daft(s). On peut aussi faire un aparté

et dire qu'ils ne sont pas les 1er à utiliser le casque style futuriste dans leur image ... Cela remonte aux années 50 avec The Spotnicks. Il y a bien sûr en France le Groupe Space et son tube Magic Fly fin 70 mais également à la même époque l'artiste Mandré (3) qui lui aussi

cachait sa véritable identité derrière un masque très futuriste qui ressemble d'ailleurs beaucoup à ceux des Daft(s).

 En ce moment et au vu de la période que l'on traverse, je réécoute avec grand plaisir un album de Rap sortie en 2000. Le super Groupe DELTRON 3030 ( Dan The Automator, Del Tha Funky Homosapian et du Canadien Kid Koala ) l’album raconte les aventures intergalactiques d’un groupe de survivants à l’apocalypse de 3030 avec des titres comme "Virus" ou encore "Positive contact"... vous voyez ou je veux en venir.

 Dans le funk on retrouve les fous dingues de Parliament et Funkadelic ... et que dire de Muse qui lui aussi s'inspire beaucoup l'univers SF.

5_Les musiques de films de SF sont aussi une pépinière de découvertes que ce soit en musique électronique ou en en orchestrations d’avant-garde, tu as des films cultes où la symbiose entre la narration et l’ambiance musicale fonctionne particulièrement bien ?

Je pense d'abord à Forbidden Planet … un film important dans la SF. Grosse production MGM + Couleur … 1er vrai Space Opera et 1ère fois que l'homme atterrit sur une autre planète.

Et puis il y a la musique … Quelle musique ! Une pièce maîtresse également dans l'histoire de la musique électronique... créée de toute pièce par le couple Louis et Bebe Baron avec des circuits électroniques conçus pour sortir des sons différents. Personne n'avait à l’époque encore entendu ça … ce qui à mon avis a également contribué à la renommée du film.

 J'aime aussi beaucoup l'époque « theremin », cet instrument bizarre qui sort un son comme un solo de scie … un son qui a été utilisé pour plein de films de SF des années 50 .. Invasion extra-terrestre … monstre pas loin … soucoupe volante qui atterrit etc …

 Une des musiques et l'une des séquences cinématographiques qui m'a le plus terrifié c'est dans 2001 Odyssée de l'espace … la musique de Ligeti quand ils découvrent le monolithe sur la Lune … voici pour moi l'une des meilleures symbioses musique et cinéma de SF. Pour la petite histoire Ligeti a fait un procès à Kubrick parce que celui-ci avait utilisé sa musique sans 'permission' … Mais au vu du succès et de la renommée du film Ligeti au final en est sorti plus connu et leur brouille s'est vite arrêtée.

 2001 et Star Wars sont 2 films où la question s'est posée de faire une musique très moderne à l'image de Planète interdite ou au contraire de faire le choix d'une musique orchestrale ou classique... Je pense que dans les 2 cas aujourd'hui tous ont fait le bon choix tellement pour l'un et l'autre la musique est associée au film … mais à l'époque c'était quelque peu risqué.

 Pour finir Blade Runner et Vangelis. J'étais un grand fan de Vangelis étant jeune moins maintenant ...mais à chaque fois je reste scotché sur mon fauteuil dès les 1ères images et les 1ères notes du film …

 6_ Dans les livres que tu chroniques sur ta page il y a des classiques et souvent aussi, c’est ce que j’aime le plus, des livres uniques parfois le seul livre écrit par quelqu’un qui n’est pas écrivain de SF et qui s’y essaye (je suis en train de lire « Pardon, vous n'avez pas vu ma planète ? »  de Bob Ottum qui est assez savoureux…) Qu’est-ce qui fait pour toi un livre qui va rentrer dans ton historique de la science-fiction ?

Je m'impose le fait de ne pas choisir … il s'agit de recenser tout ce qui est sorti au cours d'une année … Donc le plus difficile est dans la partie recherche … sur le web, dans des livres etc … je commence donc par tenir un fichier de données par année … par média etc …

Et quand je pense avoir fait le tour sur une année alors je planifie les posts. Je ne veux pas éliminer les « navets » … ils ont leur charme et les goûts et les couleurs sont propre à chacun.

7_Pour l’instant tu es dans les années 1970, tu vas remonter jusqu’à nos jours ? Comment trouves-tu l’évolution de la littérature de science-fiction ? Moi j’en lis peu mais j’ai l’impression que c’est devenu une niche pour un lectorat restreint, non ?

(Ce n’est pas forcément un mal, j’adore le monde des petits éditeurs, des revues, des fanzines qu’on peut côtoyer par exemple chaque année aux rencontres de l’imaginaire à Sèvres).

Oui bien sur le but est de voyager dans le temps et donc de remonter jusqu'à nos jours … grand programme… Les années 70 sont quasi déjà prêtes … je bosse déjà sur les 80's et 90's...

 J’étais un grand lecteur … aujourd'hui j'ai beaucoup de mal à accrocher à un livre. En tout cas je ne suis peut-être pas tombé sur LE livre qui va me plaire dès les 1ères pages et m'emmener jusqu'au bout.

 Je ne suis donc peut-être pas le mieux placé pour te répondre … d'autant que je ne suis pas trop dans le « c'était mieux avant » … je trouve que la SF d'aujourd'hui est très riche, que cela soit en littérature ou dans les autres médias … il était plus difficile dans les 70's de se procurer le livre que l'on voulait … aujourd'hui avec le web tout est plus facile et puis il y a la grande évolution des médiathèques de ville … les libraires... Les liseuses … beaucoup de sources possibles.

8_Du côté du cinéma j’ai l’impression qu’il n’y a plus que les grosses machines américaines pour aborder la science-fiction ou alors les séries télé (mais alors là c’est un monde inconnu pour moi dont je me tiens volontairement éloigné).

Est-ce qu’il y a encore une production de film de série B imaginatifs comme ceux des années 60,70 et 80 qu’on aime tant ?

En fait la SF au cinéma a basculé des séries B des années 50 vers les séries A.

B, A, Z etc.   il s'agit surtout du budget alloué pour tel ou tel projet... Aujourd'hui les mastodontes US ont surtout pris toute la place en termes de communication et de diffusion. Il est donc difficile de passer à côté ! Mais la résistance existe … Il faut juste chercher un peu plus. Cette résistance vient aussi d'autres pays comme l'Asie … Il y a beaucoup de films coréens aujourd'hui très intéressant en SF... Les séries B ne viennent plus des USA mais d'autres pays … En 2019 par ex qui a vu : 3022, The Blackout, Cosmos, La couleur tombée du ciel, Ellipse, Proxima et The Wandering Earth .

 Les séries TV ont explosé ces dernières années … Je vous conseille de vous y plonger, il y a du choix et souvent du très très bon. On a même parfois l'impression que la prise de risque sur des histoires complexes est beaucoup plus importante aujourd'hui dans l'univers des séries que dans le cinéma. Allons y pour quelques exemples : Black Mirror, L'homme du haut château, Real Humans, The Expanse, la servante écarlate etc .

 Il me semble donc que l'esprit série B se retrouve plus dans les séries aujourd'hui qu'au cinéma.

9_Encore une question « c’était mieux avant » : comment expliquer la médiocrité graphique de la plupart des collections de SF actuelles ? Quand on compare avec les vieux poches J’ai Lu des années 70 avec des couvertures signées par Philippe Caza ou Boris Vallejo c’est dur de tenir la comparaison, non ?

Il y avait aussi dans les 70's des couvertures plutôt moches... Je n'ai pas de réponse là dessus … peut être un problème de budget. Des graphistes, des dessinateurs il en existe aussi aujourd'hui. Je trouve que dans le domaine de la musique, il y a des pochettes d'albums à tomber par terre... Dans le domaine du livre je ne sais pas.

10_ Pourrais-tu nous conseiller quelques auteurs / livres marquants, une sorte de bibliothèque idéale d’Histoire de la Science-Fiction ?

Je reste un fan Absolu de Philip K Dick … Ubik fut un choc et je ne me suis jamais vraiment remis de sa trilogie Divine (SIVA, L'Invasion divine, La Transmigration de Timothy Archer, ) Je pense d'ailleurs que c'est à cause de lui que je n'arrive plus à lire de la SF aujourd'hui …
Enfant j'ai dévoré les Jules Verne, Conan Doyle etc … je crois que cela reste toujours une bonne porte d'entrée... et n’hésitez pas non plus à lire et relire HP Lovecraft.

Bref je ne suis pas un grand lecteur mais pour jouer le jeu de la bibliothèque idéale je me permets d'y ajouter d'autres supports … 1 œuvre par média :

Roman : Ubik de Philip k Dick

BD : la collection Valerian de Mézières et Christin

Film : Avalon de Mamoru Oshii  ce qui me permet de dire que je suis un grand fan de la SF japonaise !

Série : Fringe pour le fun et le délire

Jeu de société : Terraforming Mars

Jeu vidéo : Fallout

Musique : Deltron 3030

 

Voilà les amis … à la prochaine dans une galaxie lointaine …

 

(1) https://www.facebook.com/musiquelectronique18872018

(2) https://www.facebook.com/rockprogtimeline19652016

(3) Effectivement ! https://www.youtube.com/watch?v=1wz7kZ_ldaU

 

la programmation proposée par Histoire de la Science-Fiction :

 

Planet P Project - Why Me
https://youtu.be/kT-K5hQl834

Music Out of the Moon - Harry Revel, Les Baxter et Samuel J., Dr. Hoffman
https://youtu.be/dawxnlRTgE8

The Tornados - Telstar –
 https://youtu.be/WPDvsLSnUGc

Peter Schilling - Major Tom
https://youtu.be/wO0A0XcWy88

Sula Bassana - Moonbase Alpha Alpha
https://youtu.be/4HP4Ryzy5p0

The B52's - Planet Claire
https://youtu.be/47YAcpCa5dM

Deltron 3030-Virus
 https://youtu.be/FrEdbKwivCI

Les Big Byrd- They Worshipped Cats
https://youtu.be/O609Vak_i-Y

David Bowie – Blackstar
https://youtu.be/kszLwBaC4Sw

 

Forbiddenplanetposter.jpg

 

 

 

 

20:57 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

29/11/2020

Entretien Le Goût Acide Des Conservateurs

Le Goût Acide Des Conservateurs (LGADC) : une pochette de disque qui m’évoque les couvertures des livres de vulgarisation scientifique des années 70.

 

Coïncidence, au moment même où le défunt Palais de la Découverte de Paris (PDLDDP) vend à la découpe aux enchères son matériel d’exposition pédagogique coloré qui a émerveillé ou ennuyé des générations de gamins.

Ils étaient beaux ces appareils beaux comme des jukebox ou synthétiseurs analogiques de la collection du chanteur Christophe qui ont été vendus aussi aux enchères récemment.

 

Heureusement tous les synthés et boîtes à rythmes ne sont pas dans les vitrines de collectionneurs mais bien vivants dans les studios de musiciens comme le duo formé par Fred Louvat et Yann Lélias.

 

 

1_Vous avez choisi un nom de groupe qu’on ne peut pas oublier, ça vient d’où ? Une enquête de 60 millions de consommateurs sur les additifs alimentaires ? Et le titre de votre album Iskachrome ? J’ai trouvé que c’était le nom d’un cheval de course né en 1974…

 

Il y a quelques années, avant d'aller répéter, nous mangions sur le pouce des salades de supermarché en barquette. Un soir, Fred m'a dit : "tu le sens le gout acide des conservateurs ?" Voilà comment nous avons retenu cette phrase pour le nom de notre groupe. Le nom de notre album est en effet le nom d'un cheval ! (On garde le pourquoi du comment secret)

 

2_Vous avez sorti un premier disque sous ce nom en trio qui faisait le lien avec votre précédent groupe Alice the Goon en conservant une instrumentation rock, vous êtes passés à un instrumentarium électronique au départ du batteur ou vous partiez déjà vers ça ?

 

Nous nous sommes retrouvés à 2 fin 2017, puis peu de temps après, on nous a proposé une première partie au 106 à Rouen. Nous étions à ce moment un peu en réflexion sur la suite, mais nous avions très envie de jouer ! Nous avons donc très rapidement et dans l’urgence construit un set en laissant la guitare et la batterie de coté pour proposer une formule avec synthés, basse et boîtes à rythme. C’était stressant car la date du concert était assez proche, nous avions seulement quelques semaines pour proposer un set qui tienne la route. Mais ce fut une très bonne expérience. Nous avons donc décidé de continuer dans cette voie.

 

3_Vous vous imposez une discipline de composition régulière ? Vous avez un studio à la maison à disposition quand vient l’inspiration ?

On essaye de se bloquer ensemble 2 heures par semaine pour composer et répéter à la maison ou dans un local de répétition. Il y a aussi un travail d'écriture en solitaire chacun de notre coté. On privilégie l’enregistrement dans un studio, mais nous avons le matériel pour enregistrer nous-même. Avec cette crise sanitaire, nos habitudes sont un peu chamboulées et nous sommes un peu en stand-by créatif depuis quelques mois, mais ça va revenir !

 

4_S’il y a un domaine où on ne peut pas dire « c’était mieux avant » c’est celui de la lutherie électronique, depuis quelques années le néo- analogique permet d’avoir du matériel fiable et abordable, vous utilisez le même matériel en concert et en studio ? (Si ça vous branche vous pouvez vous lâcher là-dessus je suis un grand malade des synthés…)

 

Faire de la musique avec des synthés est venue petit à petit. Dans notre précédent groupe de rock, Fred utilisait déjà un petit orgue pour ajouter quelques leads… et puis au fil des années, nous avons accumulé quelques synthés simplement pour le plaisir de s'amuser avec. Quand le goût acide des conservateurs s'est concrétisé dans sa formule électro, il fallait passer aux choses sérieuses ! Cela a pris quelques temps avant de trouver une configuration que nous pouvions plus ou moins maitriser sur scène avec notre petite expérience. Je ne voulais pas utiliser de laptop sur scène, car cela me coupe un peu tout mon plaisir de jouer live, donc naturellement, on a commencé avec des instruments électroniques simple et abordables. Notre configuration est assez sommaire, Fred joue des lignes de basse et fait aussi des percussions avec une cymbale et des piézos le tout passé dans des effets. Sa voix est également traitée avec un processeur d'effet voix. Moi j'utilise une boite à rythme cyclone TT78, synchronisée avec un Minibrute Arturia qui me sert principalement pour jouer des basses et j'utilise alternativement un Casio MT65 ou un Roland RS09 pour faire des nappes et mélodies. Nous avons également un sampler sp404 pour envoyer des sons de percussions ou des nappes bruitistes. Globalement, nous avons enregistré notre disque comme nous le jouons sur scène. Nous avons ajouté quelques pistes ambient en plus pour étoffer un peu, mais on reste vraiment proche de ce que nous produisons sur scène.

 

5_Avec des parties rythmiques minimalistes, une basse entêtante, des nappes synthétiques oniriques, des séquences obsédantes, un chant pop presque récitatif vous réussissez à créer de belles ambiances immersives entre krautrock à la Cluster / Harmonia et post new wave à la Algebra Suicide ou X Ray Pop. En soit ce n’est pas une question mais vous pouvez commenter 

 

Pas grand chose à ajouter si ce n'est que ce son que nous avons sur scène et sur disque, s'est construit sans vraiment de plan ou de références établies. Je crois que l'idée première était de marquer une rupture avec notre précédent groupe de rock, de partir presque à l'opposé… à l'époque, j'avais été marqué par Beak le groupe Geoff Barrow qui avec très peu de moyen propose toujours des ambiances et une identité très forte. On est pas du genre à arriver en répétition en se disant "faisons un titre à la manière de". On pose souvent les bases de nos titres en improvisant tout les 2. Si on valide le brouillon, Fred va écrire des paroles et on va structurer le morceau. On essaye de ne pas se fixer trop de barrière. On suit nos inspirations du moment. On a se besoin commun de travailler sur des ambiances froides, lentes et de suspendre le temps.

Concernant les groupes que tu cites, nous en écoutons bien sur régulièrement parmi ceux que tu cites mais également des tas d'autres styles également. En ce moment Fred est dans une période Elvis Presley et Chet Baker ! Moi, je me fais un revival rock/folk 70's, Neil Young, Cat Stevens, un peu de vieux Pink Floyd… les classiques. On part vraiment dans tout les sens dans ce qu’on écoute tous les jours, pas de barrières, du mainstream au plus confidentiel.

 

 

6_Il y a une thématique écologique sous-jacente sur l’album il me semble, non ?

 

Oui bien sur, Fred qui écrit les paroles, est très sensible à cette question.

 

7_Vous êtes bien en cohérence avec les autres publications du label ERR REC comment s’est passé la connexion ?

 

La rencontre s'est faite très simplement. Nous avions enregistré 6 titres, et j'ai contacté Gilles du label Err Rec qui a dit Banco dans les 10 mn après lui avoir envoyé l'album ! Il nous a demandé d'ajouter 2 titres pour faire un album complet. Nous avons passé l'été à composer  2 nouveaux titres, cette fois à la maison. Ensuite, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois et le courant est vraiment super bien passé ! On est super fier d’avoir notre album parmi ce catalogue de grande qualité et hyper heureux de s’être fait de nouveaux copains.

 

8_Graphiquement la pochette de votre album me rappelle celle d’Ash Ra Tempel « New Age Of Earth », c’est une référence pour vous ?

https://www.discogs.com/fr/Ash-Ra-Tempel-Manuel-G%C3%B6tt...

 

La conception de la pochette est signée Bolanile Matté du label Err Rec. C'est elle qui fait la création de toutes les pochettes du label, Ils sont très attachés à avoir cette cohérence graphique sur leurs sorties. Je ne pense pas que ce soit une référence au groupe Ash Ra Tempel. Il faudrait demander à Bolanile. En tout cas j'ai découvert ce groupe il y a à peine 1 mois ! j'aime beaucoup l'album que tu cites.

 

9_Elle m’évoque aussi des tubes à essais, est-ce que chacun de vos morceaux est une expérience de petits chimistes ?

 

Quand nous avons découvert la pochette, c'est également ce à quoi nous avons pensé : des tubes à essai. Cela peut-être un clin d’œil en effet. Produire des textures sonores s'apparente à une sorte de travail de chimiste amateur.

 

 

10_Un petit jeu pour finir :

 

J’ai découvert votre groupe précédent Alice the Goon que je ne connaissais pas.

 

Je vous propose des morceaux « Alice », vous me dites Stop ou Encore et un petit commentaire ?

 

Alice Cooper « Hallowed Be My Name”

https://youtu.be/Gmo_WxfvNL4

 

On ne s'est jamais vraiment penché sur la discographie d'Alice Cooper

"Stop"

 

Eddy Mitchel “Alice

https://youtu.be/JBp5qQrgMGI

Encore, même si on préfère les yeux couleur menthe à l’eau.

 

Alice “Il vento caldo dell'estate”
https://youtu.be/0Ahwev5CqBg

Encore, l’intro est imparable. Entendu des 100aine de fois, mais ça marche toujours. On peut classer ça un peu dans l’italo-disco non ?

 

Alice Donut “Love Rollercoaster “

https://youtu.be/KPzjxmIRDDI

je ne connais pas ce groupe… mais dans le genre je suis pas trop fan. La voix est pas tip top.

Je préfère Biafra ! (je viens de voir qu’ils étaient signés sur le label de Jello Biafra, pas un hasard du coup !)

 

Alice Coltrane “A Love Supreme”

https://youtu.be/89c00fGC838

On ne connaissait pas. Encore.

 

Pierre Perret “Alice

https://youtu.be/UTIIiz-kHDI

ouais bon… non.  Stop

 

Alice Dona “C’est pas Prudent »

https://youtu.be/tT7lioFpo2o

 ça c’est très bien, on valide. Encore

 

Alice « Axis »

https://youtu.be/8HwcKdIR28c

un bel ovni underground et obscure comme on aime à chiner sur youtube : Encore

 

Franky Vincent « Alice ça Glisse »

https://youtu.be/rTxFN6Oyom8

 Stop ?

 

 Les albums de LGADC :

https://legoutacidedesconservateurs.bandcamp.com/

 

A signaler aussi Projet de Vie, les enregistrements en solo de Yann dans une veine minimal électro à l’ancienne comme on aime :

https://projetdevie.bandcamp.com/

https://err-rec.bandcamp.com/

 

le gout acide des conservateurs.jpg

 

 

 Une sélection de morceaux proposée par le groupe :


My north Eye, c’est le one man band de Yann Lafosse notre compagnon de route.
Nous avons fait quelques tournées avec lui et c’est toujours un immense plaisir.
Il pratique une folk sombre et minimalisme sans concessions.
https://mynortheye.bandcamp.com/track/how-many

Aña c’est Amandine et David, on se côtoie depuis bientôt 20 ans.
David possède un don précieux pour enregistrer.
Pour presque chaque album, nous faisons appel à ses services.
Amandine, tourne également en solo dans toute l’Europe avec son projet solo : « Moonya »
https://anawave.bandcamp.com/track/one-hundred-birds

Yan Hart-Lemonnier, c’est le copain d’Angers, il a mixé notre album, toujours de bon conseil, à l’écoute.
Il a dirigé le label Ego Twister pendant pas mal d’années.
https://yanhartlemonnier.bandcamp.com/track/l-ge-dor

On reste dans la famille avec le génial Bernard Grancher. Nous avons quelques projets en commun qui ne vont pas tarder à sortir début 2021.
Bernard est un véritable boulimique de sons et de bidouillages en tout genre, il sort 3 disques par an !
https://gbbgarkestra.bandcamp.com/track/la-famille-id-ale

Nuisible, un groupe à des années-lumière de notre univers, mais Julien et Alex sont des copains avec qui nous avons partagés pas mal de soirées. Pendant des années, nous avons côtoyé les mêmes locaux de répétitions… forcément ça créé des liens.
https://terrainvaguerecords.bandcamp.com/track/two-sided-...

Ellah A. Thaun, c’est notre dernière grosse baffe en concert.
Un univers singulier et vraiment personnel, on est pas dans la pose, c’est viscéral et ça se sent.
https://ellahathaun.bandcamp.com/track/nuclear-kiss

Julien Thomas, on l’a rencontré via Yan Hart Lemonnier.
Expert en cosmic music, Julien produit avec une facilité déconcertante de longues plages ambient. Un grand talent !
https://julien-thomas.bandcamp.com/album/le-long-de-la-ch...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17:22 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

23/11/2020

Entretien avec Sasha Andrés / A Shape

La gueule béante d’un haut fourneau c’est la pochette du nouvel album de A Shape « Iron Pourpre » qui nous met tout de suite dans l’ambiance d’un creuset alchimique noise rock en fusion d’où s’échappe la voix de Sasha Andrés bien connue de nos services comme chanteuse charismatique du groupe Héliogabale depuis ? Depuis ?

Je ravive mes vieux neurones… Je pense avoir assisté à leur premier concert en 1992, salle Dragonfly dans le 12eme à Paris, avec Sister Iodine à la même affiche si je ne m’abuse…

J’y avais été emmené depuis ma lointaine banlieue par mon ami et voisin Jean-Noël D. (Guitariste du groupe pop Meek) et probablement informé du concert en écoutant l’émission Helter Skelter sur Aligre FM qu’animait alors Vivian Vog le bassiste d’Héliogabale.

Ce concert avait été pour moi une révélation !

 

1_Sasha, tu te souviens aussi de ce concert ? Etait-ce bien le premier d’Héliogabale ?

Si je me souviens de ce concert? ... On n’oublie jamais les premières fois;) et celle là cʼétait celle dʼHeliogabale. Lasson, chez Lucrèce, avec les Sister Iodine oui... Jʼai gardé de ce premier live des tas de flashs, des sensations, une urgence quʼon allait déglinguer ensemble, avec Vivian, Philippe et Klauz, sans se concerter... oui, beaucoup de tension et dʼenvie, et on sʼétait jetés dedans sans se demander comment... Intense.

2_Bon, c’était ma séquence ancien combattant du rock mais passons à A Shape, peux-tu nous présenter le groupe ? J’étais complément passé à côté de votre premier album…

Alors A Shape, je les ai rencontrés par leur son, ils mʼont envoyé un jour en 2015 quelques morceaux enregistrés maison et mʼont demandé si je voulais bien les écouter et si il y en avait un qui me tentait pour poser une voix dessus.
Je leur ai répondu que avec Heliogabale, même si on ne jouait presque plus, cʼétait pas fini, que même si jʼavais fait pas mal de featuring avec des potes sur plein de morceaux en dehors dʼHeliogabale, jʼavais pas envie de jouer dans deux groupes en parallèle, et aussi que jʼhabitais plus sur Paris mais à 700 bornes etc...

Au final jʼai ouvert les fichiers... En me disant, pourquoi pas un feat sur un morceau si jamais... Le premier cʼétait celui qui est devenu Furtive Spiral... Jʼai accroché tout de suite en fait, donc jʼai posé une voix direct sur lui, puis jʼai écouté les autres compos, et elles mʼont toutes donné envie de me mêler à leurs sons.
Envoi de fichiers vers eux donc, leur réponse, ça semblait être la bonne alchimie, et ça a commencé́ comme ça, sans se connaître en vrai...
Eric Pasquiet à la guitare avait fondé le groupe avec Mat Le Gouge à la basse, puis Tanguy Delaire les avait rejoints à la batterie.
Tanguy a enregistré avec nous le premier album, Inlands, et ensuite il a arrêté́, et cʼest Anthony Serina qui a repris les baguettes pour Iron Pourpre.

3_Comment avez-vous abordé ce deuxième album ? On se prend une grosse claque sonore directe qui ne fait que monter et se mouvoir, les morceaux ont été composés séparément où l’album est venu d’un bloc ? Comment s’est passé l’enregistrement ?

 

On fonctionne toujours à partir dʼimpros en répètes. Cʼest souvent eux trois qui commencent puisquʼils se voient régulièrement et que je ne les rejoins que de temps en temps.
Ensuite ils décomposent, triturent, enlèvent, ajoutent, jʼécoute, jʼécris, je les rejoins et quand ça nous plait, on essaie de cristalliser un peu tout ce quʼon voudrait pouvoir refaire, même si on est plusieurs dans ce groupe à aimer le travail dʼimpro, ils ont choisi lʼangle qui permet de pouvoir rejouer des morceaux en live .
Pour Iron Pourpre, ils ont emmené des compos assez fraîches quʼon nʼavait, pour certaines, jamais joué live, et moi jʼavais pour chaque morceau au moins deux ou trois textes que je mettais ensemble au moment dʼenregistrer.
Eric a eu un problème de santé le deuxième jour de lʼenregistrement, il est parti avec les pompiers et nous, à trois, on sʼest calés sur ses guitares témoins quʼil avait enregistrées le premier jour. On a été super rapides, de toute façon yʼavait pas le choix, lʼautoprod ça doit pas dépasser quelques jours ;)
Eric a refait ses grattes en sortant de lʼhosto, et ensuite le mix et le mastering chez Nicolas Dick à Marseille.

 

4_Philippe Thiefaine d’Héliogabale est invité à la guitare sur un titre mais il y a surtout Quentin Rollet qui joue du sax furieux sur la deuxième partie de l’album ça contribue vraiment à l’aspect incandescent des morceaux, il est intervenu à quel moment de la composition ? Au passage ça me fait penser forcement à l’album Funhouse des Stooges ce sax !

 

Oui! Quentin est venu, je lui avais envoyé 2-3 morceaux et il avait dit ok, au final il joue sur la moitié de lʼalbum! ;)) Et cʼétait génial parce quʼévidemment il a compris tout de suite quʼil était libre, comme nous aussi on lʼétait, et quʼil pouvait faire ce quʼil voulait, et quʼaprès on verrait bien si on gardait ou pas. On a tout gardé je crois bien...

Et aussi son monotron qui ajoute un truc super intéressant... En plus vivement les live! On se connait depuis pas mal dʼannées et cʼest toujours un bonheur de le retrouver. Pour Philippe, cʼest Eric qui a eu envie de lui envoyer des morceaux et Philippe ( Thiphaine) en a choisi un et il a croisé ses cordes avec nous, ça aussi jʼadore...

Après on avait cette envie dʼêtre très ouverts, et au départ il devait y avoir dʼautres guests mais ça sʼest pas fait... Au final, cʼest cool tel que cʼest là.

 

5_Ça fait presque trente ans depuis les débuts d’Héliogabale ta voix a forcément évolué, Moi je trouve que tu as ouvert ta palette sonore à plein de nuances que tu n’abordais pas au début. Comment le ressens-tu ?

 

Oui, cʼest sûr, jʼai plus la même voix quʼà 17 ans, jʼai eu pas mal de vies en une vie et la musique, les musiques ont été un élément tellement énorme pour moi, ça mʼa sauvé...
Et jʼai toujours envie de venir jouer avec les autres, comme quand on est gosses, quand leur son me touche... Jouer, chanter, cʼest un langage tellement génial, je connais rien de mieux, on est directement connectés, présents intensément, et en même temps ensemble complètement ailleurs...

Cʼest vrai que quand on écoute les premières compos dʼHélio, cʼest surtout le cri qui mʼarrivait, ça allait avec ma vie. Mais avant Helio jʼavais joué avec dʼautres musiciens et là ma voix était plus douce, je chantais vraiment... Pis les épreuves, et plus possible de faire sortir autre chose que le cri... Et ensuite jʼai eu la chance de rencontrer plein dʼautres musiques, et de pouvoir parfois jouer, chanter, parler autrement... Et ça mʼa ouverte, ça mʼa réparée...
Je suis toujours partante pour plonger dans un monde sonore...
Jʼadore aller en territoires inconnus.
Cʼest aussi pourquoi quand Nico Laureau mʼa envoyé des compos en me disant tʼécoutes, tu mʼenvoies tes pistes, voix ou ce que tu veux, et on touche à rien, si ça nous plait tel quel on garde, si on pense quʼil faut reprendre ci ou ça, on laisse tomber. Cʼétait complètement mon envie de faire les choses comme ça aussi.
On a fait quelques chansons sous le nom de Specio.
Aussi avec le projet sur Twin Peaks avec Tadash, Clément Malherbe et Cyrille Poumerie. Ou avec Kai Reznik avec lequel jʼai adoré partir sur des pistes neuves, où jʼécrivais des histoires avec des dialogues que je chantais à plusieurs voix ensuite... merveilleuse schizophrénie;)...
En tout cas oui, la voix cʼest mon instrument et mon torrent, et il change tout le temps...

 

6_Dans le dernier album d’Héliogable Ecce Homo (2017) il y a des textes en français très forts avec beaucoup d’impact, tu n’étais pas tenté pour A Shape ?

 

Oui, le français sur Ecce Homo mʼa plu... Dʼailleurs jʼaime cette langue et je lʼutiliserai plus, je suis en train de lʼexaminer, de la tordre pour quʼelle me vienne plus près, quʼelle arrête de me sembler distante... Je lʼaime plus à lʼécrit quʼà lʼoral pour dire vrai, et ce depuis toute petite... à lʼoral je préférais les accents de ceux de ma famille qui parlaient une autre langue... Le français, jʼy viens sur le tard... mais jʼy viens...;

7_J’ai un peu perdu le fil de la scène noise rock (surtout française), il y des groupes actuels ou des grands anciens toujours actifs que tu me conseillerais de suivre ?

 

Dans les titres que je tʼai envoyés (*), il y a des choses que jʼaime écouter en ce moment, après jʼécoute toujours beaucoup de jazz, de classique, de rap old school, beaucoup de silence aussi, les bruits de la nature...et sy ;)
Dans les trucs que tu connaitrais peut-être pas, il y aurait ça: jʼai découvert un groupe en concert dans un squatt à Montreuil, organisé par lʼirremplaçable Eric Cooney dʼen veux tu en vʼlà, ils sʼappellent Chamanes Chômeurs et leur concert était hyper bien.

Il y a Alexandre LF qui me fait découvrir plein de sons car cʼest un vrai passeur, et lui, son ami Simon et leur batteur Ludo, jouent dans une formation ultra bruitiste géniale, ils sʼappellent Trans Frontal et il faut les voir en live ! Avis à ceux qui organisent des concerts! Enfin, dès quʼon pourra à nouveau embraser avec du son les scènes!! ...

 

8_En plus du chant est-ce que tu joues des instruments ? Est-ce que tu as des projets en solo en mode « home studio » ? D’autres collaborations ?

 

oui, je fais des trucs chez moi, où je joue du synthé ou du piano, et de la gratte ou de la basse à ma façon, jʼadore toucher tous les instruments, et en faire des trucs différents, les percus aussi... Mais mon plus grand bonheur reste de jouer avec dʼautres...

9_La période n’est pas favorable mais on pourra espérer voir A Shape en concert prochainement ?

 

là, jʼen sais rien... cʼest la misère de sortir un album diy et dʼavoir toutes nos dates annulées... mais oui, dès que le monde se relève, on sera là! Ou bien avant, en petit comité, dans un endroit secret... on verra...;

 

10_Une question générationnelle pour finir : tes enfants, ils écoutent quoi ?

Les miens sont bloqués sur les classiques (AC /DC, Nirvana, Led Zeppelin, Beatles, Stranglers, Metallica…) Et dans les concerts de rock « underground » je ne croise presque uniquement que la tranche d’âge 40 / 60 ans, alors, ils sont où les jeunes ?

 

Mes enfants ... ils ont 21 et 13 et ils nʼécoutent pas tout à fait les mêmes trucs... Le grand cʼest plus des musiques electro et rap, mais aussi bien les Beatles comme toi;) mais aussi des trucs instrumentaux assez amples, plus ambiants. (sur lesquels il danse). On se fait écouter pas mal de choses, et des fois cʼest lui qui me fait découvrir un morceau dʼAznavour!... ;)

Le petit, cʼest plus la bande de groupes belges, rap, aussi des français comme odc ou Saro, et aussi des trucs carrément de vieux comme Cure, Police, Ministry ...

Cʼest pas si vrai quʼil nʼy a pas de jeunes aux concerts noise underground... ça dépend plus de qui organise les concerts des fois que de lʼaffiche pour drainer un public ... Et jʼai déjà été surprise de jouer devant pas mal de très jeunes gens...
à la Station par exemple, le public est souvent super jeune, et cʼest cool quand ça se mélange, les âges.

Les gamins sont assez différents de comment on était nous à leur âge devant une scène pendant un concert, mais il y en a aussi qui nous ressemblent salement, et jʼaime bien quand ils sont sauvages...;)

A Shape.jpg

 

Se procurer l’album de A Shape :

 

https://ashape.bandcamp.com/

 

A Paris vous pouvez même le trouver au Baron Rouge et boire un coup avec Quentin Rollet.

http://lebaronrouge.net

 

Et chez votre disquaire préféré bien sûr aussi !

 

Entretien réalisé le 14 novembre 2020

 

(*)Cette semaine la programmation de la page SOP est confiée à Sasha Andrès :

Labradford

https://youtu.be/RGUktDaIKMI

Amusers And Puzzlers

https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_nz6aoUaigGb...

Demdike Stare

https://youtu.be/ADfcaSBwDug

Kurws

https://soundcloud.com/kurws/tasiemiec-niejadek-96khz-24bit

Rien Virgule

https://youtu.be/ov34XQQH4RY

Microburst

https://soundcloud.com/microburst/skeng-mash-up-feat-the-...

Sensational

https://soundcloud.com/sensational-1/02-strangely-shaped

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

19:13 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

22/11/2020

LA SUR-MATERIALISATION DE LA MUSIQUE

LA SUR-MATERIALISATION DE LA MUSIQUE

 

Depuis quelques années je ne mets plus les pieds chez les disquaires.

 

J’ai tant aimé ça pendant des lustres mais je suis presque comme ces anciens alcooliques qui savent qu’un petit verre suffit pour revivre l’enfer…

 

J’en ai fréquenté depuis l’adolescence et un peu plus à chaque fois que mon autonomie de déplacement puis financière me le permettait…le Nuggets de Vélizy 2, la Fnac Montparnasse, New Rose, Gibert, Danceteria, Boulinier, Parallèles, Gilda, Terminal Records, Les E.P.E, Rough Trade, U-Bahn, Le Silence de la Rue, Born Bad, les éphémères boutiques techno du quartier Bastille, d’occasion d’une saison… Bimbo Tower surtout dont la fermeture signa pour moi une sorte d’arrêt de la consommation de disques. Bien sûr je continuais de chiner en vacances dans les Emmaüs et vides greniers mais sans l’entrain d’antan.

 

Surtout n’ayant plus à programmer chaque lundi nos fameuses émissions « nouveautés et vieilleries » à partir de 2012 je n’avais plus besoin d’avoir sous la main toute cette collection toujours en croissance de disques…plusieurs milliers qui allaient bientôt rejoindre le grenier de ma maison en Auvergne car oui, mes enfants avaient bien le droit d’avoir une chambre chacun et il fallait choisir !

 

Au passage c’est quand vous avez une centaine de cartons de disques à déménager que vous pouvez compter sur les vrais amis, éternels mercis à LMC, Eric, Revue Recoins…

 

Bref, je me retrouvais sans disques vinyles, sans platines, avec encore des CD (mais bof…) et moins envie de musique de toute façon. C’est aussi mon métier alors parfois ça sature.

 

La technique moderne ne mets-elle pas à notre disposition toute la musique du monde instantanément à portée d’oreille ? C’est presque vrai, un coup de Youtube et on trouve des raretés incroyables, une K7 démo d’un groupe punk yougoslave de 1983, un live de Pink Floyd de 1973 sur la face cachée de la lune, une répétition des Residents, un inédit de Pierre Henry, le prochain machin truc bidule pas encore sorti et que sais-je encore…oui mais personne n’a été foutu de mettre Quack Quack Baby Quack Quack des Subtle Turhips leur 1er 45t sur Black et Noir de 1992 (on trouve la face B…).

 

Oui, on peut s’en contenter de ce virtuel tentaculaire là mais parfois comme l’ex alcoolique qui replonge, un bon petit disque vinyle d’un chouette groupe, on a envie de l’acheter, de l’avoir entre les mains, de le poser sur la platine et de reproduire ce rituel d’écoute tant chéri.

 

Mes platines sérieuses sont avec mes disques en Auvergne mais j’ai chiné une platine portable, donc j’ai replongé…

 

Et c’est là que je m’explique enfin sur la Sur-matérialisation de la musique.

 

Je reçois mon album vinyle commandé via Bandcamp et je m’aperçois qu’il contient aussi la version CD. Je n’avais pas fait attention.

 

J’ai déjà là, non pas un mais 4 supports matériels de par mon achat : 

 

1 ) le vinyle que j’écouterai tranquille au coin du feu, que j’utiliserai pour mixer un jour dans un podcast si je me remue un peu pour vous en proposer à l’avenir…

 

2 ) Le CD que je j’écouterai en bagnole sur l’A71 entre Orléans et Clermont-Ferrand, je roule très peu mais il faut de très bons disques pour supporter ce parcours.

 

3) Les fichiers qu’on peut télécharger en achetant sur Bandcamp alors autant le faire sur mon ordi, c’est toujours une copie de sécurité.

 

4) Le streaming illimité via l’application sur mon téléphone, bien pratique pour éplucher les patates dans la cuisine sans se taper France Infox en fond sur la radio…

 

4 .02 je me souviens que j’ai un abonnement gratos à Deezer par le boulot que je n’utilise presque pas là encore l’album s’y retrouve.

 

  1. 03 l’album étant sur les plateformes de streaming il existe aussi par génération automatique sous forme de playlist Youtube gratos…

 

  1. 04 pour compléter ça en beauté je pourrais me faire une bonne vieille copie K7 à l’ancienne, non ?

 

 

Donc quand on parle de Dématérialisation de la musique c’est bien un de ces mots de novlangue mensonger qui réduise la réflexion à des mêmes.

 

La musique actuelle même sans support physique est SUR-Materialisée et demande une chaine technique incroyablement complexe en échanges d’information et d’énergie.

 

Elle n’est pas seulement la gravure d’un disque distribué en magasin puis lu sur appareil domestique fait pour durer des dizaines d’années, puis reposé sur son étagère sans consommation énergétique comme c’était le cas au 20eme siècle mais un flux constant en tension et en expansion qui ne pourra que finir dans une ultime surchauffe…séparément ou conjointement à un effondrement plus global, c’est une possibilité…

 

 

Alors je brancherai mon éolienne agricole et poserai sur ma platine ce vinyle acheté en ce mois de novembre 2020 et il tournera sur ma vieille platine Sony :

 

« C’est vraiment super ce disque, je me demande s’ils ont encore de l’électricité à Vendôme ».

 

https://ropoporose.bandcamp.com/album/kernel-foreign-moons

 

ropoporose.jpg

 

 

Ils viennent aussi de sortir la BO d’un ciné-concert du Dark Star de John Carpenter

https://ropoporose.bandcamp.com/album/dark-star

dark star.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

06/07/2017

RDV sur Facebook

Notre page Facebook

 

Notre page Facebook : 

https://www.facebook.com/songsofpraiseradioshow

 

L'émission n'existe plus sur les ondes depuis novembre 2013 mais je programme un morceau chaque jour à 19h 30 sur notre page pour en perpétuer l'esprit....

 

polyrock.jpg

 

 


 

04/11/2013

playlist_05.11.2013

émission à télécharger ici : 

http://www.mediafire.com/?qjypvokbi1pxewc

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god, "breach/birth" (situation2)

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velvet underground, "rocknroll"

robert hood, "motor nightime world3" (M-plant)

lou reed, "metal machine music" (bmg)

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drahomira song orchestra, "maya mayonnaise" (etrange sonotheque)

lou reed & metallica, "lulu" (vertigo)

bertrand renaudin, "delire et utopie" (palma)

franck vigroux, "prisme" (dac)

-

jj cale, "troubadour" (mercury)

bullets for pussy, sur v/a from twisted minds come... (noiseville)

nightmares on wax, "feelin good" (warp)

-

busta rhymes, "extinction level event" (elektra)

lars-gunnar bodin, "semilom" (paradigm)

velvet underground, "the black angel's death song"

geir jenssen, "stromboli" (touch)

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lou reed, "street hassle"

 

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23/10/2013

Prendre soin de ses disques

10:23 Publié dans PLAYLISTS | Commentaires (0)

16/10/2013

Karlheinz Stockhausen - In den Höhlen von Jeita (1969)

30/09/2013

PLAYLIST 30.09.2013

Emission à télécharger sur cette page

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 LUC MARIANNI (maxi remix, Synchrophone)

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UNSANE

DNA

SLAYER

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DINOSAUR JR

KLIMPEREI & GNG

LASSIGUE BENDTHAUS

COSMONAUT HAIL SATAN

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TERMINAL CHEESECAKE

HEADBUTT

GODFLESH

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HENRI ROLLINS

SWANS

PUSSY GALORE

RAMLEH

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TAD

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TOTAL

 

19:30 Publié dans PLAYLISTS | Commentaires (2)