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06/09/2021

ENTRETIEN QUENTIN ROLLET (reQords)

Après une très longue pause estivale pendant laquelle je n’ai pas été très actif sur leblog, voici une nouvelle rencontre avec Quentin Rollet qui lui ne chôme pas, pour parler de se son nouveau label reQords.

 

1_Quelle est la différence entre le label Bisou que tu gère avec ta compagne et reQords ? Tu es seul aux manettes et joue sur tous les albums ?

 

Le label BISOU est à l’initiative d’Isabelle, qui m’a remotivé à recommencer la production de disques une dizaine d’année après la fin de l’aventure Rectangle.

Chez BISOU on lance des projets avec des musiciens qu’on aime bien. On passe des « commandes » tout en travaillant avec les artistes. Il s’agit de projets qui peuvent mettre plusieurs années à se réaliser. C’est un travail de plus longue haleine qui nécessite du temps, de la concertation. C’est pour cela qu’on ne sort que deux trois références par an. On essaie que les disques soient parfaits, comme on les a imaginés.

 

reQords est un label que j’ai lancé quand je travaillais pour un label qui gérait un grand catalogue de morceaux de reggae, de rai et de blues. J’avais eu la possibilité à l’époque de créer un sous-label. A cette époque j’ai juste pu éditer un disque du duo Joëlle Léandre / Akosh S. avant que la boite ne ferme. J’ai ensuite co-édité avec Ronda (France) et HEyeRMEarS (Slovaquie) le disque PAW MUSIC, enregistré avec des musiciens de Budapest (Zsolt Öres et Pal Toth), puis sorti en série très limitée (à l’époque) un disque en duo avec Dan-Charles Dahan. reQords est ensuite resté inactif pendant pas mal de temps.

Maintenant reQords sert à sortir mes projets personnels. Cela peut-être des enregistrements studio, des enregistrements de concert, pas nécessairement des projets qui tourneront ou des enregistrements récents. L’idée est plus de présenter tout un panel de mon travail musical. Le choix du support CD est pratique (même si cela devient de plus en plus dur de trouver des gens qui ont de quoi lire des CDs) car peu onéreux et ne prenant pas trop de place. Je dois même dire que je crois à un retour du CD, vu la catastrophe qui se produit avec les vinyles en ce moment (délais et retards énormes, prix ultra prohibitif, etc).

 

 

2_Pour chacun des 4 albums parus en 1 an sur le label je te propose de répondre à ces mêmes questions :

 

 

Romain Perrot & Quentin Rollet - L’impatience des invisibles - REQ004

Perrot Rollet.jpg

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Je ne sais pas si il est nécessaire de présenter Romain Perrot, c’est une véritable star !

Il est très connu par son projet VOMIR. Là c’est sous son véritable nom qu’il opère.

On se connait depuis des années (plus de 20 ans!) avec Romain mais nous n’avions jamais joué ensemble. On a donc voulu réparer ça.

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

L’enregistrement s’est passé dans le local que Romain partage avec d’autres groupes. Tout son matériel est installé est calé et « prêt à jouer », c’était donc la meilleure solution pour pouvoir utiliser toute sa palette de sons et bruits. On a fait ça en septembre 2019 et c’est sorti en février 2020 si je me souviens bien. L’idée était d’improviser directement sans avoir préalablement prévu de direction ni de durée. Tout s’est fait très naturellement. Sans avoir à se parler. Entre les morceaux nous décidions juste quel instrument utiliser pour commencer afin de pouvoir refaire les réglages son si besoin. Tout à été enregistré directement en deux pistes, sans possibilité de mixage.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Nous n’avons fait qu’un petit concert lors d’un finissage d’exposition de Timothée Comte dans une  petite librairie/galerie vers Menilmontant.

Nous aimerions bien jouer plus mais nous sommes tout pris par nos boulots respectifs et la quantité de projets musicaux que nous avons chacun de notre côté.

Il est question d’entamer une collaboration en trio avec Kasper Toeplitz.

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Sur le disque, il y a l’intégralité des morceaux de la session, dans l’ordre de l’enregistrement ! Souvent tout s’organise logiquement dans l’improvisation pure.

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

C’est une oeuvre d’Olivier Bringer. Il avait posté cette photo sur Facebook. Je l’ai tout de suite contacté pour qu’il nous la réserve pour la pochette. Elle est splendide.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Un Minervois. L’Espantant 2017

 

 

Kim Giani & Quentin Rollet - … mettent une ambiance de malade ! - REQ005

KIM Rollet.jpg

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Kim est un musicien/chanteur prolifique. Il a déjà sorti plus de 70 albums sous différents noms, en solo ou en groupe. Je l’ai rencontré dans les années 90, lorqu’il habitait à Bordeaux. A l’époque il était plutôt chanteur guitariste, tendance pop. Il est aussi très actif sur les réseaux en ligne, c’est comme ça qu’on s’est retrouvé et qu’on a décidé de faire cet album.

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

Tout à commencé pendant le premier confinement de 2020. J’ai acheté du matériel afin de pouvoir m’enregistrer sans ordinateur (je déteste voir la musique s’afficher sur un écran) et j’ai lancé une perche sur les réseaux sociaux. Qu’on m’envoie de la musique afin que j’y ajoute ma touche. J’ai eu pas mal de réponse. J’ai enregistré sur 9 projets différents. Certains ont été édités (disque solo de mon père avec des invités, duo avec Kim, duo avec Andrew Sharpley, etc) et d’autres sont encore à sortir (Bernardino Feminielli, Cedric Benyoucef, Richard Frances, etc).

Kim m’a donc envoyé des parties de batterie qu’il avait enregistré en 2015 en studio.

J’ai donc fait comme si nous improvisions ensemble en duo. Je n’ai pas écouté ses morceaux avant de jouer dessus. J’ai juste regardé leur durée pour avoir une idée du temps qu’il faudrait jouer et écouté quelques secondes pour me rendre compte de son style de jeu sur chaque morceau. Ensuite j’ai choisi d’utiliser le saxophone ou le Monotron selon ce qui m’inspirait le plus. L’enregistrement a eu lieu chez moi, Paris étant devenu calme sans circulation et sans personne dans les rues !

Nous avons ensuite fait mixer et masteriser tout ça par Patrick Müller.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Nous avons joué quatre fois cet été pour l’Hyperfestival de la Mairie de Paris. EN extérieur, dans un  skate park vers Bourse

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Nous nous sommes vu en vrai qu’après l’enregistrement, pour faire la photo de pochette.

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

La photo est un selfie que nous avons pris dans la rue, devant le Baron Rouge. La pochette a été réalisée par Jean-Louis Chapuis, que je connais depuis longtemps mais avec qui je n’avais encore jamais travaillé. Contrairement à BISOU, pour qui Thierry Müller finalise toutes les pochettes, pour reQords j’aime bien l’idée qu’il n’y ait pas du tout de ligne artistique précise. Chaque disque est très différent des autres, à tous les points de vue.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Je dirais un Pet’Nat.

 

Alexei Borisov, Jérôme Lorichon, Olga Nosova & Quentin Rollet - Shampanskoye - REQ006

shampaskoye.jpg

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Je connaissais Alexei Borisov depuis l’époque de Rectangle. Il avait intégré quelques uns de disques Rectangle dans son projet F.R.U.I.T.S. Il venait régulièrement jouer en France et nous sommes resté en contact. Chaque fois qu’il passait à Paris, nous nous croisions.

En 2014, il a fait une tournée avec ASTMA, son duo avec la batteuse/chanteuse Olga Nosova.

J’ai appris qu’il avait un day off et j’ai donc proposé une session en studio. Je travaillais déjà avec Jérôme Lorichon depuis quelque temps et il était dispo, ainsi que Johannes Buff qui a enregsitré (et mixé) le projet.

J’ai rencontré Olga ce jour là.

Pour Jérôme, nous nous connaissons depuis le milieu des années 90. Je l’ai rencontré par des amis communs. Il m’avait parlé de son groupe Purr, que j’ai orienté vers Prohibited Records, chez qui ils signé peu après. Nous avons commencé à travailler en duo pour faire des musique pour l’image, notamment pour des publicités pour la marque Sandro, et nous jouons maintenant très régulièrement en duo et commençons une collaboration en trio avec Edward Ka-Spel des Legendary Pink Dots.

 

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

L’enregistrement a aussi eu lieu à PUSH, le local où Jérôme répète (ainsi que Romain Perrot).

C’était une matinée de 2014.

Comme pour le duo avec Romain, nous ne nous sommes pas vraiment parlé avant d’enregistrer. Tout s’est fait naturellement. Quand les musiciens sont véritablement à l’écoute les uns des autres, la compréhension est simple et la musique sort toute seule. Mais cela n’est possible que si chacun des musiciens à une pratique régulière et un esprit ouvert.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Le seul concert que l’on a fait était dans un studio de la maison de la radio (le 105 ou 106, je ne sais plus trop) pour l’émission Tapage Nocturne de Bruno Letort.

 

 

 

 

 

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Le tire de l’album est Shampanskoye, qui veut dire Champagne en russe.

Le disque est sorti quelques jours avant l’annonce par Vladimir Poutine que pour pouvoir être distribué en Russie, les producteurs de Champagne devront dorénavant retirer le nom Champagne de leur étiquette étant donné qu’il est maintenant déposé et ne peut être attribué qu’aux vins mousseux russes !!!

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

La pochette a été réalisé par Oleg Kornev, un vieil ami d’Alexei qui habite en region parisienne. C’est aussi lui qui nous a filmé à France Musique.

On voulait une pochette un peu à l’ancienne, avec nos noms en cyrillique.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Comme son nom l’indique, un (véritable) Champagne !

 

 

 

Q&A (Quentin Rollet & Andrew Sharpley) - The New Me - REQ007

Sharpley Rollet.jpg

 

 

a_Présentation des musiciens avec qui tu joues, comment sest passé la rencontre ?

 

Andrew Sharpley est un des membres de Stock, Hausen & Walkman et Dummy Run en Angleterre. J’ai rencontré Andrew à l’époque de Rectangle. Il s’est installé en France à ce moment là. Il a alors intégré le Mami Chan Band et s’est mis à travailler aussi avec le street artist Invader.

Comme pour Romain Perrot, nous n’avions jamais joué ensemble et nous avons décidé de travailler enfin ensemble.

 

b_Date, lieu, condition et esprit de lenregistrement ?

 

Le disque a été fait a distance, en s’envoyant des fichiers. Au départ, Andrew m’a envoyé un morceau presque fini sur lequel j’ai enregistré des parties de sax à deux reprises. Ensuite c’est moi qui lui ai envoyé des enregistrements solo sur lesquels il a construit de véritables morceaux. Et j’ai ensuite rajouté une couche de sax quand nécéssaire.

 

c_Cette formation a-t-elle donné des concerts ?

 

Nous n’avons pas du tout fait de concerts en duo et j’ai bien l’impression que cela va être très compliqué, avec la sortie de l’Europe de l’Angleterre. Il est maintenant quasi impossible pour les musiciens improvisateurs français d’aller jouer en Angleterre (visa de travail, quarantaine, etc), et je ne sais pas trop comment cela va se passer dans l’autre sens…

 

d_ Une anecdote sur ce projet ?

 

Le troisième morceau est un hommage à Mami Chan, disparue en 2020.

 

e_Un mot sur la pochette ?

 

Le dessin de pochette a été réalisé par Lia Sharpley, la fille d’Andrew et d’Emiko.

Elle a reproduit une photo d’un masque qu’Andrew a trouvé sur internet. Comme nous n’avons pas pu trouver qui avait fait l’image originale, on a demandé à Lia de la recréer de toute pièce.

 

f_Peux-tu nous proposer un vin dont la dégustation se marierait bien à l’écoute de lalbum ?

 

Un Cour-Cheverny de Philippe Tessier

 

3_As-tu déjà des prochaines sorties ReQords ou Bisou à nous annoncer ?

 

Chez BISOU, on va sortir l’ultime LP de Ghédalia Tazartès qui s’appelle Gospel et le râteau.

On travaillait avec Ghédalia depuis deux ans dessus. Il s’agit d’un montage de morceaux inédits enregistrés sur plusieurs années, voire décennies. Ghédalia m’a demandé de choisir parmi une trentaine de morceaux et de les organiser pour en faire un album. Pour la pochette, il a choisis deux photos d’Isabelle qu’il avait repéré lors d’une exposition.

Il n’aura malheureusement pas pu voir l’objet fini.

On va aussi sortir deux livre/CDs, un deThe Snobs, groupe d’Ile de France formé par deux frères, et qui ont déjà sortis pas mal de disques en auto production et trois albums avec le poète New-Yorkais Steve Dalachinsky (deux chez Bam Balam et déjà un chez BISOU). Très Pop-Psyché. Et un d’eRikm appelé Echoplasme avec ses oeuvres graphiques (dessins, peintures) réalisées pendant le confinement et accompagné par un CD de son projet avec Hanatsu Miroir.

 

 

Chez reQords, il va y avoir un disque en duo avec le guitariste Xavier Mussat, en coproduction avec le label Québecois Tour de bras. Ensuite, je ne sais pas encore ce qui va se profiler. Surement deux lives du début des années 2000 de différents projets dans lesquels j’ai joué. Aussi peut-être une selection de morceaux que j’avais enregistré avec Ghédalia Tazartès, Ben McConnell, Isabelle Magnon et Jérôme Lorichon pour la musique d’un film d’Edie Laconi. Mais rien n’est sûr et de nouveaux projets peuvent voir le jour plus rapidement qu’on imagine.

 

https://quentin-rollet.bandcamp.com/

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/the-new-me

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/shampanskoye

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/mettent-une-amb...

https://quentin-rollet.bandcamp.com/album/limpatience-des...

 

Et une belle séléction de morceaux choisie par Quentin :

 

7 morceaux que j'aime bien

 

https://edwardka-spel.bandcamp.com/track/destinys-casino-...

https://cuthands.bandcamp.com/album/festival-of-the-dead

https://thebugmusic.bandcamp.com/track/poison-dart-origin...

https://ghedalia-tazartes.bandcamp.com/album/la-bar-mitzv...

https://nursewithwound1.bandcamp.com/album/echo-poeme-seq...

https://tracelabel.bandcamp.com/album/reconstitution-d-un...

https://imprec.bandcamp.com/track/pink-lady-lemonade-astr...


et 7 sur lesquels je joue mais parmi d'autres groupes que ceux sur BISOU et reQords

https://legendarypinkdots1.bandcamp.com/track/the-detroit...

https://alpagerecords.bandcamp.com/track/holo-piphyte-tra...

https://versatilerecords.bandcamp.com/album/emmanuelle-pa...

https://tracelabel.bandcamp.com/track/after-the-wave

https://ashape.bandcamp.com/track/lungs

https://lotusblossom.bandcamp.com/track/the-river

https://tracelabel.bandcamp.com/track/la-premi-re-nuit

 

 

 

19:15 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)

31/01/2021

Sur la planète MelmACHello

Je connaissais un groupe de Half Beat dont nous tairons le nom mais ils ont rangé leurs claviers depuis longtemps. (Cette blague sera comprise par deux personnes au monde dont moi).

JyD: Pourtant le concept de jouer en demi-temps était intéressant, dommage.

 Par contre l’unique groupe de Alf Rock vient de sortir un nouveau disque et c’est Melmac !

 JyD: Du demi-rock effectivement, l'autre moitié est constituée de références peu glorieuses, croyez-moi.

 LR : Melmac est devenu pour le coup MelmAcHello.


A.C. Hello (comme chantaient les Beatles) les a rejoints pour poser sa voix et ses textes étranges sur leur noise rock aiguisé et psychédélique.

 A.C. Hello : Je peux ajouter ici subrepticement que le "A.C. Hello (comme chantaient les Beatles)" vient de me clouer d'un fou-rire de dix minutes sur ma chaise ?

C’est donc sous la forme d’un quintet que la planète Melmac croise cette fois notre orbite terrestre : le noyau dur, les frères Luc et Nicolas Reverter, est accompagné aux percussions telluriques par Jean-Yves Davillers du groupe KG, par Quentin Rollet au saxophone (l’album sort sur son label Bisou) et par A.C. Hello dont la voix possédée entre chant et récitatif transforme cet enregistrement en un étrange recueil de nouvelles incarnées.

 Nous avions reçu Melmac en session à la radio il y a bien des années (Je crois même que nous étions encore jeunes) et ils avaient joué à l’un des festivals Songs Of Praise (?) aux Instants Chavirés. J’ai beau être archiviste, je n’ai pas retrouvé les dates… Puis ma mémoire s’effiloche sur la suite de leur parcours donc je suis bien content de les retrouver !

Bisou embrasse tous les aspects éditoriaux avec ce projet : disque, livre, illustrations… (

Q.R.: Il s’agit en fait d’une co-production avec Melmac et A.C. Hello)

 1_Melmac, avez-vous plus de mémoire que moi ? Vous vous souvenez de votre venue et session à la radio ?

 LR : Je me souviens de l’accueil, des amis sur place, Nico, Franck, Jérôme. Un bon moment, comme d’habitude. Nous sommes tous, je crois, d’une même communauté de passionnés, tous actifs : spectateurs, musiciens, journalistes, organisateurs de concerts, etc. Ça, c’est génial. Songs of Praise et les Instants Chavirés sont pour nous des acteurs importants de cette vie artistique.

 N.R : Oui, bien sûr ! Je viens de retrouver dans mes archives, le 24 Mars 2008. Excellent souvenir, je me rappelle d'un concert diffusé en direct et d'une interview. On avait enchaîné avec le festival RONDA quelques jours après aux Instants Chavirés avec Arnaud Rivière, les cultissimes SUN PLEXUS 2, AKOSH S. & ERIKM et MELMAC, et avec une mini tournée SUN PLEXUS 2 / Arnaud Rivière / MELMAC. Que des bons souvenirs !

 2_Comment s’est passé la rencontre avec A.C. Hello ? J’ai trouvé une vidéo où elle joue en concert avec Quentin Rollet, c’est par son biais ?

 A.C. Hello : Personnellement je n'ai jamais vraiment su si c'était Patrick Müller ou Quentin Rollet, qui avait glissé mon nom à l'oreillette de Melmac ; cette interview est enfin l'occasion de démêler cette sombre histoire.

 Q.R.: J'ai rencontré A.C. pendant l’enregistrement-son

d’Animal Fièvre, double-album produit par Trace Label.

Patrick Müller m’avait demandé de venir jouer, ainsi qu’à Laurent Saiët, Thierry Müller et Jean-Noël Cognard pour les prises de base. Après il y a eu des prises de Guillaume Loizillon et Jac Berrocal. C’est donc une sorte de « super- groupe » qui est quasiment impossible à rassembler sur scène ou à faire tourner. J’ai donc pensé qu’une collaboration avec Melmac pourrait fonctionner et serait beaucoup plus simple à gérer.

LR : ...et le reste s’est fait simplement en échangeant sur nos univers artistiques, en cherchant à la fois des intersections et des pistes de créations communes. Tout cela est venu assez naturellement ensuite, une fois la rencontre faite.

 N.R : Après quelques mails échangés, on a fait une première session d'improvisation où il a été assez évident qu'il fallait qu'on pousse notre collaboration plus loin.

 3_Comment avez-vous organisé l’enregistrement ? La part de préparé et la part d’improvisation, musique et textes ?

 JyD: La démarche travaillée de longue date maintenant est semi improvisée, donc toujours préparée mais imprévisible suivant le moment, histoire de ne pas faire de merde totale.

 LR : L’organisation de l’enregistrement a été assez chaotique. Nous avions convenu d’une résidence avec le Landy Sauvage, un lieu autogéré de Saint-Denis. On voulait initialement y mettre en place une résidence et un concert. Ça c’était le plan. Le préfet en a décidé autrement en voulant faire déblayer le lieu le week-end où nous étions là. Plus question de concert. Que faire du coup ? Nous voilà littéralement enfermés dans une pièce d’où nous devions sortir l’un après l’autre comme des cosmonautes sortent de leur capsule. Autour de cette pièce : des activistes, des sans-papiers, des enfants, en train de préparer soit leurs barricades soit leur départ, et autour... un No Man’s Land d’où potentiellement, à tout instant, des cars de policiers pouvaient surgir toutes sirènes hurlantes. Que faire quand un monde s’écroule ? Accepter l’inconnu, la peur, l’urgence.

Préparer quelques micros, sentir l’énergie et la poser sur bande, juste pour voir... cela a été notre choix.

 N.R : Je crois que nous étions tous les cinq résolus à faire quelque chose de ce temps passé ensemble au Landy Sauvage. Notre temps partagé à cinq reste finalement assez rare, on ne se voit pas énormément. Nous n'avons pas peur de nous adapter aux imprévus… à la limite, j'irais même jusqu'à dire qu'on assume pleinement ce côté chaotique et qu'en acceptant pleinement cet aspect, nous en avons fait un moteur créatif au fil des ans. En arrivant au Landy Sauvage, nous avions 4 morceaux, à peu près structurés, fruits d'un travail d'improvisations passées, des structures s'étaient alors dégagées. Nous avons alors enregistré plusieurs versions, dans une certaine urgence. Le dernier morceau du disque est une improvisation sur les bases d'un texte proposé sur place par A.C. Nous l'avons joué tel quel. Il y a eu ensuite quelques éléments de post production pour les autres morceaux et un travail de mixage assez conséquent, tout en gardant l'esprit et l'ambiance du moment.

 4_ A.C., quand tu écris, tu destines à l’avance certains textes à être accompagnés de musique ?

 A.C. Hello : Mes textes sont issus de livres hybrides, qui mélangent narration, dialogues et ce qu'on nomme "poésie" (le mot "poésie" est un fourre-tout pratique pour qualifier bien souvent des textes de littérature contemporaine, qui désormais élargissent radicalement le "genre" de la poésie). Dans ces livres, il y a des parties, dont je sais qu'elles seront projetées à l'oral, à la voix seule ou accompagnées de musiciens. Mais je n'écris pas pour être accompagnée en musique. C'est une fois le texte écrit, que j'opère des choix.

 5_A.C., comment qualifierais-tu le registre littéraire des textes ? Cauchemar sociétal ? Aliénation horrifique ? (C’est mes termes à moi…)

 A.C. Hello : Effectivement les textes prélevés pour cet album sont plutôt sombres. Mais enfin... finalement pas plus sombres que bien d'autres textes qu'on peut entendre dans la noise ou le rock. Si on replace ces textes dans leur contexte : ils sont issus des livres Paradis remis à neuf, Naissance de la gueule & Koma Kapital et sont d'infimes parties d'un vaste tout mêlant dérision, gravité, ironie... Après, s'il faut vraiment trouver des qualificatifs, il y a peut-être celui-là, qu'Amandine André avait écrit à l'époque : "langue monstrueuse & irréconciliée".

 6_Jean-Yves, tu es l’auteur des illustrations (collages montages fantastiques rétro) elles sont arrivées à quel moment de l’album ?

JyD: Pour le visuel de l'album très tôt après l'enregistrement, pour le reste à la réécoute du mixage qui a été trop long, d'où le foisonnement de visuels, désolé.

Q.R.: Jean-Yves s’occupait déjà du visuel de Melmac depuis quelques années : pochette d’album, visuels Bandcamp, peau de grosse-caisse et surtout le jeu de cartes qui sert à orienter nos improvisations !

 7_Quentin, 2020 c’est l’année de tous les records pour toi tu as participé à un nombre impressionnant d’albums ! Où

trouves-tu toute cette inspiration ?

 Q.R.: Comme tu dis, 9 sorties physiques plus deux en numérique seulement en 2020, c’est plutôt pas mal.

 Depuis 2019 j’enregistre beaucoup, avec pas mal de projets différents. Les projets en cours (en mars 2020 on va dire) comprenant des dates avec Nurse With Wound, des concerts en trio avec Ghédalia Tazartès et Jérôme Lorichon, l’enregistrement d’une musique de film pour Narimane Mari avec Cosmic Neman de Zombie Zombie et encore Jérôme et Ghédalia (on devait présenter le projet au Centre Pompidou et au MoMA), il y a aussi eu des rencontres avec les musiciens de l’ARFI et COAX que j’ai mis en relation, et toujours la partie production avec le label/éditeur BISOU que je co- dirige avec Isabelle Magnon. Malgré toutes les dates et projets annulés, j’ai quand même réussi à faire quelques concerts fin 2020, une résidence pour un enregistrement avec Xavier Mussat et il y a un projet qui se dessine avec Martin Palisse, jongleur qui travaille beaucoup avec la musique.

Et je dois aussi dire que le premier confinement m’a amené à acheter de quoi enregistrer en multipiste chez moi. Et j’ai donc proposé à des amis de m’envoyer des pistes pour que je joue dessus. Kim a répondu très vite et notre album en duo est sorti avant la fin de l’année. En 2021 devraient donc sortir les autres disques sur lesquels j’ai enregistré avec Richard Frances, Ben (Yeti Lane), Andrew Sharpley, Philippe Thiphaine, et plein d’autres.

Quant à l’inspiration, ma manière de travailler reste l’improvisation. Donc prioritairement l’écoute des autres afin de pouvoir apporter le meilleur de moi-même à l’instant où la musique se fait. C’est en général intense, concentré, et donc en même temps pas du tout fastidieux. Ce qui me permet de pouvoir « enchainer » les projets.
N.R : J'en profite juste pour dire à quel point je suis fier et heureux d'avoir croisé sur mon chemin des personnes aussi impressionnantes que Quentin, Jean-Yves et A.C.... Sans bien sûr oublier mon frère Luc, sans qui mon rapport à la musique serait tout autre.

8_Jean-Yves, Des nouvelles de KG ?

JyD: Le groupe a splitté dans l'ombre mais un album posthume doit voir le jour, peut être.

 9_ A.C., des projets de parution de livres ou d’autres projets musicaux ?
A.C. Hello : J'ai deux autres projets musicaux en tête, oui, mais c'est encore trop flou pour en parler. Concernant les parutions : le livre Koma Kapital   sort en mars 2021 dans la collection Al Dante (éditions Les presses du réel). Les textes des morceaux "En suspens" et "Cette seconde" en sont issus. Ce sera le dernier volet d'une série de textes amorcés en 2015, après Naissance de la gueule et les textes de Chambre froide (collectif, Les presses du réel, coll. Al Dante, 2020). L'écriture dans Koma Kapital est centrée sur le choc, sa persistance, et la cruauté qui peut avoir cours, parfois, dans le monde du travail.

10_Melmac, Bilan et projet, vous avez de la bouteille vous regardez comment votre déjà long parcours ? Vous préparez de nouveaux enregistrements ?
JyD: Chaque rencontre étant un album, nous avons de quoi rivaliser avec Zappa normalement, pas de souci.

LR : Le monde change et c’est génial. Plus le chaos se généralise, plus il devient essentiel de s’inscrire dans l’instant, de vivre l’instant présent. C’était le sens de notre démarche et elle m’aide vraiment dans ces heures pas toujours faciles. Plus largement, je trouve que ces musiques innovantes, improvisées libres, sont tellement d’actualité.

Pour bilan, que te dire... j’en fais pas vraiment. J’ai vécu des choses géniales dans ce monde de la musique, rencontré des gens géniaux et cela m’a permis de me construire.

Le futur ? J’en sais rien, vraiment. Des enregistrements certainement, des rencontres nouvelles aussi, du rire, de la passion, de l’envie... Je te dirais que ma vision du futur est juste de vivre toujours plus intensément que possible le présent.


N.R : Que du bonheur ce parcours, des rencontres, des choses à raconter. Et j'ai toujours l'impression qu'on en est qu'au début. Alors oui, plein d'envies. Bon, le contexte n'est pas super favorable... C'est pas grave, il nous faut nous adapter, c'est bien pour la création, un peu de contrainte. Réussir à s'inscrire dans le moment présent, en faire une photo, un instantané.

11 Dès que possible on pourra vous voir en concert avec ce projet ?

JyD: Inch'Covid en 2021

LR : Oui bien sûr. Nous travaillons à ça. Tout vient à point... dans l’attente, c’est aussi l’occasion de travailler sur de nouveaux formats, des nouveaux possibles. Les temps sont propices pour tenter des choses nouvelles. Essayons !

A.C. Hello : Si les circonstances le permettent, on donnera un concert au Générateur (Gentilly) le 27 mars 2021 lors du festival L'Échappée, et en septembre 2021 lors du festival Ourdir. Il est question aussi d'un concert filmé en Mars par l'équipe de Froggy's Delight, retransmis sur leur chaîne Youtube avec interview en direct.

12_ Question bonus : un informateur secret m’indique qu’au moins un de vous pratique la boxe française (moi aussi), il n’y aurait pas moyen de faire un album concept « poings pieds » ?
JyD: oui, mais joué pieds et poings liés

A.C. Hello : Perso, je pratique la pinte française et un album-concept "lever de coude" me conviendrait plus.

LR : Tout est possible. Mike Tyson disait fort justement que « tout le monde a un plan jusqu’à ce que le premier coup de poing arrive dans la figure ». Donc pourquoi pas, l’important c’est ça, non : un risque, de la passion, de l’excitation, se laisser aller et y aller de tout son cœur. Il y a cela dans les sports d’opposition, dans la musique aussi. Donc oui ! À fond !

N.R : Je ne sais pas te répondre. J'essaye actuellement d'arrêter le sport.

https://www.bisou-records.com/produit/melmachello-bookcd/

https://bisourecords.bandcamp.com/album/le-cas-tr-s-inqui-tant-de-ton-cri

https://www.youtube.com/watch?v=5Mx-hYhangw

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20:54 Publié dans Entretiens | Commentaires (0)