Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/11/2020

LA SUR-MATERIALISATION DE LA MUSIQUE

LA SUR-MATERIALISATION DE LA MUSIQUE

 

Depuis quelques années je ne mets plus les pieds chez les disquaires.

 

J’ai tant aimé ça pendant des lustres mais je suis presque comme ces anciens alcooliques qui savent qu’un petit verre suffit pour revivre l’enfer…

 

J’en ai fréquenté depuis l’adolescence et un peu plus à chaque fois que mon autonomie de déplacement puis financière me le permettait…le Nuggets de Vélizy 2, la Fnac Montparnasse, New Rose, Gibert, Danceteria, Boulinier, Parallèles, Gilda, Terminal Records, Les E.P.E, Rough Trade, U-Bahn, Le Silence de la Rue, Born Bad, les éphémères boutiques techno du quartier Bastille, d’occasion d’une saison… Bimbo Tower surtout dont la fermeture signa pour moi une sorte d’arrêt de la consommation de disques. Bien sûr je continuais de chiner en vacances dans les Emmaüs et vides greniers mais sans l’entrain d’antan.

 

Surtout n’ayant plus à programmer chaque lundi nos fameuses émissions « nouveautés et vieilleries » à partir de 2012 je n’avais plus besoin d’avoir sous la main toute cette collection toujours en croissance de disques…plusieurs milliers qui allaient bientôt rejoindre le grenier de ma maison en Auvergne car oui, mes enfants avaient bien le droit d’avoir une chambre chacun et il fallait choisir !

 

Au passage c’est quand vous avez une centaine de cartons de disques à déménager que vous pouvez compter sur les vrais amis, éternels mercis à LMC, Eric, Revue Recoins…

 

Bref, je me retrouvais sans disques vinyles, sans platines, avec encore des CD (mais bof…) et moins envie de musique de toute façon. C’est aussi mon métier alors parfois ça sature.

 

La technique moderne ne mets-elle pas à notre disposition toute la musique du monde instantanément à portée d’oreille ? C’est presque vrai, un coup de Youtube et on trouve des raretés incroyables, une K7 démo d’un groupe punk yougoslave de 1983, un live de Pink Floyd de 1973 sur la face cachée de la lune, une répétition des Residents, un inédit de Pierre Henry, le prochain machin truc bidule pas encore sorti et que sais-je encore…oui mais personne n’a été foutu de mettre Quack Quack Baby Quack Quack des Subtle Turhips leur 1er 45t sur Black et Noir de 1992 (on trouve la face B…).

 

Oui, on peut s’en contenter de ce virtuel tentaculaire là mais parfois comme l’ex alcoolique qui replonge, un bon petit disque vinyle d’un chouette groupe, on a envie de l’acheter, de l’avoir entre les mains, de le poser sur la platine et de reproduire ce rituel d’écoute tant chéri.

 

Mes platines sérieuses sont avec mes disques en Auvergne mais j’ai chiné une platine portable, donc j’ai replongé…

 

Et c’est là que je m’explique enfin sur la Sur-matérialisation de la musique.

 

Je reçois mon album vinyle commandé via Bandcamp et je m’aperçois qu’il contient aussi la version CD. Je n’avais pas fait attention.

 

J’ai déjà là, non pas un mais 4 supports matériels de par mon achat : 

 

1 ) le vinyle que j’écouterai tranquille au coin du feu, que j’utiliserai pour mixer un jour dans un podcast si je me remue un peu pour vous en proposer à l’avenir…

 

2 ) Le CD que je j’écouterai en bagnole sur l’A71 entre Orléans et Clermont-Ferrand, je roule très peu mais il faut de très bons disques pour supporter ce parcours.

 

3) Les fichiers qu’on peut télécharger en achetant sur Bandcamp alors autant le faire sur mon ordi, c’est toujours une copie de sécurité.

 

4) Le streaming illimité via l’application sur mon téléphone, bien pratique pour éplucher les patates dans la cuisine sans se taper France Infox en fond sur la radio…

 

4 .02 je me souviens que j’ai un abonnement gratos à Deezer par le boulot que je n’utilise presque pas là encore l’album s’y retrouve.

 

  1. 03 l’album étant sur les plateformes de streaming il existe aussi par génération automatique sous forme de playlist Youtube gratos…

 

  1. 04 pour compléter ça en beauté je pourrais me faire une bonne vieille copie K7 à l’ancienne, non ?

 

 

Donc quand on parle de Dématérialisation de la musique c’est bien un de ces mots de novlangue mensonger qui réduise la réflexion à des mêmes.

 

La musique actuelle même sans support physique est SUR-Materialisée et demande une chaine technique incroyablement complexe en échanges d’information et d’énergie.

 

Elle n’est pas seulement la gravure d’un disque distribué en magasin puis lu sur appareil domestique fait pour durer des dizaines d’années, puis reposé sur son étagère sans consommation énergétique comme c’était le cas au 20eme siècle mais un flux constant en tension et en expansion qui ne pourra que finir dans une ultime surchauffe…séparément ou conjointement à un effondrement plus global, c’est une possibilité…

 

 

Alors je brancherai mon éolienne agricole et poserai sur ma platine ce vinyle acheté en ce mois de novembre 2020 et il tournera sur ma vieille platine Sony :

 

« C’est vraiment super ce disque, je me demande s’ils ont encore de l’électricité à Vendôme ».

 

https://ropoporose.bandcamp.com/album/kernel-foreign-moons

 

ropoporose.jpg

 

 

Ils viennent aussi de sortir la BO d’un ciné-concert du Dark Star de John Carpenter

https://ropoporose.bandcamp.com/album/dark-star

dark star.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.