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04/01/2021

Dark Star de John Carpenter par Ropoporose

C’est en voyant passer je ne sais plus où cet album « Dark Star » de Ropoporose que j’ai découvert ce duo frère et sœur de Vendôme, Pauline et Romain Benard. J’aurais pu passer à côté si ma passion pour John Carpenter ne m’avait pas aiguillonné et ça aurait été fort dommage !

Déjà auteurs de deux albums excellents, « Elephant Love » en 2015 et « Kernel, Foreign Moons » en 2017 ils ont fait paraitre en 2020 « Dark Star » album d’un ciné-concert pour le film éponyme (c’est le mot compliqué que placent toujours les rock-critics alors pourquoi pas moi ?) de John Carpenter, j’espère avoir la chance de le voir « en vrai » en 2021 mais l’album donne déjà toutes les sensations cinématiques attendues de l’amateur de bonne BO !

Ropoporose pratique un post-rock pop et noisy très fluide et accrocheur, on sent une maitrise instrumentale particulière chez eux avec des parties de guitares très recherchées et subtiles, des rythmiques et des arrangements toujours originaux. En envoyant un lien vers leur album « Kernel, Foreign Moons » à des amis j’avais cette phrase lapidaire mais je pense assez juste : « écoutez ça, on dirait Blonde Redhead mais en mieux ! ». Effectivement on peut rapprocher leurs compositions de cette scène US des années 90, la période « Goo » de Sonic Youth, les premiers Pavement, ou les trop méconnus Thinking Fellers Union Local 282. (Ils sont jeunes et ont sûrement d’autres références inconnues de moi…)

1_Comment avez-vous choisi Dark Star ? Vous vouliez particulièrement travailler sur un film de John Carpenter ou c’est l’imagerie Science-Fiction désuète qui vous plaisait ? Autre chose ?

Nous avions le souhait de travailler sur un ciné-concert depuis pas mal de temps, de notre initiative propre. On avait pensé il y a quelques années à un film expérimental, « The Savage Eye », mais nous n'avions jamais pris le temps de le faire. Il y a deux ans, Fabrice Bassemon, directeur du festival de cinéma Travelling à Rennes et ancien vendômois, nous a demandé si nous souhaitions en réaliser un dans le cadre de l'édition 2020 du festival, et on a dit oui direct. Initialement il souhaitait nous proposer Robocop, mais par contraintes de droits avec le distributeur cela ne s'est pas finalisé. Sur ses conseils, nous avons fouiné sur le site d'un autre distributeur, Carlotta, et Pauline a découvert ce premier long-métrage de Carpenter. Sans être des fans de la première heure de Carpenter, le pitch du film avait l'air vraiment burlesque et inspirant, et après un premier visionnage on s'est dit banco pour plusieurs raisons : le rapport au son dans le film, qui laisse beaucoup d'espace d'expression diégétique, le côté comique de l'absurde, et bien sûr l'esthétique SF, qui nous permettait de bien nous amuser musicalement en acculturant notre musique avec des nouvelles sonorités plus électroniques.

2_Techniquement comment se passe le ciné-concert ? Vous jouez sur une version remontée du film ou son intégrale ? Vous laissez la bande son originale ? Les dialogues ? Comment vous placez-vous par rapport au public ?

On joue sur la version officielle du film, le long-métrage de 83 minutes. Sur scène, physiquement, le film prend beaucoup plus de place que nous, tout ramassés dans un coin du plateau. Comme on joue sur le film en Vostfr, on s'est permis à quelques reprises de remplacer le son de scènes parlées, puisque les sous-titres en Français nous le permettent sans perturber la compréhension de la scène. On joue parfois sur le son du film quand il n'y a que des dialogues, évidemment quand il y a de la musique dans le film notre ingé-son le coupe et on prend le relais. En composant on a essayé de ne pas prendre une place trop grande sur la bande son originale, on est vraiment là pour accompagner le film. Au final, on joue sur à peu près 50% de l'ensemble, soit des passages type « morceaux » comme les génériques, soit des passages d'ambiance.

3_Vous avez été marqués par d’autres musiciens qui pratiquent le ciné-concert avant de vous lancer ?

Oui, énormément, car nous avons eu la chance d'en voir beaucoup pendant notre scolarité grâce à un festival du film à Vendôme. Chaque année, une création ciné-concert était portée conjointement avec le festival des Rockomotives. On a ainsi pu voir des artistes comme Montgomery, Lætitia Sheriff ou Electric Electric expérimenter la chose. Ça nous a toujours donné envie d'en faire un nous aussi !

4_On l’oublie parfois mais le ciné-concert est un retour aux origines du cinéma comme spectacle forain. Vous aviez une grosse tournée qui a été forcement annulée et j’espère reportée. Ces ciné-concerts c’est l’occasion de jouer dans des endroits différents, de toucher un autre public ?

Oui effectivement, je pense qu'après une paire d'année à tourner, nous avions envie de changer un peu la modalité, et proposer un ciné-concert c'est sortir un peu petit peu du circuit des salles de concert pour d'autres salles noires. Même si nous le jouons beaucoup en salles de concerts, nous l'avons aussi joué sur des minuscules scènes de cinéma, avec des écrans gigantesques derrière nous, et c'est assez excitant. Il y a d'autres contraintes, d'autres publics qui découvrent notre musique par le biais du film de Carpenter, et on espère le présenter bientôt à d'avantage de festivals du film, de rencontres cinéma !

5_Vers quels styles vous porte votre cinéphilie ? Quelques films ou réalisateurs cultes ?

Pour ma part (Romain), je cultive lentement mais sûrement ma cinéphilie. J'aime beaucoup le cinéma de Louis Malle, Truffaut, Pialat, les films noirs américains, et Mary à tout prix est ma comédie préférée.

 

6_Des compositeurs de musiques de films de référence ?

Même si on ne s'est pas directement inspiré d'autres bandes-son pour composer Dark Star, l'une de nos préférées est celle d'Only Lovers Left Alive de Joseph Van Wissem. Pour ma part (Romain) j'aime énormément le travail de Warren Ellis et Nick Cave pour le cinéma. Côté français Il y a aussi de magnifiques choses de Florent Marchet pour le cinéma ces dernières années !

7_Vous seriez tentés de composer une bande originale de film ?

Je crois qu'on serait très flattés. Nous avons déjà eu commande d'une création de bande originale pour un documentaire en 2017, et c'était intéressant de découvrir ce travail interactif. Ce serait un projet super stimulant !

8_Une question « synthé » (on n’y coupe pas avec moi…), vous utilisez un Polivoks il me semble, la légende dit que ce grand ancien construit avec des composants électroniques militaires russes vit sa propre vie et est parfois incontrôlable, vous confirmez ? 

Hooooo oui. Je pense que ce synthé nous veut du mal. Il a envie de trémoler, il trémole. Il a envie de portamenter, il portamente. Mais quand il fait ce qu'on lui dit, (et au bon volume), il sonne vraiment bien. Il faut vendre son âme au diable mais ça vaut le coup !

9_Romain vient de sortir un album dans un registre un peu plus pop que Ropoporose sous le nom de Primevère (une des premières fleurs à sortir en hiver) c’est un bon présage je trouve !

Pauline, tu as aussi un projet solo ?

Hélas non je n'ai pas de projet solo ! Mais je suis une grande supportrice des courageux qui s'y lancent !

10_Vous préparez aussi un nouvel album de Ropoporose ?

Ce n'est pas à l'ordre du jour, même si on a quelques trucs de côté. Après huit ans bien denses passés à deux entre Ropoporose, Namdose ou Braziliers, on prend le temps de développer nos petites choses de notre côté. Mais on va continuer à présenter le ciné-concert sur toute l'année 2021, et après on verra !

11_ Je me rends régulièrement dans le Loir et Cher (dans le Blésois) vous auriez des lieux sympas à conseiller dans le Vendômois ?

Bien sûr ! Il faut faire la tournée des viticulteurs ! Le QG est à Thoré-la-Rochette, avec les domaines Braziliers (le Margot est une tuerie 100% pineau d'Aunis) et Colin notamment (note de SOP : oui, je confirme, les vins de Patrice Colin sont fabuleux !) Puis aller acheter des saucisses et du pâté à la ferme du petit Pont, à Azé. Et puis se promener à Vendôme avec les bras chargés de tout ça bien sûr, qui est une magnifique petite ville.

 

https://ropoporose.bandcamp.com/album/dark-star

https://ropoporose.bandcamp.com/

La bande annonce du film de John Carpenter :

https://www.youtube.com/watch?v=lwISbJfRNz0

L'album de Romain :
https://primevere.bandcamp.com/releases

ropoporose dark star.jpg

 

 

10:48 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

22/11/2020

LA SUR-MATERIALISATION DE LA MUSIQUE

LA SUR-MATERIALISATION DE LA MUSIQUE

 

Depuis quelques années je ne mets plus les pieds chez les disquaires.

 

J’ai tant aimé ça pendant des lustres mais je suis presque comme ces anciens alcooliques qui savent qu’un petit verre suffit pour revivre l’enfer…

 

J’en ai fréquenté depuis l’adolescence et un peu plus à chaque fois que mon autonomie de déplacement puis financière me le permettait…le Nuggets de Vélizy 2, la Fnac Montparnasse, New Rose, Gibert, Danceteria, Boulinier, Parallèles, Gilda, Terminal Records, Les E.P.E, Rough Trade, U-Bahn, Le Silence de la Rue, Born Bad, les éphémères boutiques techno du quartier Bastille, d’occasion d’une saison… Bimbo Tower surtout dont la fermeture signa pour moi une sorte d’arrêt de la consommation de disques. Bien sûr je continuais de chiner en vacances dans les Emmaüs et vides greniers mais sans l’entrain d’antan.

 

Surtout n’ayant plus à programmer chaque lundi nos fameuses émissions « nouveautés et vieilleries » à partir de 2012 je n’avais plus besoin d’avoir sous la main toute cette collection toujours en croissance de disques…plusieurs milliers qui allaient bientôt rejoindre le grenier de ma maison en Auvergne car oui, mes enfants avaient bien le droit d’avoir une chambre chacun et il fallait choisir !

 

Au passage c’est quand vous avez une centaine de cartons de disques à déménager que vous pouvez compter sur les vrais amis, éternels mercis à LMC, Eric, Revue Recoins…

 

Bref, je me retrouvais sans disques vinyles, sans platines, avec encore des CD (mais bof…) et moins envie de musique de toute façon. C’est aussi mon métier alors parfois ça sature.

 

La technique moderne ne mets-elle pas à notre disposition toute la musique du monde instantanément à portée d’oreille ? C’est presque vrai, un coup de Youtube et on trouve des raretés incroyables, une K7 démo d’un groupe punk yougoslave de 1983, un live de Pink Floyd de 1973 sur la face cachée de la lune, une répétition des Residents, un inédit de Pierre Henry, le prochain machin truc bidule pas encore sorti et que sais-je encore…oui mais personne n’a été foutu de mettre Quack Quack Baby Quack Quack des Subtle Turhips leur 1er 45t sur Black et Noir de 1992 (on trouve la face B…).

 

Oui, on peut s’en contenter de ce virtuel tentaculaire là mais parfois comme l’ex alcoolique qui replonge, un bon petit disque vinyle d’un chouette groupe, on a envie de l’acheter, de l’avoir entre les mains, de le poser sur la platine et de reproduire ce rituel d’écoute tant chéri.

 

Mes platines sérieuses sont avec mes disques en Auvergne mais j’ai chiné une platine portable, donc j’ai replongé…

 

Et c’est là que je m’explique enfin sur la Sur-matérialisation de la musique.

 

Je reçois mon album vinyle commandé via Bandcamp et je m’aperçois qu’il contient aussi la version CD. Je n’avais pas fait attention.

 

J’ai déjà là, non pas un mais 4 supports matériels de par mon achat : 

 

1 ) le vinyle que j’écouterai tranquille au coin du feu, que j’utiliserai pour mixer un jour dans un podcast si je me remue un peu pour vous en proposer à l’avenir…

 

2 ) Le CD que je j’écouterai en bagnole sur l’A71 entre Orléans et Clermont-Ferrand, je roule très peu mais il faut de très bons disques pour supporter ce parcours.

 

3) Les fichiers qu’on peut télécharger en achetant sur Bandcamp alors autant le faire sur mon ordi, c’est toujours une copie de sécurité.

 

4) Le streaming illimité via l’application sur mon téléphone, bien pratique pour éplucher les patates dans la cuisine sans se taper France Infox en fond sur la radio…

 

4 .02 je me souviens que j’ai un abonnement gratos à Deezer par le boulot que je n’utilise presque pas là encore l’album s’y retrouve.

 

  1. 03 l’album étant sur les plateformes de streaming il existe aussi par génération automatique sous forme de playlist Youtube gratos…

 

  1. 04 pour compléter ça en beauté je pourrais me faire une bonne vieille copie K7 à l’ancienne, non ?

 

 

Donc quand on parle de Dématérialisation de la musique c’est bien un de ces mots de novlangue mensonger qui réduise la réflexion à des mêmes.

 

La musique actuelle même sans support physique est SUR-Materialisée et demande une chaine technique incroyablement complexe en échanges d’information et d’énergie.

 

Elle n’est pas seulement la gravure d’un disque distribué en magasin puis lu sur appareil domestique fait pour durer des dizaines d’années, puis reposé sur son étagère sans consommation énergétique comme c’était le cas au 20eme siècle mais un flux constant en tension et en expansion qui ne pourra que finir dans une ultime surchauffe…séparément ou conjointement à un effondrement plus global, c’est une possibilité…

 

 

Alors je brancherai mon éolienne agricole et poserai sur ma platine ce vinyle acheté en ce mois de novembre 2020 et il tournera sur ma vieille platine Sony :

 

« C’est vraiment super ce disque, je me demande s’ils ont encore de l’électricité à Vendôme ».

 

https://ropoporose.bandcamp.com/album/kernel-foreign-moons

 

ropoporose.jpg

 

 

Ils viennent aussi de sortir la BO d’un ciné-concert du Dark Star de John Carpenter

https://ropoporose.bandcamp.com/album/dark-star

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